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Liberté de la presse : « Un leurre au Burkina Faso »

Publié le vendredi 4 mai 2007 à 08h29min

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Le 3 mai, journée mondiale de la liberté de la presse, a été célébré par le Centre national de presse Norbert- Zongo (CNP-NZ), à travers une conférence-débats animée par le Pr Augustin Loada sur le thème : « Les élections en Afrique, pilier de la démocratie ou un leurre ? » ; et la projection du film « Les armes de duperie massive » ou « La guerre des médias en Irak » de Danny Schetter.

La journée mondiale de la liberté de la presse est commémorée chaque année le 3 mai, sous l’égide de l’UNESCO. Le thème retenu pour 2007 est : « Liberté de la presse, sécurité des journalistes et impunité ». La célébration de la journée cette année-ci correspond au 10e anniversaire du Prix mondial de la liberté de la presse UNESCO-Guillermo Cano. Guillermo Cano était le directeur du quotidien colombien « El Espectador ».

Il a été assassiné le 17 décembre 1989 devant l’immeuble du journal à Bogota, par deux tueurs. Il a été victime des mafias du trafic de la drogue qu’il dénonçait courageusement et dont il soulignait les effets néfastes sur la société colombienne. Les magistrats chargés de l’enquête ont fait l’objet de menaces et d’offres de corruption et certains ont été tués pour avoir refusé ces offres.

Aujourd’hui, 21 ans après sa mort, et 8 ans après celle du journaliste Norbert Zongo, boucané le 13 décembre 1998 avec trois de ses compagnons dont son frère cadet, la violence contre les professionnels des médias et leurs institutions reste une des plus grandes menaces qui pèsent sur la liberté de la presse.

Des chiffres qui inquiètent

Selon Reporter sans frontières (RSF), 75 journalistes et 32 autres professionnels des médias ont été tués l’an dernier, faisant de l’année 2006 l’une des années les plus meurtrières. Timothy Balding, PDG de l’association mondiale des journaux déclarait en octobre dernier « qu’aujourd’hui, le journalisme est plus dangereux que jamais. Plus de 500 journalistes ont été tués au cours de la décennie écoulée, souvent pour avoir simplement fait leur travail.

Ces meurtres sont une atteinte directe non seulement contre les individus, mais aussi contre la société tout entière. Pourtant rares sont les meurtriers qui ont eu affaire à la justice ». Au cours des trois dernières années, selon le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), environ 85% de tous les meurtriers de journalistes n’ont fait l’objet ni d’enquêtes judiciaires, ni de poursuites pour leurs crimes.

Pour le président du Comité de pilotage du CNP-NZ, Justin Coulibaly, il faut enquêter sans délai sur ces meurtres et punir les auteurs sans faiblesse. Tel doit être le cas des assassins et autres commanditaires des assassinats de Deyda Haïdara, journaliste gambien, de Guy André Kieffer, journaliste franco-canadien, de Norbert Zongo...

La situation au « Pays des hommes intègres »

Selon Coulibaly, depuis le non-lieu prononcé le 17 juillet 2006 en faveur de Marcel Kafando, unique inculpé dans l’affaire Norbert Zongo, on assiste à une offensive généralisée contre tous les médias et singulièrement contre le journalisme d’investigation et de dénonciation des malversations économiques et de crimes de sang, de détournement de deniers publics et de l’impunité.

C’est dans ce cadre que Germain Nama et Newton Ahmed Barry de l’Evènement ont été jugés et condamnés par le tribunal pour avoir osé traiter du non-lieu dans leur journal. Chériff Sy, directeur de publication de l’hebdomadaire Bendré, pour avoir publié dans son journal une correspondance du directeur général de la Police nationale adressée au ministre de la Sécurité sur l’assassinat perpétré le 28 octobre 2006 à Piéla contre des citoyens burkinabè, a subi un interrogatoire d’environ deux heures.

Ils sont nombreux, poursuit le président du Comité de pilotage du CNP-NZ, les journalistes et autres directeurs de publication qui ont été interpellés ces deux dernières années au Burkina, pour avoir fait simplement leur travail. Tout cela finit par convaincre plus d’un, chaque jour davantage que la liberté de la presse tant prônée au Burkina est un leurre. Il est donc temps, conclut-il, pour les défenseurs de la liberté d’expression et de la presse de se réveiller pour arrêter l’escalade contre les médias.

D. Evariste Ouédraogo

L’Observateur Paalga

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