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Election présidentielle en France : Retour sur la défaite programmée du Parti socialiste (PS)

Publié le vendredi 18 mai 2007 à 06h55min

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Généralement dans les pays développés où tout le monde est instruit et est capable de suivre la chose politique, la population accorde rarement plus de deux mandats d’affilée à un parti politique. Donc après douze ans à droite, on pensait que le pouvoir allait balancer à gauche aux élections de mai 2007.

Sous la houlette d’un certain Sarkozy, la droite a promis de réinventer la France et a convaincu l’électorat. La gauche va devoir attendre cinq ans encore. Quelles sont les raisons de cette défaite ?

« Ségo », la star, il y a quelques mois, ils étaient nombreux dans l’Hexagone et ailleurs, ceux qui pensaient que la France allait être dirigée par une femme. Surtout dans les milieux féministes, on avait commencé à parler « d’ère de femmes », « de soleil des femmes, » en faisant allusion à l’avènement de femme à la tête des affaires en Allemagne, au Liberia,...

C’est sans compter avec Sarkozy, ancien ministre de la Sécurité, homme d’action, politicien aguerri, beau parleur, il est considéré dans les banlieux des grandes métropoles comme le loup du gouvernement. Sa tristement célèbre phrase « on va vous débarrasser de cette racaille » qui lui a déjà coûté des milliers de véhicules brûlés et qui l’accompagnera durant son mandat, si ce n’est toute sa carrière politique. Mais comment la poudre de l’arme fatale du PS a pris l’eau ?

Le complot des sondages

L’influence des sondages sur le vote est réelle, car entre les militants convaincus de deux partis politiques, il y a ceux qu’on appelle les indécis qui, dans le cas de la France, peuvent atteindre 10% du corps électorat. Généralement ils ne s’affichent pour aucun parti politique. Si aucun discours ni aucun programme ne les convainc jusqu’au jour des élections, deux réactions possibles se manifestent en eux :
- ils ne vont voter : là, c’est le taux d’abstention qui va croître.
- ils vont voter pour celui qui est désigné par les sondeurs comme étant favori, question de se s’aligner derrière la majorité.

Donc les sondages peuvent contribuer à faire et à défaire des élections dans un pays où tout le monde comprend le jeu politique comme en France. Quoique l’on pense et quoique l’on dise, les sondeurs sont des hommes et naturellement peuvent avoir des préférences. Il n’est donc pas à exclure un complot orchestré par l’UMP et les services de sondage contre le PS quand on connaît les capacités d’action de Sarkozy. Sinon, comment peut-on comprendre qu’avant les élections des primaires, Ségolène était désignée comme la meilleure carte du PS et dès qu’elle a été désignée, les données ont changé en faveur de Sarkozy jusqu’aux élections.

Ségolène est une femme

On est aujourd’hui dans un monde où le courant féministe est en pleine ascension. Aucun homme surtout pas politique n’ose ramer à contre- courant au risque de se faire taxer de tous les pêchés.
Les analystes politiques disent pourtant que les Français ne sont pas prêts à se faire gouverner par une femme, question de mentalité. Cette assertion, si elle est vérifiée ne doit pas échapper aux cadres du Parti socialiste. Mais pourquoi Ségolène a remporté les primaires ? Deux raisons peuvent expliquer sa victoire dans sa famille politique :
- les militants du PS se sont laissés emporter par l’effet de mode. La montée fulgurante des femmes en politique ces dernières années a certainement plané sur le vote.
- l’influence des sondages a été déterminante dans le choix de la candidate PS.

On se rappelle qu’aux élections d’il y a cinq ans, le candidat du PS n’a pas franchi le premier tour. Cette fois-ci, il fallait trouver un as capable de redessiner le PS de façon à séduire les Français et lui donner une victoire.

Les sondeurs ont désigné Ségolène, peut-être de bon cœur, peut-être pas, toujours est-il que la famille PS s’est laissée influencée. Les français ne sont pas les Allemands et la politique n’est pas une affaire de mode.

Le choc des primaires a fragilisé le PS

La désignation de Ségolène comme candidate du PS avec plus de 60% de voies devant Laurent Fabius n’a pas été sans conséquence pour la suite de la compétition. A ce que l’on a pu constater, Ségolène n’a pas su garder les pieds sur terre. Elle a cru à sa volonté, à son énergie et à sa popularité, oubliant que la course à la présidence est un combat d’équipe. C’est ce qui peut expliquer la lourdeur de certains « éléphants » pendant la campagne. L’un d’entre eux n’ayant pu contenir sa colère le soir de la défaite a dit que « le PS, ce n’ est pas je, mais c’est nous ». Lors de ses voyages d’avant campagne en Chine, au Proche-Orient et lors de ses sorties médiatiques, elle s’est montrée un peu fébrile.

Sa rencontre avec des dirigeants du Hezbollah libanais, et ses propos favorables à l’indépendance du Québec n’ont pas plu à ses proches collaborateurs. Elle s’est vue obligée chaque fois de s’excuser ou d’expliciter sa pensée. Or la France est une puissance nucléaire et on saurait tolérer des hésitations ou des erreurs d’appréciation répétées de la part de ses dirigeants.

Ségolène a joué le jeu de son adversaire

La bataille pour l’Elysée s’est faite avec des armes conventionnelles au bonheur de Sarkozy . Durant toute la campagne, Sakozy tel qu’on le connaît est un loup qui a su se mettre dans la peau d’un agneau. il a évité de s’attaquer à la personne d’un candidat de peur que la réplique ne lui soit fatale compte tenu de ce qu’il est et de ce qu’il a fait. Sauf l’inévitable Lepen a osé sortir « une arme à destruction massive en ces termes » : « Mon éducation ne me permet pas d’aller me présenter à une élection présidentielle en Hongrie ». Mais venant de lui, cela n’a choqué personne. C’est même passé inaperçu.

La défaite de la gauche est consommée. Ce qui est plus urgent, ce n’ est pas de savoir qui va diriger le PS pour les législatives, mais le rassemblement de toutes les forces.

Si la victoire de Sarkozy inquiète plus d’un africain, c’est parce qu’il est le reflet de la France d’aujourd’hui qui a de plus en plus du mal à cacher sa haine pour les étrangers. Dans son premier discours qui a suivi son élection, il a affirmé que “la France ne peut pas accueillir toutes les misères du monde”. Pourtant toutes les misères du monde n’ont pas envie de se rendre en France. Mais si la France fabrique ses misères, qu’elle les assume, monsieur le gaulois de Hongrie comme dirait l’autre.

Zoungrana Tasséré dit Le Zoung
Tél : 76 60 23 49
tasszoungrana@yahoo.fr

Sidwaya

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