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Koudougou : Le CDP et l’ UNDD crient à la fraude

Publié le lundi 7 mai 2007 à 08h35min

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Du côté de la Commission électorale communale indépendante (CECI) de Koudougou, qui nous a reçus dans la matinée du 6 mai à 6h, il n’y avait pas grand-monde. Tous ses membres s’étaient rendus sur le terrain pour suivre le déroulement du scrutin depuis 6 h du matin. Seul à son poste, Gauthier Bado, rapporteur de la CECI, nous a indiqué que plus d’un se plaignait de l’encre qui n’était pas indélébile.

Même son de cloche du côté de l’UNDD dont le tête de liste à Koudougou, Benjamin Yaméogo, échangeait avec de jeunes militants visiblement remontés contre le CDP qui aurait fait transporter depuis Ouaga plusieurs militants pour des votes frauduleux à l’aide de cartes falsifiées. Le ton était beaucoup plus calme chez les CDPistes où le commissaire politique régional, Jean Hubert Yaméogo, affirme que c’est plutôt Hermann Yaméogo et ses lieutenants qui ont mis en place des stratégies de fraudes massives.

Koudougou, une ville paisible, c’est l’image que l’on pouvait retenir de la capitale du Boulkièmde ce samedi 5 mai 2007, soit la veille du scrutin. Les populations vaquaient sereinement à leurs occupations, et toute la campagne s’est déroulée sans accroc majeur, encore moins des affrontements comme ce fut le cas de tristes épisodes de scrutins précédents. Des véhicules 4x4 faisaient des parades sans grand bruit.

Eh bien la campagne était bel et bien terminée le vendredi 4 mai à minuit, faisant place aux commentaires en aparté, dans les maquis et autres gargotes. Le 1er suppléant du RDEB à Koudougou, Joachin Bassolé, nous a fait part d’une rumeur faisant état de distribution clandestine de cartes d’électeurs à des jeunes par les élèves militants de ce parti, alors que l’opération avait pris fin le 3 mai.

Quand nous lui demandons s’il disposait de preuves, il préfère nous renvoyer à d’autres interlocuteurs qui sont restés muets comme une carpe. Un tour dans les états-majors du CDP et de l’UNDD, à 19 heures, nous fait comprendre que l’heure n’était plus à la grande mobilisation de la campagne, et seuls les gourous, l’air un peu angoissé, devisaient, le téléphone portable toujours collé à l’oreille. Il était 21 heures quand nous avons cessé le round des sièges des partis pour entendre d’autres commentaires.

Rien de saisissant n’a pu filtrer de nos tête-à-tête ; comme quoi tous n’attendaient plus que le cocorico pour accomplir leur devoir civique. Le dimanche, jour j, pour notre première escale, dans le bureau n° 9 au secteur 2, l’on a dénombré seulement 9 votants à 6 h 43. Au bureau n° 4 du même secteur, sur 696 inscrits, il n’y avait que 19 votants à 7 h. Le président du bureau, Gaston Saho, a déploré le manque de cachet de la CENI. Sur les 15 partis en lice à Koudougou, seuls 6 y étaient représentés.

Des problèmes récurrents

Il est 8 h 15 quand Jean Hubert Yaméogo, commissaire politique régional du CDP, signe son arrivée au bureau N°8 du secteur 6, accompagné du maire de Koudougou, Seydou Zagré. Il regagnera son domicile aussitôt après s’être rendu compte qu’il avait oublié sa pièce d’identité.

Pas d’affluence dans ce bureau de vote où le patron du CDP du Centre-Ouest a relevé des difficultés d’ordre matériel. « L’UNDD, tout comme d’autres adversaires, ont élaboré des stratégies de fraudes massives », a dit Jean Hubert Yaméogo. Il a par ailleurs fustigé des rencontres suspectes organisées par l’UNDD. Les forces de sécurité ont été informées de la situation, nous a-t-il confié. Kisito Dakuyo du MBDHP que nous avons rencontré à 11 h au secteur 1 où devrait voter maître Hermann Yaméogo n’a pas signalé d’incidents. Il nous a par contre spécifié qu’il était informé des griefs multiples mais attendait de pouvoir procéder à des vérifications.

Benjamin Yaméogo, tête de liste de l’UNDD, a, pour sa part, qualifié le scrutin de catastrophique pour un pays qui a plusieurs années d’expérience en matière d’organisation de scrutins électoraux. Le problème de l’encre indélébile a été posé par plus d’un, et des dispositions auraient été prises pour y pallier. Jusqu’à 13 heures, alors que tous attendaient une très grande affluence d’électeurs après la messe de midi, les bureaux, notamment aux secteurs 5 et 1, n’enregistraient toujours pas grand-monde.


Un scrutin assez paisible à Koudougou

Pour ces élections législatives, le calme a prévalu jusqu’aux environs de 15 h sur l’ensemble du scrutin, contrairement aux élections municipales passées où l’on a assisté à des échauffourées entre militants CDP et UNDD. Même dans les quartiers sensibles tels que les secteurs 1 et 6, le calme a prédominé au niveau des bureaux de vote. Nous espérons que ce calme se poursuivra jusqu’à la délibération finale.


Un grand dispositif sécuritaire

On a constaté pour ces législatives 2007 une forte présence des agents de sécurité .Dès le soir du samedi 5 mai , la compagnie de gendarmerie de Koudougou était prise d’assaut par les éléments de sécurité, composés de gendarmes, policiers et militaires .Dans la journée du dimanche 6 mai 2007, il y avait également une présence massive des éléments de la Compagnie républicaine de sécurité (CRS), à des coins de rues. Dans les différents bureaux de vote, le dispositif sécuritaire était de mise. Des agents de sécurité menaient également des patrouilles à travers la ville. Nous pensons que ces forces de sécurité sont arrivées à dissuader les militants des partis politiques qui s’accusaient réciproquement de fraude.

Par Philippe BAMA et Dabadi ZOUMBARA

LE Pays

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