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Gouvernement tertius Zongo : Configuration politique

Publié le jeudi 14 juin 2007 à 07h41min

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Gilbert Ouédraogo, président de l’ADF-RDA

Composée de 34 membres, l’équipe gouvernementale de Tertius ZONGO, pour le sens de son combat, s’est ouverte à la première force politique de l’opposition, l’ADF/RDA....

Le CDP (parti au pouvoir) et l’ADF/RDA (opposition) sont les deux formations politiques à être représentées dans le gouvernement du nouveau Premier ministre Tertius ZONGO. Cette configuration politique pourrait imprimer une double vision. Celle d’abord, de permettre au tout nouveau Premier ministre de travailler efficacement avec les hommes de la même couleur politique.

Ensuite cette volonté de prendre en compte toutes les opinions dans les prises de décisions. En effet, l’absence de la mouvance dans ce gouvernement traduirait la résolution du parti au pouvoir de prendre toutes ses responsabilités dans la réalisation du programme présidentiel.

En plus, cela tranche d’avec cette habitude de faire appel à cette tendance qui donne l’impression de récompenses politiques que la recherche d’un dynamisme pour le développement. Ce recadrage de la représentativité politique peut apparaître comme une résolution à se défaire d’un certain encombrage pour s’atteler à la tâche de la concrétisation du « Progrès continu pour une société d’espérance », programme présidentiel.

Ce n’est d’autant qu’en plus du fait que nous ne sommes pas en situation de crise, nécessaire d’associer cette mouvance qui s’en est tirée avec moins de 5% des députés aux législatives et qui est d’ailleurs partie prenante du programme présidentiel. Du reste, vouloir faire appel à ce conglomérat de mouvanciers demanderait des tractations subtiles, pour le moment inutiles, afin d’éviter les frustrations. En plus, nombre d’entre eux se rivalisent en suffrages à l’issue des législatives.

Cependant, l’ouverture faite à la première force politique de l’opposition, l’ADF/RDA, avec deux postes ministériels (les départements des Transports et de l’Education non formelle) est un véritable signe de bataille pour le gouvernement Tertius. Cela répond avant tout, au fait que cette force politique dont certains aspects de son projet de société ont été pris en compte dans le programme présidentiel, devrait être dans le gouvernement pour mieux contribuer à l’exécution dudit programme.

Le sens de cette ouverture pourrait aussi s’expliquer par la grandeur ce parti d’opposition dans l’échiquier politique national. En s’en tirant avec 14 députés aux législatives, l’ADF/RDA est, en effet la deuxième force politique après le CDP. Elle représente donc un pan important de la société. Sa présence dans le gouvernement répondrait ainsi à ce souci du président du Faso de ne laisser personne en marge dans sa politique du progrès social.

Cette ouverture est comme une prise en compte des opinions de la majeure partie des Burkinabè pour la réussite du programme quinquennal. « Du reste, le Premier ministre travaillera, comme par le passé, à rassembler autour de son action les autres forces politiques qui au-delà du gouvernement vont apporter leur soutien à la politique que je conduis ». Foi du président du Faso.

Par Drissa TRAORE


Gilbert Noël Ouédraogo (présiident de l’ADF-RDA et ministre des Transports) : “L’opposition et la majorité peuvent se donner la main”

« Dans la mesure où nous avons soutenu le programme du chef de l’Etat dans lequel nous nous reconnaissons, on nous avait fait l’honneur de prendre en compte quelques aspects de notre programme. C’est dire donc qu’aujourd’hui ce n’est que logique que nous puissions poursuivre la mission que nous avons commencée et nous nous réjouissons du fait que le chef de l’Etat ait voulu que ce soit ainsi.

Par rapport au débat autour du chef de file de l’opposition, je dirai que l’ADF/RDA est un parti d’opposition. Comme le veut la Constitution, nous sommes dans un Etat de droit et non dans un Etat d’exception, il n’appartient donc pas à qui que ce soit de déterminer la position de l’ADF/RDA. C’est comme si vous voulez donner un nom de baptême à votre enfant, que quelqu’un refuse, cela n’engage que cette personne.

Nous, nous avons fait le choix d’être de l’opposition. Mais il y a des exemples à travers le monde qui montrent quand même qu’il faut évoluer. Il faut citer Nicolas SARKOZY qui dit qu’il ne faut pas que nous soyons victimes de notre immobilisme intellectuel. Nous pensons que le monde évolue et il faut évoluer avec le monde. Les carcans qui ont été tracés avant ne sont pas forcément des carcans qui s’appliquent de nos jours.

Je pense que notre ingéniosité, ce n’est pas de copier ce qui est fait mais c’est d’apporter quelque chose de nouveau. Il y a des problèmes à travers le monde. Nous sommes dans un contexte de mondialisation, il faut que nous évoluons. Dans ce sens, l’opposition et la majorité peuvent se donner la main dans l’intérêt du peuple. Cela à travers les principes républicains et non de manière cachée. Et nous nous avons opté au grand jour d’apporter notre appui mais en gardant notre autonomie en tant que formation politique.

