Depuis l’annonce des résultats provisoires des élections législatives du 6 mai 2007, les partis et formations politiques, notamment de l’opposition, ne cessent d’organiser des conférences de presse, qui pour crier à la fraude, qui pour fustiger l’organisation même des élections, qui d’autres pour accuser le parti au pouvoir.

La récente conférence de presse organisée par le Groupe du 14 février (G14), avec à sa tête Philippe Ouédraogo, a soulevé un certain nombre de points sur lesquels il est intéressant de revenir.

Primo, selon le G14, la récente victoire du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) serait due à la modification du code électoral, ramenant la circonscription électorale de la région à la province et réduisant à quinze (15) le nombre de sièges à pourvoir sur la liste nationale. Pour Philippe Ouédraogo et les siens, l’existence de circonscriptions électorales à un (1) seul siège de député constituerait un avantage pour le parti majoritaire, en ce sens qu’il se garantit d’office le seul siège et qu’il n’y a pas de reste à prendre.

En effet, dans les circonscriptions électorales à un (1) siège à pourvoir, il n’y a pas de répartition complémentaire de sièges suivant le plus fort reste, puisqu’il n’y en a pas. C’est donc le parti qui vient en tête, en terme de nombre de suffrages, qui l’emporte, et si le CDP parvient généralement à remporter le seul siège, c’est tout simplement parce que sur l’ensemble du territoire national il est arrivé à s’implanter et à acquérir la confiance des populations, fruit d’un travail permanent sur le terrain.

Et c’est cet état de fait que vous refusez de reconnaître, pourtant, c’est si simple ! Mon cher Philippe, il vous suffit donc d’être majoritaire dans les circonscriptions à un seul siège, et vous obtiendrez le seul siège, et ce ne serait pas pour autant que le CDP se plaindra du code électoral ! La preuve est que certains partis, autre que le CDP, ont réussi à s’imposer dans des circonscriptions électorales à un (1) seul siège ! Et d’ailleurs, pourquoi vous vous préoccupez tant des restes ? Si ce n’est que vous n’êtes pas assez fort pour venir en tête dans une circonscription électorale. Au demeurant, quel que soit le mode de calcul des sièges (répartition des sièges), seule votre capacité de mobilisation vous permettra d’en obtenir.

Monsieur le Président, que la victoire du CDP vous inquiète, cela est plutôt inquiétant ! Du moment où vous devriez en toute logique vous inquiéter de votre misérable score, et vous poser la question de savoir si vous méritez d’être toujours à la tête de votre parti. Et il devrait en être de même pour bon nombre d’entre vous.

Du reste, il est bon que vous sachiez que même si la circonscription électorale restait la même que lors des législatives précédentes, le CDP s’en sortirait toujours avec la majorité des sièges.

Secondo, Monsieur le Président du mois du G14, vous avez parlé « d’immoralité politique » pour qualifier la victoire du CDP. Soit vous ne pesez pas vos mots, soit vous êtes de mauvaise foi ! Si vous êtes honnête avec vous-même, une simple introspection de votre part suffirait pour que vous réalisiez que n’eût été la maturité politique du CDP, vous ne seriez pas là où vous vous trouvez aujourd’hui. Car, le plus fort reste a été institué pour permettre à des petits partis comme le vôtre d’accéder à l’hémicycle ! Sinon, il (CDP) disposait d’une majorité capable de faire échec à de telles propositions qui le désavantagent d’ailleurs... !

Vous ajoutez ensuite que sa victoire ne reflète pas le choix des électeurs... De quels électeurs voulez-vous parler ? Certainement de vos électeurs, et c’est en toute logique que leur choix ne reflète pas la victoire du CDP, mais, malheureusement, leur nombre n’était pas assez consistant pour faire peser les choses en votre faveur ! Vous conviendrez donc avec nous que l’immoralité politique dont vous faites cas dépend plutôt de votre position ! C’est donc l’immoralité telle que vous la concevez !

Tiertio, le G14 évoque une éventuelle modification des textes qui sauterait les verrous de la limitation des mandats. Si le G14 a des candidats pour les prochaines élections présidentielles, qu’il garde son souffle et qu’il se prépare à cela, au lieu de passer tout son temps à prendre en « otages les médias » pour justifier ses faiblesses. Vous connaissez votre mal mais refusez de le soigner. Arrêtez donc de polémiquer d’ores et déjà sur une éventuelle modification des textes. Arrêtez, une fois de plus, d’intoxiquer l’opinion politique nationale.

Et revoilà le G14, de nouveau sur la bonne voie pour des échecs futurs, car, il est évident que lorsqu’on se plaît toujours à rejeter la

responsabilité de son échec sur son adversaire, l’on ne parviendra jamais à faire un bon diagnostic de ses propres forces et faiblesses afin de mieux se préparer. Monsieur le Président du mois, et si, pour une fois, l’opposition, dans son entièreté, reconnaissait sa défaite, qui n’est rien d’autre que la conséquence de son incapacité à s’organiser et à proposer un projet de société qui soit en phase avec les préoccupations du peuple burkinabè ! Ne serait-il pas là un acte de bonne moralité politique ?

Oumar Ouédraogo,
Habitant du secteur 14 de Ouagadougou

Le Pays