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CDP à Kokolpgho : Meeting après la fatwa

Publié le lundi 7 mai 2007 à 08h40min

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Respect d’un programme ou simple défiance ? Témérité ou pure provocation ? Insouciance ou goût du risque ?... On avait beaucoup craint pour la sérénité et la sécurité du meeting du CDP à Kokologho, cela, parce que cette terre de Naaba Koanga semblait être une zone à haut risque pour Jean Hubert Yaméogo et ses cocandidats du Boulkiemdé.

Et on était curieux de voir ce qui s’y passerait le 1er mai, jour où le parti majoritaire tenait meeting dans cette commune rurale, à 55 km de Koudougou et à 45 de Ouagadougou.

C’est un véritable pavé dans la mare que François Kaboré a jeté à travers les colonnes du journal "Le Pays" juste après la publication des listes de candidats du CDP. Dans une déclaration, il interdisait aux candidats et à certains responsables du CDP Boulkiemdé de mettre les pieds dans la cour de Naaba Koanga.

Cette interdiction, beaucoup l’avaient prise au sérieux, vu que l’auteur de la lettre, François Kaboré, n’est autre que le frère de Naaba Koanga de Kokologho et du député (sortant ou sorti ?) René Emile Kaboré (REK) dont le nom, après deux mandatures, ne figure pas sur la feuille de match.

Ceci explique-t-il cela ? Beaucoup sont ceux qui y répondent par l’affirmative, voyant tout simplement la main de REK derrière cette fatwa. Pour d’autres, cette sortie tonitruante n’était que la conséquence de promesses non tenues.

Voilà pourquoi Kolokogho était devenue un terrain a priori hostile aux barons locaux du régime, et c’est avec beaucoup d’appréhension qu’on a appris la programmation du meeting. Le mardi 1er mai, je débarque à Kokologho autour de 10 h 20. Par chance, le meeting n’avait pas encore débuté ; ce qui me permet de flâner un peu dans la ville et principalement au marché.

C’était du reste jour de marché. Les cinq premières personnes abordées au sujet de la fameuse lettre de François Kaboré nous disent invariablement ignorer qu’il y a eu une telle lettre. Une d’elles même se dit convaincue que c’est une invention des journaux pour ternir la réputation de Kokologho. Qu’est-ce qu’on ne prêterait pas aux journalistes ?

Kabré Norbert semble plus renseigné. Il a écouté la traduction de l’écrit dans une radio FM à Ouaga, mais n’est pas d’accord avec l’auteur ; « le développement doit être fédérateur, et nous n’avons pas besoin d’un tel esprit d’exclusion dans nos villes et villages », a-t-il lancé avant de donner un coup d’accélérateur à sa moto, direction le lieu du meeting. Mme Kargougou/Kaboré Anne-Marie est ressortissante de Kokologho, mais réside à Ouaga avec son époux.

Elle y vient vendre des vêtements d’enfants chaque jour de marché. Drapée dans un ensemble pagne CDP, elle s’affaire à liquider quelques articles avant d’aller "politiser" ; par pur curiosité, semble-t-il, car elle est une inconditionnelle de Michel Nana, président de L’ADDP et candidat sur la liste ADF/RDA. La tenue lui a été offerte par son tendre mari, lui ne jurant que par le CDP.

Elle a entendu parler de la déclaration et reste convaincue que c’est une autre manigance de REK, comme il l’avait déjà fait, selon elle, pour barrer la route de la mairie de Kokologho à l’ADDP.

« François ne fait même pas la politique », assure-t-elle. L’arrivée des officiels précédés de jeunes juchés sur des motos et mobylettes, m’interrompt dans ma quête de l’information. Mais les discours allaient confirmer les propos de certains de mes interlocuteurs.

Déjà ce qu’il faut signaler, c’est la forte mobilisation qu’a réussie la direction communale de campagne de Kokologho, comme si elle tenait à relever un défi, à faire une démonstration de force à cause du problème qu’on sait.

En effet, c’est une foule immense qui est sortie pour ce rendez-vous ; ce qui jurait avec la rumeur selon laquelle le CDP végétait par ici et avait connu une forte saignée dans ses rangs. S’il y a eu effectivement des départs, il faut croire que Jean Hubert et ses hommes ont pu surmonter le handicap à en juger par la mobilisation du matin.

Du reste, le secrétaire général de la sous-section de Kokologho, Kaboré Ablassé, dans son intervention, reconnaît que de 13 ils ne sont plus que 10, trois ayant décidé d’aller voir ailleurs.

Il ne cache pas que cela avait démobilisé les militants et semé le doute dans les esprits. « Mais réjouissez vous, car le CDP n’est pas mort à Kokologho », a-t-il assuré.

