LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

Législatives du 06 mai : Quelle opposition parlementaire pour la IVe République ?

Publié le mardi 12 juin 2007 à 08h19min

PARTAGER :                          

Gilbert Ouédraogo

Les législatives du 06 mai 2007ont permis, dans l’opposition, de dessiner et de distribuer de nouvelles cartes politiques. Ce qui est certain, le scrutin aura consacré une presque reculade de l’opposition, comparativement aux élections de 2002.

D’un rapport de 57 contre 54 on est maintenant passé de 73 contre 38. L’ADF/RDA qui se dégage comme le premier parti après le CDP à avoir le plus grand nombre de députés à l’hémicycle est considérée comme la tête de file de l’opposition sauf désistement de sa part. Mais d’autres partis, comme l’UNIR/MS se disant de l’opposition réelle réclament avec insistance cette place. Mais quelle opposition aurons-nous à l’hémicycle au regard de la multiplicité des partis d’opposition qui le compose ?

Ces partis, qui sont comme « restés longtemps au soleil », ont eu un ouf de soulagement avec à l’arrivée 38 sièges pour 12 partis. Ainsi de 13 partis, on est resté à ce nombre qui sera représenté à l’hémicycle. Avec l’arrivée de certains nouveaux ténors de la classe politique, ceci traduit la volonté du peuple Burkinabè de donner l’opportunité aux partis d’opposition qui, à chaque fois faisaient recours à la rue pour se faire entendre, de faire face-à-face à rival, le CDP.

Avec donc une Assemblée nationale dominée par les élus du CDP, on s’interrogera sur la qualité des débats. Ce n’est pas jouer aux oiseaux de mauvais augure que de mettre un bémol à cet excès d’optimise au sujet des atouts de la prochaine Assemblée nationale à être la panacée aux problèmes que viendraient à rencontrer le processus et les institutions démocratiques.

La coupe du CDP sera de parvenir surtout avec un exécutif habillé à ses couleurs, à gérer le Burkina dans un esprit républicain.

On se demande sur quel centre d’intérêt les partis désormais à l’Assemblée nationale vont camper leur discours. Battre le macadam suppose que le cadre d’expression n’existe pas. A la vérité, le peuple en a un peu marre que plus ça va, plus les partis de l’opposition se plaisent à répéter les mêmes choses, du genre, le CDP n’est pas qualifié...

Le rôle justement du parlement est prioritairement d’arrêter cette impression de facilité consistant à chanter urbi et orbi que rien ne va et qu’il y a des choses à faire. Les partis de l’opposition, qui ont réussi à s’introduire à l’hémicycle, ont de nouvelles responsabilités vis-à-vis de leurs électeurs et envers tout le peuple burkinabè qui veut des partis plaintifs mais républicains pour mener une lutte démocratique convaincante à même de susciter l’adhésion de tous les Burkinabè. Pour ce faire, la réelle participation de tous les grands seigneurs des partis de l’opposition est nécessaire pour l’avancée de la démocratie.

Les faiblesses de l’opposition

Depuis un certain temps, une crise de confiance s’est installée entre les Burkinabè et les partis de l’opposition. Les reproches contre l’opposition sont énormes. Leur incapacité à s’unir, les querelles de leadership, la prolifération des partis fantômes, l’absence de projets de société etc.

L’ADF/RDA a obtenu 14 députés pour cette législature, un score qui lui permet de donner un certain poids à l’opposition. Ces 14 députés l’ADF/RDA peuvent donner une minorité acceptable à l’opposition qui contribuera à avoir une opposition plus forte qui pourra réellement peser de son poids. Mais c’est loin d’être le cas. Il y a le PDP/PS qui est sorti avec 2 députés.

Ce parti que bien de Burkinabè portaient dans leur cœur est en train de sombrer sérieusement avec la disparition de son père fondateur. Ce parti nécessite une profonde restructuration pour sortir de la léthargie dans laquelle il se trouve. Par contre une lueur d’espoir nous est donnée avec les regroupements de certains partis politiques qui s’en sont bien tirés.

C’est le cas des partis réunis au sein de l’UPR, de l’UPS et de l’UDPS. L’UNIR/MS qui revient avec 4 députés réclame avec insistance le poste de tête de file de l’opposition. Ces leaders se disent plus opposants que les autres, ce qui va sans nul doute créer des malentendus. Il sera peut-être difficile de voir un Laurent Bado épouser les mêmes idées. En 2002, l’opposition avait fait une entrée fracassante à l’Assemblée nationale, on avait tous applaudi, parce que pour une des rares fois, l’opposition habituée au boycott, a accepté compétir donnant ainsi une autre saveur au jeu démocratique.

C’est ainsi que l’ADF/RDA sous la houlette de Me Hermann Yaméogo, le PDP/PS du vieux Ki-Zerbo, le PAI de Soumane Touré, l’UNIR/MS de Me Sankara et bien d’autres partis ont pu faire leur entrée à l’Assemblée nationale. Mais voilà, 2002 semble déjà très loin et, en 5 ans, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts emportant avec elle tout espoir de rassemblement d’une opposition qui vogue sans repère. Elle qui pourtant avait donné l’impression d’avoir non seulement compris que l’Union fait la force mais aussi que la logique du radicalisme sans borne était bien improductive, voire, suicidaire. En démocratie, comme dans tout autre domaine, il faut savoir évoluer avec le temps, avec le contexte. Mais à l’opposition, on a du mal à accepter certaines réalités politiques.

L’entrée à l’hémicycle ne signifie pas la fin de la lutte et le temps de grâce

L’avenir de cette opposition dépend de sa capacité à pouvoir rivaliser avec son adversaire pour répondre aux attentes de son électorat. Il faut que l’opposition assume sa fonction d’opposition dans les prises de décisions. Et il serait suicidaire de vouloir jouer le coq-à-l’âne. L’entrée à l’hémicycle ne signifie pas non plus la fin d’une lutte et le temps de bonne grâce, mais plutôt le début d’une série de face-à-face avec les réalités du terrain. Mais malheureusement il y a certains partis qui veulent une chose et son contraire.

Comme le dit l’autre « on ne peut pas suivre deux lièvres à la fois ». Il est grand temps que chaque parti prenne ses responsabilités vis-à-vis de lui-même et de ses électeurs. C’est pour dire que les Burkinabè attendent avec intérêt les débats à l’Assemblée nationale. Cela permettra aux électeurs de constater la portée de leurs choix. Bon nombre s’attendent à ce que l’opposition joue son rôle de contre-pouvoir.

Kibsa KARIM

L’Hebdo

PARTAGER :                              
 LeFaso TV