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Tertius Zongo : « Nous allons instaurer la culture du résultat »

Publié le samedi 16 juin 2007 à 09h48min

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Tertius Zongo

Après avoir formé son équipe gouvernementale, le tout nouveau Premier ministre a rencontré les hommes des médias publics et privés, le 12 juin dernier. En une heure 15 minutes d’horloge, Tertius Zongo a convaincu sur ses ambitions d’instaurer de nouvelles méthodes de travail dans la coordination de l’exécutif. Extraits d’une conférence de presse époustouflante.

Dans sa déclaration liminaire, Tertius Zongo a d’abord exprimé sa reconnaissance à Blaise Compaoré, son action dans la vie du continent que les Africains ont appris à connaître et à respecter et dont le monde apprécie l’extraordinaire leadership, l’esprit visionnaire et la capacité à agir. Il a ensuite salué l’action du Premier ministre sortant Paramanga Ernest Yonli qui a dirigé le gouvernement pendant près de sept ans.

Pour Tertius Zongo, c’est avec une sérénité et une dignité qu’il a servi son pays dont il s’inspirera pour poursuivre le travail accompli. Il a relevé que sous sa houlette, grâce au travail de son gouvernement et à celui de tous les fonctionnaires et agents de l’Etat, le Burkina a continué de s’imposer comme un acteur majeur de la scène internationale.

Le nouveau locataire de la primature dit aborder ses responsabilités avec un sens élevé du devoir mais aussi avec un enthousiasme et une sérénité que lui confèrent sa foi en Dieu, le soutien et la confiance des Burkinabè. Pour Tertius Zongo, son gouvernement travaillera à satisfaire les engagements pris devant le peuple durant la campagne. Il affirma que son gouvernement s’attellera à inculquer à tous les niveaux, la culture du résultat.

Pour lui son gouvernement a une obligation d’efficacité dans l’action progressive, visible, maîtrisée, inscrite dans la durée ce qui, selon lui, explique certains regroupements opérés et la nomination d’un ministre chargé de l’analyse et de la prospective. Son gouvernement sera à l’écoute et disponible. L’axe central de la stratégie de son action sera d’une part le renforcement de la durabilité et la qualité de la croissance économique et, d’autre part la réalisation de réponses pertinentes et visibles aux demandes sociales des Burkinabè.

Sur le plan du renforcement des bases et de la qualité de la croissance, il ajoutera qu’il leur faut réaliser des performances économiques et sociales qui réduisent de manière significative l’incidence de la pauvreté. C’est-à-dire, une croissance plus équitable et plus solidaire afin d’offrir aux plus démunis, des services sociaux de base à moindre coût. Pour le chef du gouvernement, ce sera une croissance de qualité, riche en création d’emplois surtout pour les jeunes, et qui génère des revenus pour tous.

A cet effet, une attention sera accordée à l’amélioration du climat des affaires pour donner au secteur privé sa place dans le processus de création des richesses nationales. Sur le plan des réponses à apporter aux demandes sociales pressantes, sur les questions sociales et de sécurité les questions de l’emploi et de la lutte contre la fraude et la corruption, le Premier ministre a promis de poursuivre et de renforcer les actions déjà entreprises.

Pour le chef de l’Exécutif, la nouvelle équipe gouvernementale sera un gouvernement de gagneurs où la rigueur, l’audace et la créativité feront bon ménage. Avant de conclure sa déclaration, il a salué les qualités du travail accompli par la presse depuis sa nomination.
Il dira que les analyses, les critiques et surtout les opinions exprimées par les citoyens dans la presse sur les attentes du peuple burkinabè lui ont assuré que l’aube est à portée de main.


A l’issue de cette déclaration liminaire, Tertius Zongo s’est prêté aux questions des journalistes.

Monsieur premier le ministre, quels ont été les critères qui ont prévalu à la nomination des membres de votre gouvernement ?

Il n’y a pas de critères spéciaux pour nommer des ministres. Pour nommer des ministres vous avez un certain nombre de gros éléments qu’il faut prendre en compte. D’abord, ce sont les objectifs que vous vous êtes fixés, les besoins pour les atteindre. C’est par rapport à ces besoins qu’on recherche les ressources humaines capables de conduire cette mission. Ces hommes, il faut qu’ils soient techniquement compétents. Un ministre, c’est un homme politique qui doit produire des résultats. Il doit avoir un niveau élevé pour se départir du sectarisme. Il doit être un rassembleur. Il doit aussi avoir des valeurs morales et humaines pour conduire la mission à lui confiée.

Comment les ministres seront évalués ?

