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Assemblée nationale : La rupture malgré la continuité ?

Publié le samedi 9 juin 2007 à 09h08min

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Roch Kaboré

La quatrième législature a pris son envol avec la validation, lundi dernier, du mandat des députés élus lors du scrutin du 6 mai dernier. Sitôt ce premier acte posé, les parlementaires ont cherché un successeur au Rocco, qui a conduit le parlement de la troisième législature.

Demi-surprise, c’est le même homme qui a la charge de conduire la destinée du parlement pour les cinq ans à venir. C’est une sorte de changement dans la continuité. Roch Marc Christian Kaboré rentre dans l’histoire comme étant le seul président d’Assemblée de la IVe République à se succéder à lui-même.

Cependant, les défis ne sont pas les mêmes pour cette législature que pendant la précédente et RMCK sait qu’il joue gros pour ce deuxième mandat. C’est, en réalité, le quinquennat parlementaire qui va déterminer son avenir politique. On sait, en effet, que cette reconduction à la tête du parlement le maintient dans les sphères de décision. Il a ainsi la possibilité de jouer crânement sa carte personnelle au moment où on évoque, timidement certes, mais tout de même, la succession du président Blaise Compaoré.

L’actuel chef de l’État achève son premier mandat de cinq ans dans trois petites années et entreprendra à partir de 2010 le virage de tous les dangers. C’est l’occasion rêvée pour tous ceux qui aspirent à être calife à la place du calife de placer leurs pions.

Roch Marc Christian Kaboré pourra, de son poste stratégique de chef de parlement, tirer les ficelles pour tirer ses marrons du feu. Cependant, rien n’est gagné d’avance et tout ne lui sera pas donné comme à un prince héritier. Et c’est tout l’enjeu de ce mandat. Le Rocco devra travailler à se valoriser à la tête du parlement et à y démontrer sa capacité à imposer son rythme.

En fin politique, il doit certainement savoir que son maintien n’est pas du goût de tous les caciques qui entourent et influencent le grand boss. Ses moindres gestes seront pesés et soupesés pour y déceler des signes supposés de défiance vis-à-vis de l’autre car, en dépit de la puissance qu’on lui prête, il n’a accédé de nouveau au perchoir qu’avec la bénédiction de l’enfant terrible de Ziniaré. La confiance placée en lui découle certainement de sa gestion du parlement sans trop de fanfare.

Son deuxième mandat ne pourra pas s’accommoder de la même approche. Il va falloir au président du CDP qu’il accepte d’aller au charbon et prendre des coups. Dans tous les cas, il a maintenant le dos au mur. La lutte de clans au sommet ne fera que se durcir davantage et ses frères ennemis du mégaparti ne lui feront pas de cadeau. Ils pourront même le pousser à la faute. C’est pourquoi l’opinion attend qu’il donne un contenu à la feuille de route qu’il s’est fixée.

Il a, en effet, annoncé deux mesures importantes dont la moins difficile à appliquer semble être l’obligation pour les députés de rendre compte à la base. Par contre, son engagement pour que la quatrième législature s’intéresse particulièrement à la relecture du Code électoral suscite la curiosité de l’opinion. Celle-ci a hâte de savoir si le but premier est de permettre effectivement une plus grande représentation des sensibilités politiques à l’Assemblée pour que le débat s’y mène dans la sérénité républicaine, comme il l’a déclaré à la presse, ou si au contraire il s’agit d’une stratégie pour éloigner l’opposition du cercle de décisions parlementaires.

Pour ce qui est du meilleur contrôle de l’action gouvernementale, les parlementaires du Niger ont pratiquement indiqué la voie à suivre en renversant le gouvernement de Hama Amadou qui disposait pourtant d’une majorité. Il faut peut-être laisser le temps à Tertius Zongo - fraîchement nommé Premier ministre - de faire ses preuves, mais le contrôle peut se faire sans aller jusqu’à l’extrême.
En tout état de cause, le Parlement et son chef jouent leur va-tout. À eux de tenir parole.

Adam Igor

Journal du jeudi

P.-S.

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