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Afrique : Où va la Chine ?

Publié le lundi 11 juin 2007 à 04h14min

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Depuis une dizaine d’années , la Chine s’est lancée à la conquête du marché africain. Cela, surtout à la faveur du libéralisme commercial. Compte tenu des conditions dans lesquelles se font les échanges sino-africains, le continent noir risque d’en garder un goût très amer.

La Chine est de plus en plus visible en Afrique, notamment dans les échanges commerciaux. Ce qui est normal, puisqu’elle fait partie des pays émergents et qu’elle a besoin de matières premières et de débouchés pour maintenir sa croissance amorcée depuis une dizaine d’années.

Une récente étude de l’Académie chinoise des sciences sociales table, d’ailleurs, sur un taux de croissance de 10,9% en 2007. Une prévision qui avoisine celle de la Banque mondiale, laquelle donnait 10,4%. Pour satisfaire donc ses besoins, Pékin sélectionne soigneusement ses partenaires africains en privilégiant les pays producteurs de pétrole. Ainsi les “émirats pétroliers” du golfe de Guinée sont très sollicités par les chinois.

Le Nigeria, l’Angola, la Guinée équatoriale, Sao Tomé et Principe, le Congo Brazzaville et le Gabon sont leurs fournisseurs attitrés de pétrole, au même titre que le Soudan. Le pays du Soleil levant a signé plusieurs accords ou contrats d’exploitation dans les pays disposant de l’or noir. En Angola par exemple, il a décroché un contrat d’exploitation de 300 millions d’euros, soit près de 200 milliards de F CFA, en échange de différents prêts et subventions au gouvernement du pays concerné. Mais le pétrole n’est pas la seule ressource du sous-sol convoité par ce pays. Celui-ci extrait du cuivre en Zambie et du charbon en Afrique du Sud.

Par ailleurs, les 820 millions d’habitants que compte l’Afrique intéressent la Chine, en tant que consommateurs. Elle exporte alors ses produits dans les pays africains. De nos jours, les marchés africains sont inondés de produits asiatiques et cela dans tous les secteurs économiques et de façon légitime. Le libre échange, principe de commerce prôné par les occidentaux, ne commande -t-il pas l’ouverture des marchés ?

Dans le secteur textile au Burkina Faso par exemple, ainsi que celui des cyclomoteurs, les produits chinois sont les plus visibles et les plus compétitifs du point de vue de leurs coûts. La même situation s’observe dans d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest comme le Mali, le Niger et le Sénégal. Leurs populations, qui perçoivent en général de faibles revenus, ont recours aux produits asiatiques. Mais la croissance de la Chine n’a pas que des avantages.
La Chine a démontré à la face du monde, grâce à sa stratégie de commerce, parfois appuyée de dumping que le libre échange peut être un piège ; piège qui favorise les pays développés et entame l’économie des pauvres. La concurrence en tant que telle n’est pas en cause.

Le libre échange, un piège

Lorsqu’elle est faite entre pays de niveau de développement comparable, elle peut impulser un dynamisme. Par contre l’ouverture des frontières entre pays de développement inégal a des effets destructeurs sur les moins avancés. En effet, le choc entre un pot de terre et un pot de fer se termine toujours au détriment du premier. D’où le rejet des Accords de partenariats économiques (APE) par certaines populations africaines.

La Chine est en train de s’imposer sur le marché africain tout en sachant que sa propre croissance a été possible grâce à des échanges commerciaux bien peu libres. En effet jusqu’à ces dernières années, l’économie de la République populaire de Chine a été très sélective, protégée donc.

Ce pays, le plus peuple du monde, ne se limite pas uniquement aux échanges commerciaux et à l’achat de matières premières. Il accorde d’importants prêts aux Etats africains les mettant ainsi sous sa coupe car “la main qui reçoit est forcement sous celle qui donne.” Les dettes sont ainsi distribuées, même aux pays qui n’avaient pas pu rembourser leurs anciennes dettes et en avaient été graciés.

On se demande si on est en train d’assister à une autre colonisation et quand l’Afrique sortira du cercle dettes-remboursement. En outre, la Chine exploite les ressources des pays sans se soucier de la souffrance des populations. Il en est ainsi au Darfour. Ce comportement est condamné par la communauté internationale. “La Chine souligne qu’il n’existe ni modèle invariable ni norme en matière de bonne gouvernance.”

S’est justifié Pékin. Alors vigilance ! Ce pays n’est pas sur le continent pour distribuer gratuitement des richesses qu’il a acquises au prix d’énormes efforts de travail de ses fils et filles, pendant des années. Mais au contraire les fructifier et poursuivre son développement et sa croissance de plus bel. Espérons toutefois que le G8 qui s’est réuni les 7 et 8 mai passés lui a fait entendre raison quant à la nécessité d’exiger de leurs partenaires le respect d’un minimum de droits humains ou de conditions sociales préalables à leurs aides ou prêts.

Séraphine SOME

Sidwaya

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Vos commentaires

  • Le 11 juin 2007 à 18:50, par yamyélé En réponse à : > Afrique : Où va la Chine ?

    Les chinois sont pires que les colonisateurs et ils bouffent tout en plus. Donc attention à nos vaches, chèvres, moutons, porcs, volailles, serpents, cafards, mouches, etc.... Et puis que signifie ce dragon qui crache le feu ? C’est un film de Shaolin non ? En tout cas ce feu là ne sera pas craché sur le Burkina comme d’autres en avaient eu envie !!!! Tant que le Blaiso est là, nous on est là et gare à celui qui va tenter de toucher même un seul de ses cheveux.......Ngaow !!!

  • Le 12 juin 2007 à 08:35 En réponse à : > Afrique : Où va la Chine ?

    Poignante analyse Madame Some. Bravo pour cette perspicacite et ce travail bien fait.

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