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Chine-Afrique : Au-delà du business

Publié le lundi 14 mai 2007 à 06h39min

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La Chine semble résolument engagée à soigner son image au niveau du continent africain. Constamment critiquée pour l’approche trop économiste, basée sur la recherche effrenée de la matière première, dans son rapport au continent noir, le pays de Hu Juntao veut revoir sa copie.

Un des gestes forts qui confirment cette "révolution" dans les relations Chine-Afrique reste incontestablement la récente décision des autorités chinoises de participer à la pacification du Darfour à travers l’envoi d’un contingent militaire. Désormais, fini le "donnant-donnant" systématique et place à une coopération à visage humain. Une nouvelle approche qui renvoie à la Chine de Mao et de Chou-en Laye, qui avait fortement aidé l’Afrique à resorber les dernières poches de la colonisation sur le continent noir.

Mais la Chine avait-elle autre choix que de procéder ainsi ? Elle qui a la quasi-totalité de ses investissements dans des zones à risques, n’était-il pas impérieux pour elle de contribuer à la pacification des lieux pour voir ses affaires prospérer ? Ne dit-on pas que là où il n’y a pas de paix, il n’y a pas d’affaires ? La Chine s’est, sans nul doute, rendue à l’évidence que l’indifférence ne paye plus.

Et cela est à son honneur. En procédant ainsi, en montrant qu’elle est sensible aux drames dont souffrent les autres peuples, en montrant qu’elle a aussi du coeur, elle fait d’une pierre deux coups. Non seulement elle soigne son image, mais aussi elle préserve et rend opérationnels ses investissements. A quelques mois de ce grand rendez-vous planétaire qu’abritera ce pays, c’est-à-dire les jeux olympiques prévus pour août 2008 à Pékin, le moins qu’on puisse dire est que cette attitude est la bienvenue.

Ségolène royal, la finaliste malheureuse du second tour à la présidentielle française, et François Bayrou, candidat UDF à l’election présidentielle française, n’avaient-ils pas préconisé un boycott de ces jeux si rien n’était envisagé par les autorités chinoises pour accoître la pression sur le gouvernement soudanais ? Il y avait vraiment matière à se débarrasser de tant de lourdeurs et de suspicions. Du reste, la Maison blanche n’a pas hésité à dire toute sa satisfaction face à ce qu’elle a qualifié de "développement positif".

Premier importateur du pétrole soudanais, la Chine a été jusqu’ici un allié de taille du président soudanais Omar al-Béchir, qui s’oppose au déploiement des 20 000 Casques bleus de l’ONU au Darfour. En venant ainsi renforcer les rangs de ceux qui font pression depuis quelques temps sur le président soudanais Omar al Béchir pour qu’il accepte le déploiement de la force onusienne, la Chine contribuera fortement à la résolution du conflit qui n’a que trop duré. Après une petite parenthèse d’indifférence face aux drames du continent noir, la Chine semble à présent s’eveiller.

Et cela est d’autant plus opportun que la Chine peut, à terme, supplanter l’hégémonie américaine qui présente des signes de déclin avec notamment sa tradition d’ingérences négatives et les conflits engendrés par le régime Bush de par le monde. Dans un tel environnement, la Chine peut, en tirant des leçons des erreurs américaines, engranger un bon capital de sympathie à travers les peuples du tiers-monde et du même coup, se positionner en bonne place pour le leadership mondial.

En tout état de cause, le continent africain attend beaucoup de l’union sacrée qui est en train de voir le jour entre les grandes puissances, car de leur capacité à se mettre ensemble au-delà de tout calcul relevant du simple business, dépendra la paix mondiale.

Mais comment les pays africains peuvent-ils profiter de cette nouvelle donne chinoise sans toutefois retomber dans cette forme de relation de dominant à dominé qui constitue le "péché orginel" des relations du continent noir avec l’Occident ? Il s’agira certainement, pour chacune des parties, d’inscrire dans cette nouvelle coopération, le respect de l’autre en priorité. C’est l’absence de ce respect mutuel qui est souvent à la base des drames de la planète.

Le Pays

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