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Chefferie de Diapangou : Yentiabri répond à Koupiendiéli

Publié le jeudi 31 mai 2007 à 07h50min

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Ce n’est pas une suite des débats sur la chefferie traditionnelle et la politique comme celui qui défraye la chronique ces derniers temps. C’est plutôt une réaction de sa Majesté Yentiabri à un article paru dans notre édition numéro 6877 du mercredi 2 mai dernier, somme toute relatif à la chefferie à Diapangou.

Avec tout le respect que je dois à sa Majesté le Nunbado (chef de Fada) Kupiendiéli, je viens par la présente donner des éléments d’éclaircissement sur un passage de son interview parue dans l’Observateur paalga du 02 mai 2007 Parlant de son nouvel engagement en politique, Kupiendiéli dit : « C’est pour relever un défi que je suis entré en politique : j’ai constaté que certains hommes politiques de la région contestaient mon autorité : il y a quelques années, j’ai nommé un chef, celui de Diapangou (NDLR : localité située à une vingtaine de kilomètres de Fada sur l’axe Ouaga-Fada), et cela n’a pas plu à certains hommes politiques ; un mois après, le CDP a mandaté Justin Tiéba Thiombiano (NDLR : ancien ministre des Postes et Télécommunications et ressortissant de la région) pour venir nommer un autre chef à Diapangou. La volonté de me combattre était évidente, et j’en ai pris acte ».

Suite à ces propos, je viens par la présente porter à la connaissance de l’opinion publique que le CDP n’a pas mandaté monsieur Thiombiano Tiéba Justin pour nommer un chef à Diapangou. Toutes les personnalités présentes le jour de mon intronisation étaient des invités auxquels des cartes d’invitation ont été transmises par les services de mon protocole. Sa Majesté Kupiendiéli elle-même était convié. Je profite de l’occasion pour remercier une fois de plus, tous ceux qui ont honoré de leur présence cette cérémonie coutumière du 08 avril 2005.

Je viens par la présente rappeler à sa Majesté Kupiendiéli qu’il n’existe pas de liens de vassalité entre le diéma de Nungu et celui de Diapangou. En se référant à l’histoire, c’est bel et bien les souverains de Diapangou qui sont intervenus souvent à Nungu pour placer ou replacer des princes ou des rois en difficulté face à des usurpateurs de pouvoir.

Cette lignée qui a ainsi vécu sous l’aile protectrice des souverains de Diapangou est d’ailleurs bien connue de tous dans le Gulmu. Je lui rappelle, à la suite du contenu de la lettre que les membres de la cour royale de Diapangou lui ont adressée le 19 février 2005, que depuis l’origine de la dynastie, il a toujours existé un Collège électoral de sages à Diapangou qui statue sur les dossiers de candidature. C’est cette structure qui, après différentes consultations (mystiques notamment), désigne le futur roi.

Le Nunbado en sa qualité d’aîné ne fait qu’entériner la décision du Collège de sages de Diapangou. En jetant un regard rétrospectif dans l’histoire, Kupiendiéli, peut-il citer un exemple de chef de Diapangou qui a été directement intronisé par le Nunbado dans son palais ? Le rôle du Collège électoral des sages est très important dans la désignation des futurs rois. Qui est mieux placé que cette structure pour instruire les différents dossiers de candidature ?

Les membres du Collège sont des sages qui, en plus de leur pouvoir divinatoire et de la maîtrise de la science ancestrale, connaissent très bien les postulants. Ils arrivent à détecter les candidats valeureux avant de choisir celui qui sera à même de conduire les populations vers un avenir meilleur.

Les travaux de l’historien Georges Y. Madiéga sur le pays Gulmancé démontrent de manière scientifique l’autonomie de Diapangou par rapport au Nunbado. Sa Majesté Yentangu, frère aîné de Kupiendiéli, interpellé en 1989 en qualité de médiateur dans la crise de succession au trône de Diapangou, avait sagement et en démocrate visionnaire, recommandé le vote populaire pour départager les postulants.

