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Relations franco-africaines : A rupture, rupture et demie

Publié le mardi 29 mai 2007 à 07h40min

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Sarkozy et Bongo

Après l’élection de Nicolas Sarkozy le 6 mai dernier, comme 6e président de la Ve République française, l’on se demandait qui serait le premier chef d’Etat africain, notamment du pré carré, à aller rendre visite à son homologue frais émoulu.

C’est bien connu, ces princes qui nous gouvernent sont, en effet, toujours pressés d’aller sur les bords de la Seine boire l’eau de l’étranger quand un nouveau locataire s’installe à l’Elysée.

Dans cette course de vitesse édition 2007, c’est finalement Ellen Johnson Sirleaf qui sera arrivée la première, rue du Faubourg Saint Honoré. Pour une surprise, c’en était plutôt une. Car le Liberia, ce n’est pas vraiment la Françafrique, et c’est sans doute aussi pour cela que cette visite était hautement symbolique.

Mais, raison plus importante, Ellen Sirleaf est la première femme élue chef d’Etat en Afrique ; ensuite, elle a fait de la bonne gouvernance et de la lutte contre la corruption ses chevaux de bataille, ce qui ne doit pas déplaire à Nicolas Sarkozy, qui a promis d’épousseter les relations franco-africaines, quasi mafieuses.

Et cerise sur le gâteau, cette ancienne fonctionnaire internationale, une libérale convaincue, a, pour le moins, des atomes crochus avec le nouveau champion de la droite française, lequel est, comme chacun le sait, l’ami des grands patrons du CAC 40.

Tout ce qu’il y a de présentable donc aux yeux des nouveaux maîtres de l’Hexagone, qui ont pour ainsi dire rabattu la vieille dame de 68 ans pour qu’elle fasse l’escale de Paris. Car, c’est d’Allemagne où elle séjournait que la présidente libérienne a fait le crochet hexagonal, qui n’était pas dans son agenda initial.

Ce faisant, elle a presque coupé l’herbe sous les pieds à Omar Bongo Ondimba qui, en sa qualité de doyen des chefs d’Etat africains, était attendu le lendemain, et caressait, qui sait, le secret espoir d’ouvrir la liste présidentielle des invités de Sarkozy. Il se défend certes de s’adonner à une querelle de préséance du genre « c’est moi qui devais être le premier », mais on n’est pas obligé de le croire.

A bien y réfléchir d’ailleurs, on peut se demander si, en recevant, la veille, Ellen Johnson Sirleaf, l’Elysée ne s’est pas arrangée pour que l’hôte du palais de bord de mer ne soit pas le premier à fouler le Sarkoland.

Ç’aurait, en effet, fait mauvais genre pour ceux qui prônent la rupture et la redéfinition des relations franco-africaines, d’adouber ainsi celui qui, quoi qu’on dise, représente la vieille Afrique, celle des réseaux, celle du désir d’éternité au pouvoir (ça fait 40 ans qu’il est aux affaires), celle de la mauvaise gouvernance et du manque de transparence, etc.

C’est peut-être pour cela que le dernier dinosaure de la faune politique africaine a dû se contenter d’une deuxième place pour venir faire allégeance au petit chef blanc. Même si, comme il l’a affirmé à sa sortie d’audience, Libreville devrait être, lors de sa première sortie africaine, l’une des escales de Sarkozy président.

A Rupture donc, rupture et demie, car la révolution sarkozyenne a des limites objectives dans cette Afrique où ses petits amis milliardaires (Bolloré, Bouygue...) et de grands groupes français, comme Total, sont particulièrement présents et réalisent quelquefois jusqu’à 20 % de leur chiffre d’affaires. Et ça, ça peut assagir même le plus agité des présidents et mettre un bémol à la révolution diplomatique qu’il prétend vouloir mener dans le berceau de l’humanité.

Agnan Kayorgo

L’Observateur

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Vos commentaires

  • Le 29 mai 2007 à 10:20, par Peace & Love En réponse à : > Relations franco-africaines : A rupture, rupture et demie

    Helas au fur et a mesure que les annees passent les memes rituels continuent.Des dirigeants africains toujours prets etre les leches bottes de leurs homologues occidentaux.Des dirigeants qui au fond ne veulent rien entendre que "vous etiez le premier a lui rendre visite apres son investiture " comme s’il y a vait un marathon ou une course hypique a l’elysee ou encore "vous etes son bras droit en afrique" comme si il y avait une recompense pour cela .Des titres qui ne profitent point ni a l’Afrique ni aux Africains.Des presidents ignorants sont ils(ne sachant pas qu’ils sont des gignols aux yeux de leur homogue occidentaux) et dotes d’une inconscience absolue pour la plus part qui au fil du temps ne font qu’enfoncer notre continent.Si tel n’est pas le cas comment expliquerez vous que le continent africain le plus riche du monde (en terme de ressources)soit le dernier absolue ?De surcroit l’Afrique est l’unique continent ayant subit L’ESCLAVAGE ET LA COLONISATION et le plus ENDETTE et que l’on demande a ce continent de payer la dette ?De quoi faite vous du Sang de nos aieux et nos richesses pillees ?A quelle race appartiennent ces presidents africains qui regnent en afrique qui pour certains depuis 4 decennies continent a faire couler le sang des africains ?Quand est ce comprendront ils qu’il est temps que l’afrique berceau de l’humanite soit respectee et que le salut de ce continent ne reside point dans leur tube tigestif ou dans une amitie sans issue avec la France ?Un seul pays qui malmene tout un continent.J’exhorte tous les africains a continuer le combat ou qu’ils soient afin que le combat de nos grands parents ne soient pas vain et que les generations futurs puissent avoir la tete haute et fieres d’etre des Africains et non des sous hommes.
    "QUE DIEU BENISSENT L’AFRIQUE "

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