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Des cas de fraude dénoncés à Bobo-Dioulasso

Publié le lundi 7 mai 2007 à 08h35min

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Le délégué de l’ADF/RDA

Les Bobolais ont rempli dimanche 6 mai 2007 un devoir citoyen en allant choisir leurs représentants à l’Assemblée nationale pour les cinq prochaines années. D’une manière générale, tout s’est déroulé dans le calme, mais des cas de fraude ont été signalés dans certains bureaux de vote.

A Dafra où nous avons visité quelques bureaux de vote, selon le président du bureau n°15 sis à l’école Sarfalao D1 Amadé Ouédraogo, les électeurs ont été très matinaux. « Dès 5 h 30 mn du matin, les premiers électeurs ont commencé à arriver sur les lieux et à l’ouverture du bureau, c’est-à-dire à 6 h, le rang était déjà très long », a-t-il déclaré.

Dans la même école se trouve le bureau de vote n°16. Là également, les électeurs sont venus très tôt pour accomplir leur devoir citoyen. Malheureusement l’ouverture du bureau a pris du retard à cause de l’arrivée tardive du deuxième assesseur. Mais dans l’ensemble, les votes se sont déroulés dans le calme, sous l’œil vigilant des délégués des différents partis politiques en lice, non seulement dans ces deux bureaux, mais aussi dans les bureaux de vote n°5, 6 et 7 du secteur n°4 à l’école Tounouma. Nous avons rencontré au lycée Promotion, le président de la commission électorale d’arrondissement de Dafra, Charles Sangaré qui a fait cas de quelques difficultés rencontrées, à savoir des scellés mal fixés, des tampons défectueux et des membres de bureau absents à leur poste. « Tout ceci a entraîné l’ouverture tardive de certains bureaux de vote », a-t-il dit. M. Sangaré a également noté des accrochages entre présidents de bureau et délégués de partis.

Selon lui, cette situation est due au fait que certains présidents, malgré leur formation, n’avaient pas compris que les délégués sont des contrôleurs et qu’à ce titre, ils peuvent participer aux contrôles de conformité entre la pièce d’identité et la carte d’électeur. « J’ai donc fait le tour des bureaux de vote pour bien expliquer cela aux uns et aux autres afin que tout se passe dans le calme et la sérénité ». Par ailleurs, des rumeurs faisant état de fraudes organisées avec les cartes d’électeur non retirées ont été confirmées par M. Sangaré.

A ce sujet, il a déclaré notamment : « J’ai été effectivement convoqué hier par le président de la CEPI qui m’a présenté plus de 300 cartes que l’opposition a retirées à des individus. Je ne connais vraiment pas l’origine de ces cartes et je n’ai pu que déplorer la situation. L’affaire a été confiée à la gendarmerie qui a ouvert une enquête et j’espère que les responsabilités seront vite situées ». Dans la journée, d’autres cas de fraude organisée ont été dénoncés dans les secteurs n°17 (Sarfalao) et 14 (Bindougousso).

Dans le premier cas, il s’agirait d’électeurs convoyés en bus au bureau de vote n°1 de l’école Médersa. A ce sujet, le président du bureau de vote, Abdoulaye Diarra affirme : « Nulle part dans le code électoral, il n’est dit que l’électeur doit venir voter à pied, à vélo, à mobylette, en voiture, en hélicoptère ou en avion. Si leurs documents sont corrects, nous acceptons qu’ils votent ». Néanmoins, des personnes suspectées de « tentative de fraude » sont gardées à vue sous un arbre par la gendarmerie.

A Bindougousso, c’est un pur hasard qui a mis la puce aux oreilles du délégué superviseur de l’ADF/RDA, Zézouma Millogo et des représentants de l’UNDD. « Une de mes connaissances dont le nom de famille est Sidibé m’approche pour savoir là où elle doit voter. Elle me montre sa carte d’électeur et un jugement supplétif d’acte de naissance sur lesquels, en lieu et place du patronyme Sidibé, c’est plutôt Traoré.