Vous l’avez vu en France où Nicolas SARKOZY a fait une ouverture et promet même de faire une grande ouverture alors que son parti est sur la bonne voie pour obtenir les 2/3 du parlement. Vous avez vu qu’en Allemagne, les deux premiers partis sont au pouvoir et l’on parle de mariage des éléphants, ça ne pose de problème à personne. En Autriche également il y a des coalitions. De plus en plus, on passe des partis ultra majoritaires à des coalitions pour gouverner parce que quelle que soit sa majorité, on a besoin du point de vue de l’autre.

Ce qui compte en réalité, c’est que quand le peuple va à une élection, même dans les pays anglo-saxons, on fait d’une pierre deux coups. C’est-à-dire que non seulement on désigne le parti qui va diriger mais aussi on désigne le parti qui va seconder celui qui dirige et qui doit être l’œil du peuple pour pouvoir dire quelque chose. C’est ce rôle que nous jouons et en tant que parti nous estimons que nous allons assumer nos responsabilités.

A la question du chef de file de l’opposition, nous ne nous tenons pas à une coquille vide. Nous disons que cela n’est pas conforme aux us et coutumes de notre pays. Nous voulons qu’il y ait un débat national. Cette question nous a retardés dans le temps et nous ne sommes plus prêts à aller encore à cela sans qu’il y ait des débats. Même ceux qui l’ont réclamé, si on le leur donnait, ils n’iront nulle part avec. En réalité, il faut un débat national où tous les partis se retrouvent pour dire comment concevoir l’opposition et définir le contenu du chef de l’opposition.

Ailleurs même, on ne parle pas de chef de file de l’opposition, on parle de chef de l’opposition parce que ce n’est pas une file d’opposants qu’on prend c’est le chef du parti qui vient immédiatement après qui est considéré comme le chef de l’opposition. Même si les autres partis ne sont pas d’accord ça ne pose pas de problème, parce que c’est le peuple qui choisit le chef de la majorité et le chef de l’opposition en même temps. Ce n’est pas quelqu’un d’autre qui le fait.

Nous avons les textes et nous avons la légitimité. Mais pour nous cette polémique est stérile et nous pensons que tant qu’il n’y aura pas un débat de toutes les formations politiques sur la question, nous ne ferons rien d’autre que de surseoir à l’exécution de ce titre pour ne pas entrer dans la polémique ».

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 14 juin 2007 à 10:14 En réponse à : > Gouvernement tertius Zongo : Configuration politique

    Vous semblez oublier qu’en Allemagne, il n’y a u coalition que parce que aucun parti n’avait obtenu la majorité requise.
    L’ouverture de sarkozy quant à elle, se fait à l’égard de personnalités de gauche qui vont à l’encontre des consignes du parti socialiste. Il y a donc désolidarisation dans ce cas.
    ce n’est pas le PS qui a décidé de soutenir sarko. Sanwé

    • Le 14 juin 2007 à 14:16, par Kenfo En réponse à : > Gouvernement tertius Zongo : Configuration politique

      Cette histoire de chef de l’opposition risque d’être une des spécificitées de la politique burkinabè. Personne ne comprend quoique ce soit.
      La position du RDA est singulièrement riche et potentiellemnt pleine de surprises, tant pour eux-memes que pour les autres partis politiques... Comment s’opposer tout en étant d’accord, comment être contre celui qui soutient la personne que nous soutenons ? En quoi cette situation est un gain pour notre jeune démocratie ? Nous sommes en politique, et le CDP et le RDA gagnent dans ce "jeu de frères ennemis anti-d’accord entre eux, face à un père méfiant à l’égard de l’un comme de l’autre de ses fils"...

      ll y a néanmoins un danger dans ces (im)postures politiciennes:notre démocratie manque de lisibilité, tant à l’intérieure qu’à l’extérieur. D’un autre côté, faut-il aussi toujours avoir une oppsition dite radicale, comme signe d’une bonne santé politique ?. En terme de capacités d’appropriation du "naam" des blancs, n’avons pas aussi le droit et le devoir d’enrichir les configurations selon nos goûts ? De toutes façons, si cette manières de fonctionner permet au peuple et au pays de vivre dans la Paix, la sécurité, la quiétude et la justice pour tous, c’est donc Mille victoires en Un.
      Il faut donc féliciter nos hommes politiques, de nous servir des mets si succulents et si relevés ; à moins que dans leurs calculs et combines cagoulés, ils ne nous préparent à la médiocrité intellectuelle et politique. Le pire, ce n’est pas l’ambiguité Pouvoir/Opposition ; le pire, c’est la migration vulgaire des hommes politiques d’un parti vers un autre, du jour au lendemain...

      Attendons donc de voir,ce que nous réserve la roue de l’histoire, quand les masques viendront à tomber. Vigilance ? Oui. Encore plus.

