En effet, après la formation du nouveau gouvernement, la question que se pose tous les observateurs est celle des aptitudes de la nouvelle équipe à réussir sa mission. Indirectement, c’est la capacité du premier ministre à mener la barque de l’exécutif à bon port qui est ainsi posé.

D’un point de vue des compétences techniques, de l’expérience professionnelle et des connaissances de l’environnement politique national, M. Tertius Zongo a incontestablement des atouts pour réussir. Sa première conférence de presse a laissé entrevoir un chef de l’exécutif très déterminé avec une grande volonté d’innover voir d’instaurer une rupture qualitative dans la coordination de l’action gouvernementale.

Son tempérament de battant nous fait dire que ce premier ministre n’est pas venu pour faire de la figuration ni pour inaugurer des chrysanthèmes. On peut le croire volontiers quand il affirme que « même si je suis premier ministre pour trois (3) jours ... je donnerai tout mon potentiel. » Mais être un bon premier ministre dans nos pays en voie de développement est une véritable gageure.

Les ambitions, la volonté de travailler ne suffisent pas. Pour le cas particulier du Burkina on se risquera à dire qu’il faut réussir à relever trois défis qui portent sur le choix des hommes, la mobilisation et l’affectation des ressources financières, la bonne gestion des impondérables politiques et du front syndical.

Pour la mobilisation et l’affectation des ressources financières, la grande expérience du Premier ministre plaide en faveur d’une bonne maîtrise du sujet.
Pour le choix des hommes, les tractations qui ont conduit à la nomination du premier ministre et à la formation du nouveau gouvernement sont un secret de polichinelle. Elles laissent entrevoir que c’est à ce niveau que le nouveau locataire de la primature pourrait avoir ses premières difficultés.

Ainsi, s’il est avéré que T. Zongo voulait laisser à la touche de l’exécutif des poids lourds du CDP, c’est une audace qui confirme a priori qu’il n’est pas prisonnier du système et mieux qu’il n’est l’homme d’aucun bonze du parti majoritaire. Sa nomination n’est donc pas la victoire d’une tendance sur une autre mais un fait du grand sachem et ceux qui voulaient voir un général du CDP au 10-50 rue Agostino Neto doivent, contre mauvaise fortune faire bon cœur.

De fait, ils devraient craindre de fâcher le grand boss s’ils s’hasardaient à gêner l’action de son élu à la primature. Mais la politique a sa logique que la logique ne connaît pas et il ne faut pas exclure que les premières difficultés de Tertius Zongo viennent de là ou on les attendrait le moins. Il s’agit notamment de ces milieux du parti au pouvoir qui voulaient voir un cacique au commande du gouvernement.

Cependant, le président du parti Roch Marc Christian Kaboré est connu pour sa pondération et son esprit d’ouverture. Ce ne serait donc pas lui le problème. Au contraire, reconduit au perchoir avec les bénédictions du président du Faso, on espère qu’il travaillera à calmer les ardeurs des députés qui viendraient à être instrumentalisés par ceux qui, à la direction du CDP, voulaient être premier ministre à la place de Tertius Zongo.

Eh oui, les humeurs des généraux du méga-parti, cela fait partie de ces impondérables politiques que le nouveau premier ministre devrait s’attendre à gérer ! Outre le président du Faso, le soutien franc du président de l’Assemblée nationale ne serait pas de trop pour lui. On attend de voir !

Djibril TOURE

L’Hebdo