La France a résolument basculé à droite au cours de ce printemps 2007. Alors que la Droite avait perdu les élections majeures au cours de ces trois dernières années (régionales et européennes) et subi un camouflet lors du référendum sur l’adoption de la Constitution européenne, la marée bleue s’est transformée en vague déferlante pour donner à Sarkozy les moyens de gouverner la France comme il l’entend au cours des cinq prochaines années. Comme il l’entend, c’est-à-dire par le biais de réformes économiques et institutionnelles. Au rang des premières, celle de la fiscalité, mais surtout de la sécurité et de la protection sociale.

Véritable gouffre à sous, la “sécu” est en effet devenue un boulet au pied de la République qui ne peut s’en défaire sans grincements de dents en raison des fameux droits acquis. Accrochés à leurs privilèges, nombre de français sont en effet devenus des assistés dont certains refusent de prendre les emplois disponibles, car, cela les désavantagerait au plan monétaire. “Mieux vaut vivre peinard dans ses pénates que de se crever à la tâche pour un salaire de misère”. Voilà le refrain de bien de “Rmistes”. (Revenu minimum d’insertion).

Il faudra donc un choc psychologique pour réveiller les français de leur torpeur béate mais suicidaire, ce que “Sarko” semble réussir avec son “parler-vrai”. “Je ferai ce que j’ai dit et je dirai ce que je fais”, avait-il déclaré lors de la campagne présidentielle, ce qui n’a pas dissuadé les français de le voter. Il leur faudra donc avaler l’amère pilule ce qui permettra à “Sarko” de disposer d’assez d’argent pour booster les secteurs vitaux de la science et de la recherche afin de remettre la France dans le cénacle des grands.

Ambition démesurée ?

Aussi, en libéralisant davantage le monde du travail façon “britsh”, Sarkozy espère revivifier le secteur de l’emploi. Une opération périlleuse là aussi, les différents contrats (d’insertion professionnelle, première embauche etc.) devant “fouetter” le secteur ayant été rejetés avec fracas. Balladur y a perdu ses illusions, Juppé sa carrière politique et de Villepin ses ambitions élyséennes.

On ne sait pas si Sarkozy y perdra sa réputation, mais il fera tout pour qu’il n’en soit pas ainsi. Notamment en réformant les institutions pour sortir d’une Ve République de plus en plus vieillotte. Le grand rêve sarkozien reste cependant de redonner à la France sa grandeur d’antan, à travers une politique étrangère “agressive” tout en restant dans le droit fil des idéaux de cette vieille République jacobine, (liberté, égalité, fraternité).

L’incarnation de cette politique étrangère étant Bernard Kouchner, l’inventeur du droit d’ingérence humanitaire, il va sans dire que tous les dossiers brûlants seront traités sans concession. Déjà, le Darfour semble être le champ de prédilection du “french doctor”, lequel a par ailleurs montré tout son attachement au “précarré” par sa visite au Mali. En lançant l’idée d’une conférence internationale sur le Liban, Sarkozy indique que la France ne se donne aucune limite à l’international.

Du reste, la création d’un Conseil national de la sécurité (sur le modèle US) directement rattaché à l’Elysée montre la boulimie du nouvel homme fort de la France. L’homme pressé a en tous les cas désormais les clés pour percer tous les coffres-forts. Réussira-t-il pour autant tous ses coups ? Esquisse de réponse dans un peu plus de six mois.

Boubakar SY

Sidwaya