Le directeur local de la campagne, Kaboré Mahamoudou, est encore plus précis dans ses propos ; pour lui, depuis 2002, le CDP chancelait à Kokologho et a toujours enregistré les plus mauvais scores lors des consultations électorales, mais ce n’est pas que la population ne veuille pas du CDP ; seulement, elle rejette certains leaders qui travaillent à nuire au parti.

Lesdits leaders, parce que n’ayant pas été retenus sur la liste des candidats, auraient décidé que le parti au pouvoir ne battrait pas campagne à Kokologho ; ce qui est inconcevable de son avis de directeur de campagne ; il précise que jusqu’au 18 avril, date à laquelle les fidèles ont été convoqués pour la mise en place d’un programme de campagne, Kokologho n’avait pas encore un planning pour la campagne, la démobilisation ayant gagné les rangs de la sous- section.

« Kokologho doit soutenir les candidats, même s’ils ne sont pas originaires de chez nous, car, durant les deux mandats précédents, nous avons eu un fils élu grâce aux autres localités », a-t-il martelé.

En termes voilés, il a dénoncé la désinformation orchestrée par Michel Nana, candidat ADF/RDA, qui raconterait que c’est Jean Hubert Yaméogo qui l’aurait appuyé financièrement afin qu’il crée son parti ; ainsi que la démobilisation entreprise par René Emile Kaboré, qui n’aurait pas digéré son absence de la liste des prétendants.

Le patron du CDP au Centre-Ouest, lui aussi, n’est pas passé par quatre chemins pour reconnaître que le CDP a eu des problèmes au Boulkiemdé. « Ça n’a pas toujours été rose pour notre parti dans la province, et nous avons fait un travail de fourmi pour arriver à cette mobilisation », a-t-il reconnu avant d’expliquer les principes qui ont prévalu au choix des candidats.

Il a profité de l’occasion pour expliquer le rôle d’un député, répondre aux doléances formulées par les intervenants et dire l’objectif qu’ils poursuivent, à savoir rafler tous les quatre sièges de député, et faire élire le représentant de la province sur la liste nationale. Il a proscrit les injures et le dénigrement avant de remercier le Naaba Koanga de Kokologho pour sa présence à ce meeting.

Une présence pour le moins insolite pour les raisons évoquées plus haut. Cependant, ceux qui prédisaient que René Emile Kaboré ne sera pas de la partie n’ont pas eu tort, car on ne l’a aperçu nulle part parmi les officiels, encore moins dans la foule.

Est-ce délibéré ou cela est-il dû à quelque empêchement ? Je n’ai eu personne pour éclairer ma lanterne. Le chef de Kokologho, le Naaba Koanga, a, du reste, décliné l’interview que je lui demandais juste après le meeting.

Le meeting du mardi est vu comme une renaissance du CDP à Kokologho, et ils sont nombreux, ceux-là qui avancent qu’un nouveau leader sera trouvé dans un proche avenir pour conduire la troupe dans cette localité ;

comme quoi les voies de la politique sont impénétrables. Le soir, les bonzes du CDP se sont retrouvés à Koudougou pour un autre meeting, tout aussi grandiose ; là-bas, comme à Kokologho, Jean Hubert, tout en se réjouissant de la mobilisation, a déploré le taux de retrait des cartes d’électeurs qui se situait à moins de 70% dans la province.


Deux questions à Aline Koala

Votre présence sur la liste de candidatures du CDP au niveau du Boulkiemdé a quelque peu surpris, car on ne vous attendait pas beaucoup sur ce terrain. Qu’est-ce qui vous a motivée à faire ce pas ?

• Je crois qu’il n’y a aucune interdiction à évoluer dans le champ politique. Au stade où je suis, c’est pour moi un devoir de soutenir le parti sur le terrain : je suis au gouvernement, certes, mais je suis tout de même une militante de base. Je suis discrète, je le reconnais, mais de façon déterminante, j’ai décidé de m’engager sur le terrain parce qu’à l’allure où vont les choses, j’ai fait le point, et cela est devenu incontournable. Il faut se dire aussi que c’est une question de candidature. Personne ne s’impose dans le champ politique.

Ce sont les plus hautes autorités de notre politique, les responsables de notre parti qui, en définitive, choisissent les personnes qu’ils veulent voir incarner le parti aux législatives. C’est dans ce sens que moi, j’ai juste déposé ma candidature avec l’objectif de renforcer les assises de notre parti au niveau du Boulkiemdé. Vous dites que vous êtes surpris ; moi, je le suis également, car je n’avais pas la certitude d’être retenue quand j’envoyais ma candidature.

