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Chef de file de l’opposition : Conseils pour éviter le mauvais choix

Publié le lundi 21 mai 2007 à 07h43min

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Yamlanéba Korogo, enseignant à Tenkodogo évoque ici l’épineuse question de chef de file d l’opposition qui, une fois de plus, refait surface. Pour lui, une chose est claire, il faut opérer le choix logique, afin d’éviter le recul de notre processus démocratique.

"Au regard du score proche du "tuk guili" réalisé par le CDP aux législatives du 6 mai passé à cause des méthodes qu’il nous serait fastidieux de décrire ici et qui sont loin d’honorer notre pays, si en plus la désignation prochaine du chef de file de l’opposition se fait une fois de plus contre toute logique, comme tous les observateurs le redoutent, au profit de l’ADF/RDA, l’on assistera à une exacerbation du malaise à l’intérieur et a l’extérieur, et les plus indulgents à l’endroit du régime finiront de se convaincre que la démocratie burkinabè fait du surplace sinon recule.

Il s’agit pour le parti au pouvoir de se dire une fois pour toutes qu’il n’y a pas de véritable démocratie sans véritable opposition, et qu’a trop vouloir museler son opposition, de peur de perdre un jour le pouvoir, il crée lui-même les véritables germes de l’instabilité. Ne l’oublions jamais, il faut préférer l’alternance à l’instabilité. Or, si l’alternance est le corollaire de la démocratie, le déficit de démocratie conduit à l’instabilité. Et l’instabilité survient rarement dans une démocratie qui fonctionne, ou suscitée par une opposition constitutionnelle. Elle vient toujours du pouvoir lui-même qui s’impopularise, se barricade et s’isole dans un "tango langoureux" solitaire où le surprend généralement l’assaut de la rue. Et cet assaut donne toujours des signes tels la virée nuit de décembre dernier des hommes en tenue, la révolte contre le port du casque ou encore la furia populaire qui a perdu confiance en sa Justice dans l’affaire dite des Kundé.

Il s’agit ensuite pour le poulain ADF/RDA de s’asseoir et de faire une introspection sincère, de se documenter sérieusement sur le sens véritable du mot opposition et de se montrer raisonnable pour ne pas vouloir, comme l’a si bien caricaturé JJ, "du beurre et de l’argent du beurre". Les Mossé, eux, parleraient de l’arc du lutin. En effet, l’imaginaire collectif moaga veut que le lutin qui a passé commande d’un arc souhaite qu’on le lui confectionne court pour que, vu sa propre taille, il ne traîne pas à terre quand il le portera à l’épaule.

Mais, paradoxe, il demande en même temps de le faire suffisamment long pour qu’au passage il puisse accrocher et secouer les branches des karités pour en ramasser les fruits, vu toujours sa taille.

Régler cette affaire qui traîne

Et puis, entre nous, a quoi cela servirait-il vraiment à l’ ADF /RDA d’être le chef de file, au forceps, d’une opposition qui ne veut pas d’elle parce que ne se reconnaissant pas en elle ? Il serait raisonnable de régler comme de grands garçons cette affaire de chef de file de l’opposition qui traîne si longtemps maintenant.

Il s’agit enfin pour tous (le pouvoir, l’opposition qui soutient le pouvoir, l’opposition radicale) de savoir que le pays est à tous et doit aller au rythme d’un train qui est un attelage fait d’une locomotive tirant des wagons. Mais une locomotive seule, même rapide comme le TGV, ayant oublié ses wagons ou croyant n’avoir aucune obligation envers eux n’est pas un train. C’est dans la vraie démocratie, faite de la loi équitable pour tous, et de l’obligation faite à tous de gérer la chose publique avec transparence et responsabilité que le progrès sera continu pour tous et non pour les seuls tenants du pouvoir. "Progrès continu pour une société d’espérance !" Que la formule est belle ! Mais vu l’ambiance générale du pays, on est loin de pouvoir dire autant de son contenu.

C’est en rendant effectif le fonctionnement et en appliquant les recommandations de la batterie de services de contrôle et de régulation créés ostentatoirement par le pouvoir mais qui ne sont que des gouffres financiers ne servant que de planques dorées à des bonzes déchus et de paravents pour les bailleurs de fonds que nous recréeront la confiance avec notre peuple et le remettrons au travail pour la véritable construction nationale. C’est dans la capacité et la faculté de l’opposition, la vraie, de dépasser les calculs et ambitions personnels et prosaïques pour fédérer la myriade de "’partillons" et d’opérer les mutations salvatrices en faisant échec aux manœuvres sismiques des taupes qu’elle se crédibilisera et donnera une véritable alternative au peuple désabusé et désemparé. C’est enfin la prise de conscience de chaque citoyen qu’il a un droit de regard sur la conduite des affaires de son pays et qu’il peut et doit objecter et s’opposer quand cette conduite va contre les intérêts de la majorité qui donne le sens et le ton d’une véritable démocratie."

Yamlanéba Korogo dit Vênsé,
Enseignant à Tenkodogo

Le Pays

P.-S.

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Vos commentaires

  • Le 21 mai 2007 à 17:00 En réponse à : > Chef de file de l’opposition : Conseils pour éviter le mauvais choix

    Trop tard ! C’est déjà fait... Je vois mal ce strapontin échapper à l’ADF-RDA, pour le plus grand malheur de notre démocratie !

    • Le 21 mai 2007 à 18:57 En réponse à : > Chef de file de l’opposition : Conseils pour éviter le mauvais choix

      on s’en fou si l’adf s’auto-proclame chef de fil de l’opposition.
      ça ne fera ni chaud ni froid aux vraies democrates de ce pays que nous sommes.Mais elle s’opposera
      à qui ?
      Y’a bien longtemps que la morale n’existe plus au faso.

    • Le 21 mai 2007 à 19:42 En réponse à : > Chef de file de l’opposition : Conseils pour éviter le mauvais choix

      Je ne suis pas d’avis avec vous. C’est vrai qyue l’ADF/RDA , depuis Hermann en passant par Gilbert n’a jamis eu de moralite politique digne de ce nom, mais Gilbert a dit soutenir Blaise Compaore, et c’est fort de cette position que les gens ont vote pour l’ADF, un comme L’UPR a eu 5 deputes a cause du soutien au President du Faso. Ils sont tous de la mouvance presidentielle. Le parti d’OPPOSITION ayant engrange le plus de voix est l’UNIR/MS, a qui revient le role de chef de file de l’opposition. En Plus, Gilbert a rejete et renie ce poste il y a 2 ans dans la dynamique de son soutien au President Compaore, et en homme de principe, comme il semble etre, il est juste et bonn qu’il reconnaisse son incapacite a diriger une opposition. Il lui manque la matuirite politique pour le faire. Il est juste la-bas pcq son pere yu a ete, et la politique ne doit pas faire partir des biens a heriter. Vous auriez ete fils de l’autre que vous auriez peut-etre mieux fait. Maitre Sankara, a tout de meme montre du merite en se battant de son propre chef pour acceder la ou il est. Du reste, ce meme maitre Sankara etait No 2 apres les elections presidentielles alors que Gilbert soutenait le CDP. Il a tres mal com[pris la [p-olitique. Il n ;est qu’aun agneau parmi les felins politiques comme Salif Diallo, qui, meme si on ne l’aime doit etre reconnu pour son role de grand stratege politique.

  • Le 22 mai 2007 à 14:31 En réponse à : > Chef de file de l’opposition : Conseils pour éviter le mauvais choix

    Il faudra aussi penser à un chef de file de la majorité

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