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Législatives 2007 : La hiérarchie est respectée

Publié le lundi 14 mai 2007 à 07h00min

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La proclamation des résultats des législatives par la CENI (Commission électorale nationale indépendante) confirme la mainmise du CDP sur la future législature. Le parti au pouvoir, en raflant 73 sièges sur 111, ne laisse que la portion congrue à ses adversaires tant de l’opposition que de la mouvance présidentielle.

Si la stratégie du pouvoir était d’exercer une domination sans concession du Parlement, elle a réussi en faisant encore mieux qu’en 2002 où ses 57 élus, il est vrai, ne lui apportaient pas la majorité sereine qu’il a désormais. Surtout, l’écrasante victoire du CDP aux législatives boucle un cycle de succès entamé avec la présidentielle, puis les municipales. Désormais, la boucle est bouclée : toutes les institutions à caractère électif sont dominées, parfois de façon indécente, par le CDP.

Après les frayeurs consécutives au drame de Sapouy en 1998, le pouvoir a comme une boulimie des victoires électorales, sans doute pour reprendre véritablement en main tous les rouages de la vie politique. En ce sens, il a réussi son pari en maintenant une ligne de démarcation bien précise entre lui et ses concurrents. La différence de score entre le CDP et le parti qui a pu lui opposer quelque résistance, c’est-à-dire l’ADF/RDA, est abyssale : 73 députés contre 14.

Le reste des sièges est émietté entre des partis qui ne peuvent, à eux seuls, constituer un groupe parlementaire au regard du règlement de l’Assemblée qui met la barre à 10 députés. Sur la quarantaine de partis ayant pris part au scrutin, seuls 13 arrivent à placer au moins un député pour la législature 2007-2012. Il apparaît clairement, après la décantation, qu’il y avait pléthore de partis candidats aux législatives. En tirera-t-on des leçons pour permettre une meilleure organisation des scrutins à venir et mieux gérer les maigres ressources de l’Etat ? On l’espère bien.

Au milieu du tableau des résultats, deux partis confirment leur émergence sur l’échiquier politique burkinabè : l’UPR (mouvance présidentielle) avec 5 élus et l’UNIR/MS (opposition) avec 4 députés. Ces deux forces montantes se construisent lentement mais sûrement une base politique à même parfois de donner des sueurs froides au géant CDP. Tel est le cas de l’UNIR/MS qui, au Kadiogo, a mené la vie dure au CDP. En s’accrochant, avec 3 élus, à ce wagon du milieu, la CFD/B de Amadou Diemdioda Dicko se place dans le groupe des partis avec qui il faut compter dans l’avenir, d’autant qu’elle ne s’est pas présentée dans toutes les circonscriptions électorales.

L’étrange cas de l’UNDD

Deux partis jadis considérés comme des poids lourds de la vie politique nationale occupent le bas du tableau. Il s’agit bien sûr du PDP/PS et du PAI. Le premier poursuit son déclin en passant de 10 à 2 élus. Le second ne se remet pas de la profonde crise qu’il a connue avec le départ de certains de ses ténors, et passe de 5 à 1 seul élu.

Mais le cas qui continuera de susciter le plus d’interrogations est indéniablement celui de l’UNDD, dont le président a ostensiblement opté de se mettre en marge de l’institution parlementaire. Tout a été prémédité à l’UNDD, pour n’obtenir aucun siège à l’hémicycle, à travers les mots d’ordre de protestation, le positionnement de Hermann Yaméogo en bas de liste et le refus de ce dernier d’aller voter. Au contraire des autres candidats donc, l’UNDD doit tirer une satisfaction de n’avoir obtenu aucun siège puisque toute sa démarche ne pouvait qu’aboutir à un tel résultat. Reste à savoir si cette option de la chaise vide sera profitable au parti.

Ce type de questions, le CDP ne se les pose pas et entend régner en vainqueur, à l’image de la grande fête que ses partisans ont organisée après la proclamation des résultats provisoires par la CENI. Mais quelle démocratie sera servie aux Burkinabè avec un parlement monocolore ? Rendez-vous d’ici peu, quand les nouveaux élus ceindront leur écharpe pour exercer leur mission : contrôler l’action gouvernementale, consentir l’impôt et voter la loi.

Par Mahorou KANAZOE

Le Pays

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