Donc, je suis contente de constater que les responsables du parti apprécient mon comportement politique. Je saisis, du reste, l’occasion pour les remercier d’avoir eu confiance en moi. Quand je vois et constate le travail sur le terrain, la réceptivité des populations à nos messages, cela me conforte dans l’idée que je ne me suis pas trompée en me lançant sur le terrain politique. Je constate que je me fais bien comprendre, j’ai beaucoup travaillé dans ma région, principalement dans le département de Sourgou, qui relève de ma direction de campagne, et vu les résultats, je suis très encouragée.

Si vous étiez élue au soir du 6 mai et que le choix de siéger à l’Assemblée Nationale ou de continuer dans l’équipe gouvernementale s’imposait à vous, auriez vous des difficultés à vous décider ?

• Moi, je suis un serviteur de mon pays. Ce n’est pas par ma force que je me suis retrouvée au gouvernement. C’est par la volonté du chef de l’Etat et du Premier ministre, qui ont estimé que je pouvais assumer des missions au niveau du gouvernement.

Et si j’ai eu le courage de déposer ma candidature et que le président de notre parti et le bureau exécutif national ont retenu cette candidature pour les législatives, naturellement mon point de vue importe peu ; partout où on m’appellera, je répondrai présent et je me mettrai à la tâche.

Cyrille Zoma


Kientéga M. Racine, candidat du RDB au Boulkiemdé : « Nous aurons au minimum 3 députés »

Les candidats du RDB dans le Boulkiemdé pour ces législatives sont : Yaméogo Ferdinand, Kientéga Michaïlou Racine, Kansolé Bernadette et Zoungrana Claude. Nous avons eu un bref entretien avec le 2e candidat sur la liste, en l’occurrence Kientéga Michaïlou Racine, instituteur dans la circonscription d’éducation de base de Koudougou 4. D’un optimisme déconcertant, ce jeune candidat nous a confié que lui et ses camarades du parti visent pas moins de trois sièges au Boulkiemdé.

Pouvez-vous nous dire ce qui vous a motivé à faire acte de candidature pour les législatives 2007 ?

• Notre motivation est partie du constat qu’il y a une mauvaise gestion des ressources du pays. Nous avons remarqué, aussi bien dans la majorité que dans l’opposition, que les gens passent le temps à tromper la population. Voilà pourquoi, avec un certain nombre de personnes intègres, nous sommes entré dans la compétition pour apporter la contradiction et corriger certaines choses, notamment la mauvaise gestion, la corruption ...

Depuis 1992, la gestion du pouvoir législatif par le CDP est faite de tromperies. On raconte à la population que ce sont les responsables du CDP qui construisent les dispensaires, les écoles et autres infrastructures. Alors qu’on sait que CDP ou pas, ces tâches relèvent du devoir de l’Etat.

A côté, il y a des partis de l’opposition qui ne sont opposants que de noms, eux aussi ayant embouché la trompette de la tromperie. Telles sont, entre autres, les motivations de notre candidature. J’appelle les électeurs à ne plus parler de partis, mais plutôt d’individus, à voir qui est qui et qui peut faire quoi.

• Comment la campagne se déroule-t-elle à votre niveau ?

• Vu l’engouement lors de nos sorties, nous sommes sûrs que nous n’avons rien à craindre. Le CDP a montré ses limites, de même que l’opposition qui a passé le temps à se contredire et à se dévoyer. Nous sommes sûrs, au regard de tout cela, que nous allons remporter la victoire au Boulkiemdé.

Parlant de victoire, quelles sont vos attentes pour le soir du 6 mai ?

• Au soir du 6 mai, nous aurons eu au minimum trois députés. L’unique siège qui va rester, le CDP va le gérer avec ses adversaires. Telles sont nos attentes, et la mobilisation des différentes couches de la population nous donne la garantie qu’elles seront comblées.

Cyrille Zoma

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 7 mai 2007 à 23:46 En réponse à : > CDP à Kokolpgho : Meeting après la fatwa

    Grâce à la démocratie participative qui règne au Burkina, les différentes couches de la société ont compris comment se comporter en politique. Les gens ne sont pas aussi tarés que pense peut être Mr René Emile Kabore : ils ont assez des promesses, ils ont assez des canaris pleins de bière de mile qui tentent à acheter leur conscience. Petit à petit les gens ont compris qu’il vaut mieux avoir affaire à un candidat qui lutte pour un projet de société digne pour la postérité et non un candidat qui vise que son développement personnel. Les gens ont compris que les sacs de riz qu’ils reçoivent chaque 5 ans en guise de récompense ne sont qu’un achat de conscience qui les rabaisse. Mr Emile, vous avez beau boycotté le meeting du CDP, vous resterez toujours un politicien incapable égoïste et hypocrite. Vous ne pourrez plus décoller en politique c’est fini pour vous.

    Fils de KOKOLOGHO

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