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Audience aux responsables des médias : Conférence de rédaction chez Tertius

Publié le lundi 18 juin 2007 à 08h04min

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Roger Nikièma et Tertius Zongo

Sitôt installé dans ses nouvelles fonctions, le Premier ministre Tertius Zongo a reçu en audience le vendredi 15 juin 2007 en fin de journée les responsables des médias nationaux, publics comme privés.

Il leur a dit son souhait de voir les journalistes accompagner le gouvernement dans ses efforts de développement sans pour autant aliéner leur liberté. En retour, les femmes et hommes de médias ont profité (re)poser certains problèmes pendants qui leur tiennent à cœur.

Le fait est assez inhabituel pour ne pas être souligné : dix jours seulement après sa nomination, 5 jours après la formation de son gouvernement et alors qu’on se disait que le nouveau Premier ministre avait des chats plus urgents à fouetter, il a souhaité rencontrer les responsables des médias écrits et audiovisuels pour un échange qui se voulait informel.

Le vendredi 15 juin 2007 donc à 17 heures, la salle d’audiences attenant au bureau du chef du gouvernement avait des allures de salle de rédactions où se côtoyaient les gourous de la presse burkinabè, tant du public que du privé. Citons pêle-mêle (1) Amado Ouangraoua (DG RTB), Jean-Paul Konseibo (D.G. Sidwaya), Yacouba Traoré (TNB), Lamoussa Robgo (RTB), Inoussa Kinda (Radio rurale), Boureima Jérémie Sigué (Le Pays), Cherif Sy (Bendré), Germain Nama (L’Evénement), Issaka Lingani (L’Opinion), Boubacar Diallo (JJ), Zida Aboubacar "Sidnaaba" (Savane Fm), Roger Nikièma (Radio Salankoloto), Rémi Dandjinou (Canal 3)...

D’entrée, Tertius a remercié tout ce beau monde pour sa disponibilité, et, convaincu que chacun est utile où il est, il a dit apprécier le travail qu’abat la confrérie. "Je connais le travail que vous faites et j’apprécie cette liberté de ton, même si ce qui se dit ou s’écrit peut parfois être blessant et choquant".

Et l’ancien ambassadeur du Burkina aux Etats-Unis de confier que si notre pays a été éligible au Fonds du millénaire, c’est aussi grâce à la presse, qui est l’une des principales vitrines de la démocratie, nonobstant les conditions difficiles dans lesquelles elle exerce. "Nous avons besoin de vous, a lancé Tertius aux patrons de presse, car le développement, quels que soient les moyens, est d’abord une question de comportement, et les médias peuvent et doivent contribuer à forger les mentalités".
Il faut donc, leur a-t-il dit, instaurer un dialogue permanent entre nous par un espace d’échanges informels. Et séance tenante, il a instruit Filippe Savadogo, le nouveau ministre de la Culture, du Tourisme et de la Communication, MC de luxe à cette audience, de maintenir le contact.

"Nous voulons vous entendre, mais nous voulons aussi que vous nous écoutiez"

Tout en se disant disposée, dans le strict respect des lignes éditoriales des uns et des autres, à cheminer avec le nouveau locataire de la Primature, la confrérie, par la voix du doyen Roger Nikièma a saisi l’occasion pour exposer à leur interlocuteur des difficultés qui entravent l’exercice de la profession.

Sont de celles-là la fiscalité dans la mesure où la moindre entreprise de presse est imposée comme un mastodonte du BTP ; le toilettage du code de l’information "qui est déjà pas mal mais on peut encore l’améliorer" ; l’accès aux sources d’information gouvernementales ; le relèvement de la subvention de l’Etat aux privés qui est déjà passée de 150 à 200 millions de francs Cfa, mais on "peut encore mieux faire", etc.

A cela s’ajoutent les publi-reportages payés des centaines de millions à des médias panafricains ou internationaux plusieurs fois par an alors que nos autorités renâclent souvent à verser des sommes insignifiantes aux médias locaux, ce qui fait dire à Sigué que "le gouvernement doit avoir beaucoup plus d’égards pour la presse nationale". "Nous voulons vous entendre, mais nous voulons aussi que vous nous écoutiez", a lancé le vieux Nikièma au P.M. avant de le prévenir que "nous n’allons pas toujours vous caresser dans le sens du poil".

Sur-le-champ, Chérif Sy, qui a apporté sous le bras des documents sur les préoccupations majeures du microcosme médiatique, les a transmis au PM, lequel a promis d’y prêter une attention particulière. Mais c’est aux journalistes de démarcher, soutint-il, pour que leurs problèmes trouvent solutions. "On dit toujours que la presse burkinabè est de qualité, mais on oublie qu’elle survit dans des conditions suicidaires et si elle n’avait pas été responsable à certains moments, elle aurait pu contribuer à brûler ce pays, comme on l’a vu ailleurs", a laissé entendre Chérif, comme pour répondre à l’impératif de patriotisme invoqué par Tertius Zongo.

On le voit, par-delà les civilités et les propos convenus qui entourent souvent ce genre de rencontres, les uns et les autres se sont parlé franchement, et à ceux qui seront enclins à penser que cette démarche premier ministérielle vise à mettre la presse "dans son camp" pour la rendre plus accommodante, les patrons de presse rappellent qu’ils tiennent à leur liberté comme à l’encre de leur plume.

Et Tertius, qui débarque de chez l’Oncle Sam est bien payé pour savoir que "sans la liberté de blâmer, il n’est point d’éloges flatteurs".

Pour tout dire, si les pisse-copies doivent éviter d’être inutilement méchants, ils se doivent également de ne pas être des laudateurs zélés ou des avocats, qui ne sont pas toujours, c’est bien connu, au service de la vérité, mais seulement de leurs clients.

Ousséni Ilboudo

Note : (1) Absent, le directeur de publication de l’Observateur, Edouard Ouédraogo, était représenté par le rédacteur en chef de l’Observateur paalga.

Observateur Paalga

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