Kupiendiéli, pour des raisons qui lui sont propres, n’a même pas voulu proposer une telle solution. En réalité, les personnes avisées savaient que l’intervention de Kupiendiéli dans les affaires coutumières de Diapangou et d’autres localités bien connues visait à préparer le terrain pour ses ambitions politiques. Il s’agissait pour lui, de nommer coûte que coûte des chefs à sa dévotion quand bien même ceux-ci ne seraient en phase ni avec les coutumes ni avec les populations.

Il faut donc analyser les choses dans le bon ordre plutôt que de chercher des alibis après coup. Je reste, tout comme les membres de la cour royale, à la disposition de toute personne qui souhaiterait avoir des informations sur les procédures de désignation des rois dans le diéma de Diapangou.

Diapangou, le 25 mai 2007

Sa Majesté Yentiabri

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 31 mai 2007 à 11:25, par Rémi En réponse à : > Chefferie de Diapangou : Yentiabri répond à Koupiendiéli

    Voici ce qui arrive quand les chefs coutumiers descendent dans l’arène de la politique politicienne...

    • Le 31 mai 2007 à 16:24, par LaPlume En réponse à : > Chefferie de Diapangou : Yentiabri répond à Koupiendiéli

      Je dirai meme c’est le debut du feu quand le traditionnel se perd dans la politique politicienne !! C’est quand meme dommage pour l’Afrique qu’il faut se referer a des ecrits historiques etrangers pour nous resituer nos propres traditions-sigh... Donc avant il y a jamais eu d’intronisation a Diapangou avant ?? Ne peux-ton pas situer les responsabilites et juste faire comme de "coutume" ??
      Je le disais, il ne faut pas souiller la tradition car, celle la ne connait pas "parler" seulement, il y a des elements quand on les evoque le feu va tomber sur la tete de certaines personnes et on n’est pas loin de reglements de comptes mystiques d’abord ensuite...
      Evitons de jouer avec le feu, s’il vous plait regler cela a l’amiable, c’est la meme tradition, vous etes tous des freres du Gulmu, quittez dans politiques la !!!

    • Le 31 mai 2007 à 16:28, par LaPlume En réponse à : > Chefferie de Diapangou : Yentiabri répond à Koupiendiéli

      CORRECTION : je voulais dire c’est dommage qu’on se refere a l’histoire ecrite pour regler des problemes de traditions. Car G.Y Madiega est historien de l’ex-Haute Volta(Burkina). Mais c’est domage que nous en arrivons a des rappels historiques deja faces a nos traditions. QUe la paix regne entre les freres du Gulmu !!

      • Le 1er juin 2007 à 17:15 En réponse à : > Chefferie de Diapangou : Yentiabri répond à Koupiendiéli

        J’aimerais bien lire les avis du Pr. Basile Laetare Guissou et du journaliste Michel Ouedraogo sur cette situation ou la politique est visiblement en train de fragiliser la chefferie coutumiere.

        • Le 7 juin 2007 à 20:32, par Lucie OUEDRAOGO En réponse à : > Chefferie de Diapangou : Yentiabri répond à Koupiendiéli

          Que c’est triste ! quand on dit que les chefs traditionnels et religieux doivent rester en dehors de la politique ce n’est pas par mepris de leur capacite a la faire. C’est tout simplement pour qu’ils puissent continuer a jouer leur role de rassembleur des populations toutes tendances confondues. Les chefs coutumiers surtout ont ete utilises et continuent d’etre utilises par les politiciens surtout ceux du parti majoritaire pour conquerrir l’electorat. Avec tout le respect que je dois a ces chefs, il faudrait qu’ils sachent que l’autorite coutumiere dont ils beneficient et usent a leur bon vouloir aujourd’hui a ete cree et entretenue par leurs parents, leurs grands parents et leurs ancetres les plus eloignes. Aujourd’hui, ils doivent avoir a l’esprit qu’ils ne sont que passagers et qu’ils ont l’obligation de garder haut le flambeau de cette chefferie coutumiere afin qu’elle soit toujours respectee par les populations. La politique va vous retirer votre autorite, elle va vous fragiliser et vous ne representerez plus rien pour les populations.