Quand j’ai voulu en savoir plus sur cette discordance de nom, elle m’a fait savoir que c’est ce matin que la carte d’électeur et l’acte de naissance lui ont été remis pour qu’elle vienne voter à l’école Bindougousso A », raconte Zézouma Millogo qui a gardé par devers lui ces documents signés de Fatou Ziba qu’il brandit comme pièces à conviction de la fraude organisée.

Il détient également un autre jugement supplétif d’acte de naissance dont le cachet du signataire n’existe pas. Il porte néanmoins un cachet « Mairie de l’arrondissement de Dafra ». Les deux actes de naissance, signés le même jour (le 31 Juillet 2005) portent les N° 845 et 4974. Un coup d’œil sur un calendrier de cette année permet de se rendre compte que le 31 juillet 2005 est un dimanche, un jour non ouvrable. En plus, en 2005, la nouvelle équipe municipale n’avait pas encore été élue !

Par ailleurs, ces dénonciateurs de la fraude suspectent le fait que des personnes qui ont entre 30 et 40 ans ne votent qu’avec des jugements supplétifs d’actes de naissance. Joint au téléphone en fin d’après-midi, le secrétaire général provincial du CDP, Salia Sanou a tout simplement répondu : « Je ne suis au courant de rien ». Quant à l’affluence sur les lieux de vote, elle variait d’un bureau à un autre. Certains étaient débordés pendant que d’autres attendaient les électeurs.

Dô et Konsa : un vote sans grande affluence

Il est 6 h 00 dans le bureau de vote n°11 de l’école Niéneta A. Mme Sanou/N’Diaye Diayénéba Seck, la présidente de ce bureau présente l’urne vide aux membres du bureau de vote et aux quelques électeurs en rang. Elle procède au scellé de l’urne et la première électrice.

Il en sera de même pour les électeurs inscrits dans les arrondissements de Dô et de Konsa qui comptent respectivement 88 et 57 bureaux de vote. Au bureau n° 13 de la même école, il est 6 h 10 mn, mais impossible de commencer parce que les deux assesseurs ne sont pas encore arrivés. Ils auraient été invisibles depuis la veille.

Dans les deux arrondissements, les élections législatives se sont déroulées dans le calme, sans grande affluence à l’exception des secteurs n°22 (arrondissement de Dô) et 9 (arrondissement de Konsa) où il y a eu des files d’électeurs devant les bureaux de vote. Cela est confirmé par de nombreux présidents de bureau de vote qui estiment que : « Comparativement aux élections présidentielle et municipales, il n’y a pas de grande affluence ».

De l’avis des membres des bureaux de vote et des représentants des partis politiques, « tout se passe bien » sauf pour le président de l’Alliance pour la démocratie du Faso, Boureïma Ouédraogo rencontré au bureau de vote n° 26 du secteur n°11 dit avoir eu vent d’une « préparation massive de fraudes par le CDP et l’UPR ».

La même crainte est partagée par la tête de liste ADF/RDA, Célestin B. Koussoubé rencontré à l’école Accart-ville Sud A. « Je ne comprends pas pourquoi certains adversaires ne croient qu’en la fraude ! », déplore-t-il tout en avertissant que son parti « ne se fera pas avoir comme aux municipales d’avril 2006 ».

La représentativité des partis politiques dans les bureaux de vote est assez faible. En effet, sur les 24 partis politiques en lice dans le Houet, 5 en moyenne ont envoyé des répondants dans les bureaux de vote. Il s’agit de l’ADF/RDA, du CDP, du PCP/Faso, de l’UNDD, de l’UPR et de l’UPS. Quant aux observateurs, ils auront été peu vus en dehors de membres du Conseil constitutionnel rencontrés plus d’une fois pendant ce tour des bureaux de vote à Dô et Konsa.

Clarisse HEMA
Urbain KABORE

Sidwaya

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