Elections en Afrique : des observateurs pour quoi faire ?
L’un des phénomènes qui semble être à la mode en Afrique à chaque fois qu’un Etat souverain organise des élections, c’est l’affluence des observateurs, comme si les Africains sont incapables d’assurer leur responsabilité en toute honnêteté et transparence.
Ainsi, on assiste à la mobilisation d’observateurs de tous ordres composés d’envoyés spéciaux, d’internationaux, de sous régionaux et enfin, de nationaux (le plus souvent relégués au second plan).
N’empêche, ils soutiennent tous être sur le terrain, quel que soit leur moment d’arrivée, pour veiller à la régularité des opérations électorales, minimiser la fraude et contribuer, au renforcement des processus démocratiques en Afrique. Malheureusement, l’impression qui se dégage quand l’on observe le travail des observateurs sur le terrain, est qu’ils ne servent pas à grand-chose.
Beaucoup, surtout les observateurs internationaux, ont plus l’air d’être des touristes assoiffés de découvrir de nouveaux horizons et arrivent dans de gros véhicules à 24 heures ou au mieux, à 48 heures avant les opérations de vote. Plus grave, des observateurs se complaisent dans la langue de bois après les élections en indiquant : “Tout s’est bien déroulé !” ou encore, “Les irrégularités constatées n’entachent en rien la légitimité de l’élection”. Tant pis pour ceux qui veulent bien faire leur boulot et dire la vérité. Ils feront leur l’adage qui dit que : “Le chien aboie et la caravane passe”.
Le cas de l’élection présidentielle du géant de l’Afrique, le Nigeria, où les observateurs ont battu tam-tams et crié sur les toits que le processus a été entaché de multiples fraudes en dit long. Cela n’a pas empêché l’investiture du président dudit pays. Le pendant de cette situation s’est déroulé dans un pays voisin du Burkina Faso où alors que les observateurs déclaraient que le président a été élu dans la transparence, des opposants criaient à la fraude. D’où l’interrogation : “élections en Afrique, des observateurs pour quoi faire ?”
En tous les cas, pour le moment, ils paraissent peu utiles. Leur présence ou leur absence ne change rien aux opérations électorales. C’est donc aux Africains de faire des choix clairs. Voulons-nous ou pas des Etats démocratiques ? Y a-t-il des observateurs en Europe pour valider leurs élections ? Alors, il est temps de jouer franc jeu !
Ali TRAORE
Sidwaya