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Attention à la boulimie des voix !

Publié le lundi 14 mai 2007 à 12h41min

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Les accusations mutuelles de fraude électorale entretenues à Ouahigouya par l’Alliance pour la démocratie et la fédération-Rassemblement démocratique africain (ADF/RDA) et le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) lors du scrutin du 6 mai dernier doivent laisser, pantois, tout observateur de la scène politique burkinabè.

Les conférences de presse organisées pour démentir ont offert l’occasion de "se blanchir" et d’accabler l’autre avec "des preuves" : lots de cartes d’électeur saisis, bulletins de vote au parti déjà choisi, extraits de naissance ou livrets de famille contrefaits ou établis à la hate. En voulant trop s’expliquer ou trop prouver sa bonne foi, l’ADF/RDA et le CDP se sont arrosés "inconsciemment" eux-mêmes.

La passe d’arme de Ouahigouya a révélé une réalité : quelqu’un a triché ou essayé de tricher lors du scrutin législatif. Et son astuce de fraude a consisté à porter atteinte à l’authenticité des documents d’état civil burkinabè. Que ces actes soient isolés ou pas, ils sont d’une extrême gravité dont tout futur député doit s’abstenir. La boulimie des voix pour "forcer" la porte de l’hémicycle ne doit pas faire perdre de vue le caractère sacré de certains documents. Il y va même de la crédibilité des actes de l’Etat.

Peut-être que les dénonciations de Ouahigouya n’ont mis à jour qu’un petit pan d’une triste réalité de falsification de documents administratifs burkinabè sur le territoire national au seul but de s’attribuer des voix. Que deviendront-ils après le scrutin ? A quelles fins seront-ils désormais utilisés ? Ces interrogations doivent inquiéter tout citoyen burkinabè.

Car, les inconvenients de la fraude électorale peuvent entraîner des dommages très regrettables pour l’économie, le commerce, la sécurité du pays. Il y a peu de temps, la Carte d’identité burkinabè (CIB) ne représente plus qu’un vulgaire bout de papier. S’en procurer ou se la faire établir relevait d’une telle facilité et d’une telle légèreté que sa valeur s’est effritée au fil des années.

L’on garantit sa CIB pour des crédits, on l’abandonne à tout bout de champ ou la laisse sur un lieu de forfait. Sans que les références y contenues ne permettent d’appréhender son propriétaire. D’où la création de l’Office national d’identification (ONI) pour redonner à ce document (CIB) ses lettres de noblesse et garantir une meilleure identité du citoyen.
Si des Burkinabè sont de moins en moins dérangés au cours des voyages à travers le monde, c’est en partie grâce à la crédibilité du passeport burkinabè.

C’est dire le rôle et la place prépondérants de certains documents dans la vie de la Nation. Porter atteinte aux actes d’état civil et autres documents administratifs peut jeter le discrédit sur tout un pays et ses habitants. Et tout Burkinabè, quelles que soient ses ambitions politiques doit veiller au respect des actes d’état civil (extrait de naissance, livret de famille...) et des documents administratifs (diplômes...) de la République. Sinon, ce sera un péril commun.

Jolivet Emmaüs

Sidwaya

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