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Libres propos : "En politique, la trahison n’est qu’une question de temps"

Publié le mercredi 30 mai 2007 à 08h30min

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Suite à l’article du vice-président du Mouvement des jeunes libéraux (MJL) au sujet d’Hermann Yaméogo, Aristide Ouédraogo y réagit à travers les lignes qui suivent pour exiger le respect pour ce dernier dont l’action dans le processus démocratique n’est pas à oublier.

Je voudrais réagir et apporter ma contribution au nom de la démocratie que nous sommes tous en train de construire et de renforcer certes, mais à reculons, afin d’éclairer un peu la lanterne d’Adama Ouédraogo, le vice-président du Mouvement des jeunes libéraux (MJL).

Ma démarche n’est pas de rentrer dans une polémique désuète et stérile ni de m’ériger en donneur de leçons. Mais je pense que pour plus d’égard et de respect pour Me Hermann Yaméogo, Ouédraogo Adama devrait, à l’avenir, observer une attitude digne et responsable, traduisant peut-être sa bonne éducation.

Nous sommes dans un Etat de droit et pour cette raison chacun ou même un parti a le droit d’adopter la position qu’il juge la plus à même de refléter sa politique. L’ADF-RDA en a fait autant, mais elle ne s’en plaint pas outre mesure ?

La démarche d’ensemble, je le crois, est de bâtir le Faso, sinon beaucoup pouvaient aller à l’étranger et pourrir l’atmosphère surtout à l’intérieur. Bref ! si certains pensent que les élections au Burkina ne sont pas entachées d’irrégularités et que notre processus démocratique est parfait, c’est leur droit. Mais nous avons d’abord ensemble le devoir, enfin pour ceux qui y croient, d’amener nos compatriotes à s’intéresser à la chose politique pour préserver la paix et la concorde.

Quand le 1er juillet 2001, les députés votaient la loi n°014/2001 au terme des travaux des deux commissions des réformes politiques et institutionnelles qui mettaient en place un code électoral de consensus, personne n’est sorti dans la presse remercier Hermann Yaméogo.

En effet, après s’être retiré avec son parti du Collectif des partis politiques et des organisations de masse, il a beaucoup œuvré pour le retour de la paix en faisant des propositions concrètes telles : le bulletin unique, le mode de scrutin à la proportionnelle, la configuration de la CENI première formule sans la société civile, etc. par ses délégués sur le site du SIAO.

Même si en son temps nous avions une CENI de rêve, personne ne pensait que le fait de laisser la société civile entrer au sein de cette structure, et même diriger l’institution, allait conduire certains commissaires de la CENI à se comporter comme des adversaires farouches de certains hommes politiques de l’opposition. Sic vos non vobis.*

Quand le 24 avril 2004, le parti au pouvoir procédait à la modification du code électoral ramenant la circonscription électorale à la province, consacrant ainsi le recul de notre processus démocratique, combien sont sortis pour dénoncer la fuite en avant du parti au pouvoir ? Malgré cette révision extraordinaire, certains partis se sont vus obligés de planifier de façon machiavélique une fraude électorale sans commune mesure, le 6 mai 2007, sur toute l’étendue du territoire.

Faut-il cautionner le bordel démocratique ?

Je ne suis ni militant du Parti de Me Hermann Yaméogo, ni sympathisant de certaines de ses idées, mais vous ne pouvez pas, monsieur Ouédraogo, vous prétendre plus patriote que Me Hermann Yaméogo, d’autant que vous êtes sûrement un fusil d’assaut AK47 dans les mains de quelqu’un tapi dans l’ombre, ou peut-être que votre expérience politique ne vous permet pas pour le moment de comprendre et de connaître les subtilités politiques ou même de retenir les actes hautement symboliques posés par certains responsables politiques.

Me Hermann Yaméogo est loin d’être un sain politique et c’est là que cela commence à être très intéressant. On ne vient pas en politique comme on entre dans un monastère, et en politique, comme le disait un politicien français, du siècle passé, la trahison n’est qu’une question de temps.

Pendant que la fine fleur de nos alchimistes politiques au pouvoir sont en train de tout mettre en œuvre pour que la paix revienne au Togo et en Côte d’Ivoire, ils ferment les yeux sur ce qui peut constituer un foyer de tension irréversible dans notre pays comme ça l’a été dans ces pays.

Le Togo est en train de se doter d’une CENI que toute l’Afrique est en train d’envier sous les bons auspices de Blaise Compaoré, alors qu’au Burkina on nous dit de faire avec et de fermer les yeux. Quand à la Côte d’Ivoire, le même Hermann fut traité de tous les noms d’oiseaux de mauvais augure quand il soutenait que notre pays avait une part de responsabilité dans la crise. Il n’a pas fléchi malgré les phrases incendiaires, les injures et les brimades de toutes sortes. II a même soutenu que la résolution de la crise passait par Ouagadougou et nous y sommes arrivés.

Que voulez-vous ? Que l’on cautionne le bordel démocratique de notre pays au risque de se faire taxer de piètre politicien sans vision quand ça va péter ? Ou bien le fait que le parti de Me Hermann Yaméogo n’est pas représenté dans la nouvelle Assemblée ainsi que d’autres têtes pensantes et caciques de l’opposition gène-t-il quelqu’un ou un parti ?

Ne nous trompons pas de combat s’il vous plaît, mais sachez reconnaître la part de contribution de tout un chacun dans les avancées démocratiques de notre pays, minimes soient-elles, pour peu que l’on soit de bonne foi. Cela ne coûte rien et ça ne dérangera personne. Il nous faut, à nous aussi, un arrêt pour discuter et renforcer notre processus démocratique en panne afin d’accompagner dans la paix et la concorde les pays que nous aidons à retrouver la paix.

Vive le Burkina et vive la paix.

Aristide Ouédraogo

• Du latin : "ainsi vous travaillez mais non pour vous"

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