De mémoire de dorien, aucune élection de ce type n’avait mobilisé autant d’énergie et nécessité la mise en oeuvre de multiples stratégies de part et d’autre. Ceci peut-il expliquer la mobilisation des électeurs ? En tous les cas, le commissaire de la CENI qui supervise les élections dans le Séno, Jean Christophe Compaoré, est formel : son constat après avoir sillonné même des localités reculées est que les opérations de vote se sont déroulées dans le calme et sans problème majeur.

7h50. Au bureau de vote n°9 de l’école A de Dori, 47 personnes ont déjà voté sur un total de 501 inscrits. Pendant que la presse cherche à éclairer sa lanterne, le superviseur de la CENI pour le Séno et le Soum, Jean Christophe Compaoré, fait irruption. Il signifie tout de suite aux membres du bureau et aux représentants des partis politiques leur mauvaise disposition. Séance tenante, il ordonne une nouvelle configuration qui devrait permettre au vote d’être transparent pour tous à Selbo.

8h40. Nous sommes dans le village natal de Hama Arba Diallo. Le candidat tête de liste du Parti pour la démocratie et le socialisme (PDS) accomplit son devoir civique. Il est confiant quant à la victoire. Après avoir été porté à la tête de la mairie de Dori par une alliance hétéroclite, ce fonctionnaire onusien de 68 ans, secrétaire exécutif de la convention des Nations unies contre la désertification, veut maintenant un poste à l’Assemblée nationale. Et les enjeux sont importants.

Pour le PDS, il s’agit de faire échec au meli-melo créé par le CDP avec l’arrivée de l’émir du Liptako. D’ailleurs, pour Arba Diallo, Dieu leur a déjà donné la victoire. La transhumane de l’émir ne l’inquiète pas. A l’entendre, aucun des 25 conseillers de la CFD n’a suivi le leader pour rejoindre le parti majoritaire. Au lieu donc d’une bonne affaire, le PDS estime que le coordonnateur régional du CDP, Kader Cissé (par ailleurs ministre en charge des Mines), et ses hommes ont réuni les conditions de leur propre défaite.

Cependant, Arba Diallo reconnaît que le départ du député Nassourou Moussa Dicko du PDS pour la CFD pourrait avoir un impact parce que ce dernier avait une certaine assise dans certaines localités. Mais qu’à cela ne tienne ! Tout reste à faire dans la province du Séno. Et une année après sa victoire à la mairie, le PDS a déjà un bilan positif à montrer aux populations.

Du côté du CDP, principalement de l’émir du Liptako, Nassourou Abdoulaye Dicko, la confiance est aussi de mise. L’homme, que nous avons rencontré à la porte de son palais, a tenu à faire savoir que son retour au CDP n’avait été l’objet d’aucun marchandage. "Croyez-vous qu’on m’a acheté avec de l’argent ? Je défie quiconque de le démontrer", a-t-il martelé. Ce diplômé de sciences politiques des universités canadiennes confirme qu’il a aplani ses difficultés avec le ministre Kader Cissé et que son objectif est de travailler au développement de la région.

D’ailleurs, au nom de l’unité des fils de la province, il avait fait confiance à Arba Diallo. "Mais il m’a déçu. Au lieu de rassembler les gens, il s’est mis à nous calomnier", confesse l’émir du Liptako. "Le CDP va remporter les deux sièges du Séno, si Dieu le veut," conclut-il, tout en réaffirmant sa volonté de transcender les clivages pour travailler avec tout le monde.

Selon un observateur de la scène politique locale, on avait même craint des affrontements entre le CDP et le PDS. Mais la sagesse semble avoir pris le dessus. CDP ? PDS ? Les coeurs balancent au Séno...

Par D. Parfait SILGA

Le pays