          Au temps de la revolution vous avez crie que les revolutionnaires vous manquaient du respect, ils voulaient faire disparaitre la chefferie, etc.. Mais aujourd’hui c’est vous memes en tant que chefs qui etes entrain de vous detruire. Votre autorite n’est plus respectee par l’ensemble de vos populations pour la simple raison que ne representez plus l’ensemble de ces populations. Vous representez ceux de votre bord politique. A partir de ce moment vous ne pouvez plus vous attendre a un respect venant des autres car ils ne vous considere pas non plus comme leur chef.

          Le CGD a fait une etude sur la place et role de la chefferie traditionnelle dans le processus de democratisation. La chefferie a refuse de participer au seminaire de restitution des resultats de cette etude. Mais c’est une fuite en avant. Ils doivent avoir le courage d’analyser en toute lucidite cette question. Ils sont entrain de jouer a la politique de l’autruche. Cette politique les emportera tous. Quand les populations qu’ils adorent tant appeler leurs "sujets" contesteront leur autorite et ne leur voueront plus aucun respect, ils comprendront leur douleur.

          • Le 21 juin 2007 à 17:48, par thiom7 En réponse à : > Chefferie de Diapangou : Yentiabri répond à Koupiendiéli

            Je suis tout fait d’accord avec vous Madame ; on ne peut qu’attendre tristement la fin de la cheferie traditionnelle dans notre pays. Parce que, avec ces chefs traditionnels "modernes" qui parlent le gros français et qui se disent intelectuels on n’aboutira pas à autre chose qu’à la mort définitive de ce qui est le garant de notre memoire traditionnelle.
            Ils se croient démocrates mais ils ignorent la signification de la cheférie traditionnelle ;
            Ils s’étonnent que leur autorité ne soit plus respectée mais ils savent semer les graines de la division en prenant partie pour tel ou tel parti ;
            Qu’ils soient prêt car la fin est proche.
            Cependant j’en appel à la raison de tous les politiciens du burkina, je les suplie de laisser notre patrimoine traditionnel là où ils l’ont trouvé ; cad hors de la politique.

  • Le 5 juin 2007 à 13:02 En réponse à : > Chefferie de Diapangou : Yentiabri répond à Koupiendiéli

    En fin de compte, on peut tout justifier.
    Si l’Eglise et l’Etat sont separés (par la constitution) dans la plus part des pays du nord, ce n’est pas pour rien.

    Les chef coutumiers, dans le passé qui reprentaient l’autorité, le garant de la morale, le lien entre le peuple, le marabout et les ancetres etc. ne peut pas faire de la politique :
    - Les sujet du chef doivent aveuglement lui obeir. Si le chef dit de voter CDP, les sujet n’ont pas le choix.
    - Les membres du village, pour des raisons de tradition et de peur ne peuvent pas voter contre le Chef. Ils n’ont pas le choix. Et là ce n’est plus de la democratie.

    N’avez vous pas entendu parler de villageois bannis, parce qu’ils se sont inscrit dans un autre parti politique que le chef ?

  • Le 7 juin 2007 à 13:12, par Yves KINDA (France) En réponse à : > Chefferie de Diapangou : Yentiabri répond à Koupiendiéli

    C’est un peu amusant que ce soit en période électorale et post électorale que toutes ces histoires de division au sein de la chefferie traditionnelle surgissent. Depuis quand les chefs se querellent-ils en public ? Ce sont en tout cas de très beaux exemples de dignité que nos chefs traditionnels nous montrent. Politique quand tu nous tiens...
    Mais comme a dit un artiste ivoirien, "le champagne est bon dans la bouche de tout le monde", et particulièrement dans celle de nos chefs, suis-je tenté d’ajouter. Un peu de dignité messieurs !

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