Nous allons instaurer la culture du résultat. Entre nous ministres, nous avons discuté sur le fait qu’il faut des sanctions. Si on arrive à le faire ce sera une très bonne chose. Un comité est mis sur pied pour voir sur quelle base se fera l’évaluation. Ces évaluations seront rendues publiques.

Comment comptez-vous résoudre le climat social qui est en train de se dégrader, principalement les problèmes pendants comme celui que connaît le ministère des Affaires étrangères ?

Les crises, il faut les gérer. Quelquefois les gens font des revendications simplement pour être considérés. Il y a un certain nombre de problèmes de court terme à régler. Nous allons apporter des solutions, mais nous devons regarder plus loin que le court terme. Nous devons évoluer vers le consensus qui est le socle le plus solide sur lequel on peut bâtir le développement.

Votre équipe est composée d’anciens et de nouveaux ministres, quel élan voulez-vous donner à tout cet ensemble ?

Est-ce que l’ancienneté fait des gens de mauvais ministres. L’ambition d’un gouvernement, c’est d’atteindre des objectifs. Dans la recherche des objectifs, on a besoin des vieilles marmites pour faire des bonnes sauces. Il est bon aussi qu’on ait de nouvelles marmites pour apporter un dynamisme. Si j’ai reconduit des anciens, c’est que j’ai la conviction qu’ils peuvent apporter beaucoup de choses.

Le cadre institutionnel existe pour lutter contre la corruption, comment vous comptez faire concrètement pour lutter contre cette corruption qui prend de l’ampleur ?

Dans les jours qui viennent nous allons avoir des débats nourris sur la question. Il est vrai qu’il est important d’avoir un cadre institutionnel, mais en quoi le cadre est efficace ? Nous allons rationaliser les structures de contrôle, fixer des objectifs, mais avec des procédures plus simples.
Il faut que nous travaillions à la transparence pour que dans les services où le phénomène se développe, que le contact entre l’agent de l’administration et l’usager soit le minimum possible.

Nous allons travailler ensemble avec les structures déjà existantes pour redéfinir un schéma institutionnel pour répondre aux problèmes de la corruption et de la fraude qui demeurent importants dans des services comme la douane, les recettes fiscales, les impôts. Nous nous attaquerons à ces problèmes qui sont un danger pour le développement et détruisent les valeurs morales que nous voulons inculquer à nos enfants.

De nombreux Burkinabè gardent toujours une mauvaise image de vous, suite à votre départ du gouvernement Kadré Désiré Ouédraogo, où vous étiez ministre des Finances. On vous soupçonnait d’avoir emporté 800 millions.

Ce qui me fait mal c’est parce qu’ils ont insulté mon intelligence. Est-ce que vous croyez que je vais prendre 800 millions comme un vulgaire colporteur courir pour sortir du pays ? Et je suis là encore ? Les gens insultent l’intelligence des autres. Avec 800 millions, vous les mettez dans quoi ? Les plus grosses coupures du F CFA c’est dix mille francs. La valise ressemblait à quoi pour supporter tous ces billets ? J’ai porté cette valise avec quoi ? C’est un contenaire que j’ai pris avec un camion pour aller enregistrer à l’aéroport ?

Si les gens sont honnêtes, si j’avais fait cela, pourquoi m’avoir laissé et c’est maintenant qu’on revient dire qu’il n’y a pas eu de traces.

J’ai précisé à l’époque que l’aéroport n’est pas une gare routière où n’importe qui arrive et puis il monte dans le car pour partir. Il faut qu’on soit serein. Je n’ai pas de problème. Je suis venu pour travailler, ces gens perdent leur temps.

Certains disent que vous êtes un premier ministre de transition, que vous êtes là pour un temps en entendant qu’on trouve quelqu’un. Certains noms circulent pour ce poste. Zéphirin Diabré, Seydou Bouda. On dit que vous êtes un Premier ministre par défaut.

Je vais vous dire une chose. C’est Dieu qui élève les hommes. J’ai dit merci au président du Faso mais à travers lui je vois quelqu’un de plus puissant que lui. Ceux qui croient qu’ils parviendront par leur propre force sont toujours surpris de la place qui leur est réservée.
C’est Dieu qui a voulu que je sois Premier ministre, je m’efforcerai à donner le meilleur de moi-même. La folie des hommes est parfois la sagesse de Dieu, même si je suis Premier ministre par défaut, Dieu l’a voulu ainsi.

Pour eux, ce n’est pas le moment, le moment maintenant, c’est moi. Tout travail que je ferai au gouvernement, je ne le ferai pas comme si je le fais pour le président du Faso uniquement parce qu’il ne peut pas me suivre partout, mais celui qui a inspiré le président du Faso pour que je sois à cette place, à lui aussi je dois des comptes et lui, il voit tout.

