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<I>Coups de gueule</I> Production de tomates : l’Etat a démissionné

Publié le jeudi 24 mai 2007 à 07h47min

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Un producteur de tomates s’est suicidé. Sa production ne valait rien à la récolte. Même bradée, il n’aurait pas pu payer sa dette à ses créanciers. Une fin tragique. Il y a peut-être de nombreux cas similaires, mais méconnus du grand public.

Les producteurs de tomates se demandent ce qu’ils ont fait pour mériter un tel sort. Une bonne partie des 60 mille tonnes de tomates sera bradée ou va pourrir dans les mains des producteurs. Ils ont appris à leurs dépens qu’une bonne récolte n’est pas forcément synonyme de bonnes "feuilles".

Et pourtant, l’augmentation de la production de la tomate a été le cheval de bataille du gouvernement, dopée en cela par les nombreux aménagements hydro- agricoles. En aval, tout manque pour une commercialisation de la récolte qui permette aux producteurs de vivre décemment des fruits de leur travail. On n’a jamais autant regretté la fermeture de l’usine Savana qui transformait jusqu’en 2000 une partie des fruits et légumes.

L’Etat a démissionné. Disons-le tout net. Il y a surproduction et celui-ci n’entreprend aucune initiative digne de ce nom pour transformer localement une partie de ce surplus, livrant les producteurs aux commerçants pas toujours honnêtes. Ce sont des milliers de producteurs qui sont en crise cette année et ce n’est pas la première fois.

Un manque de cohérence entre les politiques de production, de transformation et de commercialisation est d’ailleurs relevé par les producteurs eux-mêmes qui ne peuvent pas tout faire. Si l’Etat ne fait pas quelque chose, c’est à une vague de reconversion des périmètres aménagés qu’on va assister.


COUP DE COEUR : Le courage qui manque aux Africains

Plusieurs firmes pharmaceutiques internationales ont récemment essuyé des revers importants. Le camouflet est venu du Brésil et de l’Inde qui ont décidé, au nom du droit à la vie de leurs citoyens, de fabriquer en génériques, des médicaments dont le brevet est détenu par lesdites firmes. Par cet acte, ces pays démontrent aux yeux du monde comment se faire respecter dans le concert des nations.

C’est ce courage-là qui manque souvent aux Africains, incapables qu’ils sont, de couper le cordon de l’assistanat et de défier les grands groupes pharmaceutiques. Car le Brésil prend des risques parfois même diplomatiques en engageant ce bras de fer. En mécontentant les firmes, il se met aussi à dos les Etats développés. Ceux-ci pourraient prendre des mesures de rétorsion, comme la fermeture de leurs frontières à des produits brésiliens.

La décision de l’Inde et du Brésil peut donc avoir des conséquences diplomatiques, mais les deux pays ont décidé de ne pas se laisser marcher sur les pieds, surtout qu’il s’agit de défendre l’intérêt supérieur de leurs populations respectives. Acte à louer à sa juste valeur.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 24 mai 2007 à 17:25, par Alex En réponse à : > <I>Coups de gueule</I> Production de tomates : l’Etat a démissionné

    Ce qui arrive à la production de tomates est représentatif de la crise qui frappe l’ensemble de la filière fruits et légumes du Burkina. Disons le, ceci était prévisible et risque de frapper d’autres secteurs de la production agricole nationale si rein n’est fait. L’Etat a une certaine responsabilité mais cela ne dédouane pas pour autant les acteurs de la filière même qui doivent prendre leur destin en main, surtout que l’Etat semble absent, à l’exception de quelques initiatives dont le résultat jusque là se fait attendre...

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