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Grève au Tchad : Les Tchadiens et leur pétrole

Publié le mardi 22 mai 2007 à 08h12min

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Le vaste mouvement de grève des fonctionnaires tchadiens entame cette semaine sa dernière ligne droite. C’est en effet mardi prochain, 29 mai, que l’action déclenchée le 2 doit prendre fin, après plusieurs semaines d’arrêt de travail plus ou moins suivi.

A l’origine de ce vaste mouvement d’humeur, des revendications portant sur la revalorisation des salaires, des retraites et des allocations familiales. L’Union des syndicats du Tchad, au nom d’une intersyndicale, maintient, depuis maintenant trois semaines, la pression sur les autorités du pays, fortement suspectées de mauvaise gouvernance et d’incurie.

Les syndicats tchadiens sont d’autant plus mécontents que leur pays, après avoir végété, des décennies durant, dans les abîmes du classement, vient de faire son entrée dans le club très sélect des pays producteurs et rentiers de la manne pétrolière.

C’est en effet, l’épineuse question de la redistribution des revenus de l’or noir qui est aujourd’hui posée aux gouvernants tchadiens à travers la grogne d’une bonne part des travailleurs.

Quelques mois après l’épuisement, de ponctions en détournements, de l’éphémère Fonds pour les générations futures, le Tchad se retrouve une fois de plus sur la sellette. Avec un revenu pétrolier estimé à quelque 110 millions de dollars américains en 2004, le pays d’Idriss Deby, devenu riche parmi les pauvres, était censé consacrer une bonne partie de ces sous aux infrastructures, aux questions sociales et plus largement au développement.

Aujourd’hui, faute de changements qualitatifs dans leur galère quotidienne, il est désormais clair pour les descendants de Toumaï, comme pour bien d’autres infortunés riverains du Pactole, qu’or noir rime bel et bien avec opacité.

Pire ! Depuis que le Tchad a mis au jour ses gisements pétroliers, le pays, qui semblait avoir durablement fait la paix avec ses vieux démons, est retourné dans un cycle de turbulences ponctué par des mouvements sociaux et la résurgence de factions rebelles ; à cela s’ajoutent les menaces extérieures comme le Darfour ou la Centrafrique voisine. C’est ce que d’aucuns appelleraient la malédiction de l’or noir.

Mais loin d’un mauvais sort que des esprits chagrins auraient jeté sur la pauvre nation tchadienne, ce chapelet de calamités prend pour une bonne part ses racines dans le sempiternel problème de la gouvernance, plus mauvaise, que bonne. Reste seulement à espérer que ce pays, gâté par les dieux de la géologie, ne se transformera pas en une version locale de l’enfer du delta du Niger.

H. Marie Ouédraogo

L’Observateur

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