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Liberté de la presse : les médias ivoiriens acteurs et victimes de la crise

Publié le lundi 3 mai 2004 à 10h07min

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Jean Hélène

Journalistes tués, agressés ou empêchés de travailler librement mais aussi virulentes campagnes menées par une presse ultra-politisée, les médias sont à la fois acteurs et victimes de la crise qui secoue la Côte d’Ivoire depuis le début d’une rébellion armée en septembre.

"La liberté de la presse en Côte d’Ivoire n’avait pas été aussi sérieusement mise à mal depuis très longtemps", s’alarme l’organisation Reporters sans Frontières (RSF) dans un rapport publié à l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse.

"Les responsabilités en incombent à la fois aux autorités, aux rebelles et à certains médias qui n’ont pas hésité à jeter de l’huile sur le feu tout au long de l’année", souligne l’ONG de défense des droits de la presse.

Au début de l’année 2003, Kloueu Gonzreu, un journaliste de l’Agence ivoirienne de presse AIP a été tué au début en zone de combats, puis en octobre, le correspondant de Radio France Internationale (RFI), Jean Hélène, a été abattu par un policier d’une balle dans la tête en plein centre d’Abidjan.

"A eux seuls, ces deux tragiques événements résument bien la situation des journalistes travaillant en Côte d’Ivoire : une insécurité totale, renforcée par le sentiment d’impunité des forces de l’ordre régulières et des multiples mouvements rebelles et milices présents dans le pays", juge RSF.

La disparition depuis le 16 avril à Abidjan du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer, cible d’attaques violentes de la presse financée par le pouvoir après des articles gênants, est venue encore alourdir le bilan.

Malgré de nombreux appels "ni le chef de l’Etat Laurent Gbagbo, ni le gouvernement de réconciliation nationale mis en place en 2003 n’ont pris des mesures suffisantes pour garantir la liberté de la presse et assurer la sécurité des journalistes", déplore le rapport de Reporters sans Frontières.

Et d’égréner la liste des interpellations, agressions, menaces et pressions infligées aux journalistes ivoiriens par des membres des forces de l’ordre ou les "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, qui ont déchiré au grand jour des milliers d’exemplaires de journaux accusés d’être "les porte-voix des rebelles", avec en prime distribution de gifles pour les vendeurs récalcitrants.

Relevant "la régularité des atteintes à la liberté de la presse sur le sol ivoirien", l’Observatoire ivoirien de la liberté de la presse, de l’éthique et de la déontologie (Olped) constatait fin mars 2004 que "la crise que traverse le pays semble être un prétexte pour certaines catégories socio-professionnelles, dont les forces de l’ordre et de défense, de bafouer les principes élémentaires et fondamentaux de la démocratie".

Les Forces nouvelles (ex-rébellion) contrôlant la moitié nord du pays n’ont de leur côté pas hésité "à s’en prendre aux journalistes locaux qui montraient des +sympathies+" envers le président Gbagbo, ajoute RSF.

Mais "le plus regrettable est que certains médias ivoiriens ont aussi leur part de responsabilité dans le climat d’hostilité qui s’est développé en Côte d’Ivoire à l’égard des journalistes, et notamment des correspondants de la presse étrangère", note le rapport de RSF.

Les accords de paix de Marcoussis, signés fin janvier 2003 par les rebelles et les principaux partis politiques, ont explicitement condamné les "incitations à la haine et à la xénophobie propagées par certains médias" et consacré un chapitre entier aux recommandations pour y remédier.

Dans le dernier classement sur la liberté de la presse réalisé par l’organisation américaine Freedom House, la Côte d’Ivoire occupe le 140e rang sur 193, avec une note le classant dans les pays où la presse n’est "pas libre".

AFP

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