      Kenfo

      • Le 14 juin 2007 à 20:33 En réponse à : > Gouvernement tertius Zongo : Configuration politique

        Mrs SANWE et KENFO, merci pour la qualité de vos réflexions qui n’ont pas seulement pour but de condamner mais de comprendre.Vous savez au Mali, ils ont fait ce qu’il appelle "le consensus" pour tout le mandat passé du Président ATT.En France pour barrer la route à LE PEN au 2ème tour tout le monde avait appelé à voter Chirac. Pourquoi dans nos pays ou la menace est plus forte que le phénomène LE PEN, on admet pas que les 2 premiers partis et mêmes avec d’autres mettent en commun leurs forces pour lutter contre la pauvreté, la corruption et la maladie qui sont des fléaux plus ravageurs que LE PEN. L’essentiel comme dit Kenfo que cela apporte quelque chose au peuple. Et puis les modèles ne sont pas figées, il faut s’adapter aux réalités de son temps.
        Salam KARGOUGOU.

      • Le 15 juin 2007 à 13:52 En réponse à : > Gouvernement tertius Zongo : Configuration politique

        Il n’ya pas de specificité qui tienne. Quelqu’un peut -il m’expliquer comment peut on prendre part a un gouvernement et en etre opposés en meme temps. Si vous voulez que notre pays invente d’autres concepts pour mieux etaler sa mediocrité politique je veux bien. mais de grace n’allez pas contre le bon sens. Me Gilbert a decider de rentrer au gouvernement, ce n’est pas forcement une mauvaise chose , mais il faudra qu’il s’assume !!

        KELEMASSA

        • Le 15 juin 2007 à 20:02 En réponse à : > Gouvernement tertius Zongo : Configuration politique

          Mr KELEMASSA, merci de votre franchise et de votre modestie qui vous permet de reconnaître vos limites en posant des question. Il est bel et bien possible de s’opposer tout en faisant partie d’un gouvernement on l’a d’ailleurs fait plusieurs fois au Burkina, aujourd’hui la grande question, c’est d’associer toutes les grandes sensibilités ou pas ?. La majorité au burkina comme dans la plupart des régimes parlementaires est constituée par le parlement et non l’exécutif. C’est ainsi que quand l’opposition est majoritaire au parlement on parle de cohabitation quand le Président est issue d’une autre formation. C’est dire que l’opposition se définit par rapport au parlement et l’ADF-RDA ne fait pas partie de la majorité au parlement. Elle à choisit de s’inscrire librement dans l’opposition comme une force de veille. Gilbert s’est assumé à partir du moment où il agit sur la base d’un mandat que le congrès de son parti lui a confié.Mandat confirmé par le choix massif de ses électeurs. Les voies de l’ADF-RDA ayant augmenté depuis ce choix. Franchement, il n’y a rien de bizzare sauf que les gens ont peur de l’innovation et de l’iconnu. les exemples que vous citez ont été faconnés par des hommes incompris à leur époque. La Méthode ADF-RDA faite de courage et d’abnégation fera recette un jour j’en suis sûr. Ils sont en avance sur leur temps comme Galilé qui disait que la terre tournait et a perdu la tête pour cela.Le visionnaire.

  • Le 14 juin 2007 à 16:22 En réponse à : > Gouvernement tertius Zongo : Configuration politique

    Bonjour Mr SANWE, votre remarque est acceptable mais n’oubliez pas qu’ils (les 2 partis allemands) pouvaient reprendre les élections mais ils ont choisis de travailler ensemble pour être à même d’effectuer les réformes qu’aucun parti n’a pu faire tout seul. Vous connaissez également le contexte africain, une telle alliance au Burkina est salutaire si c’est vraiment pour tenir compte de la diversité d’opinions. Abdoul-Salam KARGOUGOU.

  • Le 14 juin 2007 à 20:48 En réponse à : > Gouvernement tertius Zongo : Configuration politique

    Ce qui est certain c’est qu’il faut repenser la politique en Afrique, car le modèle européen ne s’adapte pas forcément à nos pays. Souvent on reproche aux africains de copier mal, pour une fois que le Burkina trace autrement sa voie, on demande pourquoi on ne fait pas comme en Europe. Eh bien précisément parce que l’Europe c’est l’Europe et le Burkina l’Afrique. Moi, je trouve le Président de l’ADF-RDA très courageux, il est jeune, dynamique et n’a pas l’intention de se laisser enfemer dans des voies toutes tracées.Quand, je vois toutes les flêches qu’il encaisse sagement sans perdre son sang froid, je me dis le pauvre. Moi, je n’aurai pas cette endurance. Les frontières droite, gauche, opposition, pouvoir s’estompent partout. Il faut une nouvelle forme d’opposition plus constructive dans nos pays sinon s’opposer pour s’opposer n’apporte rien à part des reculs inutiles.Par contre si l’ADF-RDA peut être le porte voie de la minorité silencieuse ce ne serait pas mauvais surtout qu’elle pèse mine de rien 14 députés. Qu’elle ne se laisse pas seulement éblouir par les lustres et les lambris du pouvoir.
    Maddi le Boss.

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