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Chef de file de l’opposition : Parer aux plus urgents

Publié le vendredi 18 mai 2007 à 07h48min

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Avant même que le Conseil Constitutionnel ne valide les résultats du 6 mai 2007, déjà, les partis politiques se disputent le titre de chef de file de l’opposition. A qui doit échoir ce titre qui semble glorifier son porteur et qui au fond « n’est qu’une coquille vide » pour reprendre l’expression de l’autre ?

Si l’on fait fi des différentes conjectures pour ne s’en tenir qu’à la loi, la question ne se poserait pas d’autant que le nombre de sièges des partis en décide cependant...

La problématique du statut de chef de file de l’opposition sera encore posée à cette quatrième législature naissante si l’ensemble des acteurs politiques ne s’accorde pas. Et pour cause, l’institution chef de file de l’opposition telle que établi par la loi pose un certain nombre de difficultés dans son application.

Pour le professeur Luc IBRIGA, « il faut que dès le début de la législature, le statut de chef de file de l’opposition soit attribué. Que cela ne soit pas l’objet comme de par le passé de la manipulation. Si on veut véritablement qu’il y ait un statut de l’opposition et un chef de file de l’opposition, il faut que l’on revoie la loi parce que la loi, est lacunaire, elle comporte beaucoup d’ambiguïtés ». La loi dit que, le chef de file de l’opposition est le parti d’opposition qui aura obtenu le plus grand nombre de sièges au parlement.

De ce fait, si les résultats se confirment, l’ADF/RDA sera la deuxième force politique du Burkina après le CDP. Avec ses quinze députés, le parti de l’éléphant devrait revêtir les habits du chef de file de l’opposition. Le hic, c’est que tant que ce parti continuera à siéger dans le gouvernement, en aucun cas il ne saurait être considéré parti d’opposition. « Le chef de file de l’opposition sera le parti qui a obtenu le plus grand nombre de voix et qui conteste la politique du gouvernement. C’est dire donc qu’on ne peut pas être dans le gouvernement et se dire de l’opposition surtout s’il ne s’agit pas d’un gouvernement d’union nationale.

On aurait compris que, en période de crise, le péril fasse en sorte que l’ensemble des forces politiques s’unissent, en ce moment on comprendrait que le chef de file soit dans le gouvernement parce que c’est un gouvernement, d’union nationale pour sortir le pays de la crise. Si d’aventure l’ADF/RDA devait rester dans le gouvernement elle ne peut pas se prévaloir du titre », a soutenu Luc IBRIGA. Il reviendrait alors au parti d’opposition qui a le plus de sièges après l’ADF/RDA de disposer du titre.

En l’occurrence l’UNIR/MS. Mais à ce niveau également se posera le problème de la légitimité de ce parti d’opposition aux regards des dispositions que prévoit la loi. Selon la loi, en effet, le chef de file de l’opposition prend place dans le protocole d’État lors des cérémonies de réception. Cet article qui confine « le chef » dans un poste purement protocolaire ne résout pas les questions de comment il est désigné ?qui le désigne ? A quel moment ? Pour quelle tâche ? Quels sont les droits qui lui sont reconnus etc.

Mieux, les partis sankaristes ne disposent pas du nombre d’élus recquis par la loi pour former un groupe parlementaire Et comme le soutient notre spécialiste de la question : « La loi n’a rien défini dans le cadre des relations entre le chef de file de l’opposition et les autres partis de l’opposition. Il faut que cela se structure. Quel est son rôle ? Est-ce celui de simple porte-parole ? Ou est ce que c’est sa fonction de leader qui lui permettra de parler au non de l’opposition ? Quand on regarde dans les faits un chef de file de l’opposition dans une opposition émiettée, à idéologies différentes, on se demande véritablement comment cela va fonctionner.

Si sur le plan idéologique on a, comme c’est le cas actuel des gens qui se réclament du libéralisme, d’autres du sankarisme, d’autres du communisme sans oublier les écolos, comment il sera possible d’avoir un point de vue qui incarne celui de l’opposition ? Il sera difficile avec notre mode de scrutin d’avoir un chef de file de l’opposition qui puisse fédérer l’opposition compte tenu des divergences idéologiques que l’on constate. »

C’est certainement en bon visionnaire et en bon homme de droit que Me Gilbert OUEDRAOGO de l’ADF/RDA a préféré en son temps travailler dans le gouvernement que de s’égosiller pour un titre sans symbole. Il sera donc plus sérieux et plus responsable pour les partis de l’opposition de se battre pour avoir un statut clair à même de les conduire à un choix d’un chef de file qui pourra les représenter valablement et légitimement.

Par Frédéric ILBOUDO

L’Opinion

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Vos commentaires

  • Le 2 septembre 2007 à 13:34 En réponse à : > Chef de file de l’opposition : Parer aux plus urgents

    Chers amis et compatriotes lecteurs du Fasonet,

    Pensez-vous que le sort pitoyable actuel de l’état des routes, des voiries, des infrastructures sanitaires, eau potable... etc... à Ouaga et sur l’ensemble du territoire milite pour l’émiettement entre le gouvernement actuel et les différents partis d’opposition au Burkina Faso.
    Je continue à penser, sans aucune naïveté, tout comme le rédacteur de cet article, que Me Gilbert Noël OUEDRAOGO a fait le bon choix de collaborer étroitement avec le pouvoir du Président COMPAORE pour essayer d’endiguer, autant que faire se peut, la misère de nos frères burkinabé. Les problèmes socio-climatico-économico-politiques du Burkina ne peuvent trouver leurs solutions qu’à travers un grand plan "marchal", je dirai plutôt, un gigantesque "PLAN COMPAORE" pour venir à bout des besoins les plus élémentaires de nos concitoyens. Je suis parfaitement disponible sur l’élaboration d’un tel plan, aux fins d’apporter ma construction à cette oeuvre salvatrice pour le Burkina. Me Paul Kéré, Avocat au Barreau de Nancy.

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