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Présidentielle française : Pourquoi la gauche a perdu

Publié le mardi 8 mai 2007 à 08h19min

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La défaite de Ségolène Royal à la présidentielle française est visiblement vécue comme une commotion au sein du Parti socialiste (PS). Ségolène Royal à qui certains courants du PS n’ont pas manqué d’imputer la quasi-responsabilité de la déconvenue, apprend ainsi à ses dépens la dure réalité selon laquelle, si la victoire est revendiquée par de nombreux géniteurs, la défaite, elle, est toujours orpheline.

Mais, à qui la faute si le Parti socialiste doit encore remettre à une prochaine fois, son entrée triomphale à l’Elysée ?

Au contraire de l’UMP qui partait unie et soudée autour de son candidat unique Sarkozy, le parti socialiste, lui, étalait ses graves fissures. Le manque de soutien des « éléphants » du PS dans la "première phase" de campagne, la désignation ou comme diraient ses contempteurs, l’imposition contestée de Ségolène Royal, ajoutés aux traditionnels clivages au sein du parti, ne pouvaient qu’agir in fine en défaveur d’une union sacrée, donnant déjà ainsi au candidat Sarkozy une longueur d’avance.

Mais il n’y a pas que cela, pour expliquer la défaite socialiste. Après le rejet par 53% des Français du parti, faut-il réformer le parti, repenser sa doctrine, le laisser s’ouvrir au courant centriste ? Y a-t-il lieu pour le parti, d’épouser l’idéologie de la social-démocratie pour coller aux exigences de son époque, ou de garder intacte son identité en se privant de toute évolution au centre ? Comment conserver son identité tout en se rapprochant d’une majorité des Français, en particulier des indécis de l’époque, qui se reconnaissent de moins en moins dans l’idéal socialiste quelque peu plombé par son dogmatisme ?

Pour un clan, le souhait d’un socialisme pur et dur et pour l’autre, la volonté d’une ouverture au centre sont révélateurs de la crise d’identité que traverse le parti. Et c’est d’ailleurs un tel flou artistique, une telle confusion idéologique du parti, qui expliquerait la défaite du parti. Autre raison et non des moindres : les quelque 3,8 millions d’électeurs du dirigeant d’extrême droite Jean-Marie Le Pen qui avaient prôné l’abstention, ont opté, pour une large part, pour le candidat de l’UMP.

En tout état de cause, le vote massif, par la jeunesse française, de Nicolas Sarkozy, en même temps qu’il renseigne sur la méconnaissance de ces derniers des années 60, années de gloire du parti socialiste, témoigne de tout le charme que le candidat de l’UMP a su déployer à leur endroit. Dès lors, comment s’étonner que Nicolas Sarkozy ait bénéficié "d’un meilleur report des voix disponibles", notamment parmi les électeurs de François Bayrou au premier tour ?

Reste maintenant à savoir si celui qui succédera bientôt à Jacques Chirac appliquera toutes ses réformes promises. A ce sujet, le doute est permis. L’homme étant un pur produit du moule de la Chiraquie, la rupture complète paraît improbable. Plutôt que d’assister à des changements en profondeur, il faudra sans doute s’attendre à une mutation dans le style. Si Nicolas Sarkozy a promis de ne pas décevoir, ni trahir, ni mentir aux Français, il apportera le changement à la France !

Mais sans aucun doute, ce seront des changements en trompe-l’œil. D’autant qu’il fait certainement l’affaire de tous ces pouvoirs financiers et économiques qui l’ont soutenu et accompagné tout au long de la campagne, et qui ont jubilé à l’annonce de sa victoire. Sera-t-il oui ou non prisonnier de ces lobbys ? Il est clair que rien, dans l’absolu, ne dit qu’à l’épreuve du terrain, le nouveau dirigeant français ne se ramollira pas.

Quoi qu’on dise, une page vient de se tourner en France, à travers l’arrivée à l’Elysée d’un homme relativement jeune. Si la voie semblait bien tracée pour Sarkozy, il n’en était pas de même pour la candidate Ségolène Royal. En effet, les Français étaient-ils prêts à voir une femme accéder à l’Elysée ? Rien n’est moins sûr.

En tout cas, la finaliste de la présidentielle 2007 n’a pas à rougir de sa défaite au second tour, la défaite ayant été "Royal" et des plus honorables. 47% des voix des Français pour elle, c’est bon pour le moral. C’est très loin du score réalisé par son prédécesseur, le candidat socialiste Lionel Jospin, en 2002, qui avait assumé entièrement son échec en proclamant, séance tenante, son retrait de la vie politique.

47%, un score suffisament honorable pour que son concurrent, s’il tient à se faire réélire en 2012, ne perde pas de vue qu’il doit satisfaire aussi près de la moitié des Français qui ne lui ont pas porté leur voix. Un score assez honorable pour que les éléphants du PS ne s’avisent pas de mettre des bâtons dans les roues de la battante Royal, qui entend déjà mener l’opposition et la campagne en vue des élections législatives à venir.

Le Pays

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