Kibsa KARIM


Notice biographique du Premier ministre Tertius Zongo

Monsieur Tertius ZONGO qui vient d’être nommé Premier Ministre, Chef du Gouvernement, par décret du Président du Faso le lundi 04 juin 2007, était avant sa nomination, Ambassadeur du Burkina Faso à Washington. Né le 18 Mai 1957 à Koudougou, au Burkina Faso, M. Tertius ZONGO a une expérience professionnelle riche en diversité, notamment au niveau gouvernemental et dans les domaines de la coopération internationale, de la gestion de la politique céréalière et des Chambres Consulaires.

Avant sa carrière diplomatique qui a débuté, en 2002, M. Tertius ZONGO a été Ministre de l’Economie et des Finances depuis le 10 juin 1997.

Il fut précédemment Ministre délégué auprès du Premier Ministre, chargé des Finances et du Développement économique.

M. Tertius ZONGO est entré au Gouvernement pour la première fois en juin 1995 comme Ministre délégué auprès du Ministre de l’Economie, des Finances et du Plan chargé du Budget et du Plan.

Diplômé de l’Institut d’administration des entreprises de Nantes (1982) et titulaire d’une Maîtrise en Sciences Economiques - Option Gestion des Entreprises (Dakar 1981) et d’un probatoire au diplôme d’Etudes Comptables Supérieures (DECS), sa carrière débute en 1983 comme chef comptable de l’Office National des Céréales, dont il devient en 1985 le directeur général.

M. ZONGO a contribué à cette époque à asseoir la politique céréalière et la mise en place de la politique de collecte, de distribution des céréales et de stabilisation du marché céréalier.
À ce titre, M. ZONGO a réalisé plusieurs consultations indépendantes pour le compte d’institutions de développement.

* Banque mondiale : « Evaluation à mi-parcours des projets Recherche Agricole et Renforcement des Structures d’Appui aux producteurs.

* FAO : « Programme d’Investissement public du Programme d’Ajustement du Secteur agricole au Burkina Faso »

* CEE (FED) : « Etude d’identification pour un programme d’appui du F.E.D. au sous-secteur céréalier du Burkina Faso.

* C./.L. S.S./P.A.R.O. C. : « Manuel de procédures de l’office des produits agricoles du Mali » et un « Guide importateur de céréales (Burkina Faso) ».
En 1986, Monsieur ZONGO est nommé Secrétaire Général de la Chambre de Commerce, d’Industrie et d’Artisanat du Burkina.

Sous son mandat, les multiples sessions consulaires ont contribué à l’organisation du Secteur du Commerce par une information et une harmonisation des textes en vigueur, l’éclosion des P.M.E./P.M.I. par l’encadrement des opérateurs économiques et surtout l’éclosion de l’esprit d’entreprises et d’association en développant un partenariat avec des Chambres de commerce françaises dont particulièrement Rouen.

De 1988 à 1992, Monsieur ZONGO occupera le poste de Chef du Département de la Coopération Multilatérale à la Direction Générale de la Coopération puis à partir de 1992, celui de Directeur Général de la Coopération au ministère des Finances et du Plan.

Sept années au sein de cette structure charnière de l’assistance au développement lui ont valu une vaste expérience dans la coordination de multiples projets, dans la connaissance des partenaires au développement dans les mécanismes de négociation et de gestion des ressources extérieures, comme de la coopération technique.
A ce titre aussi, il est auteur d’un rapport de consultation sur la coopération au développement du Burkina Faso, pour le compte du PNUD.

Il a écrit des articles à plusieurs séminaires et conférences de haut niveau à caractère économique. Ses contributions sont publiées dans des ouvrages de référence dont les plus récents sont :
. Perspective économique en Afrique : 2002 - 2003, publié en français et en anglais par la Banque Africaine de Développement et l’OCDE ;
. The macro-economic management of Foreign Aid : Opportunities and Pitfalls, publié par le FMI en 2006 ;
. Budget support as more effective AID : Recent experiences and emerging lessons, publié par la Banque Mondiale en 2006.

Monsieur ZONGO a également été enseignant vacataire chargé de cours de Comptabilité générale d’économie d’entreprise et d’analyse financière à l’Université de Ouagadougou et à l’Ecole Nationale des Régies Financières ; il a été Administrateur de la Banque Ouest-africaine de Développement (B.O.A.D.) et de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (B.C.E.A.O.) et Commissaire aux Comptes de nombreuses sociétés.

Il a été Gouverneur pour le Burkina Faso de la Banque mondiale, du Fonds monétaire international de la Banque africaine de Développement et de la Banque islamique de Développement.

Il est Chevalier de l’Ordre national et Officier de l’Ordre national.

L’Hebdo

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