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Retrait des cartes d’électeur : On ne s’est pas bousculé à Ouaga

Publié le vendredi 4 mai 2007 à 08h25min

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Ceux qui n’ont pas retiré leur carte d’électeur ne pourront pas aller aux urnes le dimanche 6 mai 2007 pour voter le parti de leur choix dans le cadre des législatives. A jour j-1 (le mercredi 02 mai) du délai de retrait de ce sésame, une équipe de votre quotidien a sillonné des bureaux de vote pour faire l’état des lieux.

Mercredi 2 mai 2007. Il est 9h30 au siège de la Commission électorale nationale indépendante (CENI) à Ouagadougou. L’atmosphère est des plus ordinaires ; pratiquement rien n’indique que cette institution s’attelle à organiser un scrutin législatif ce dimanche 6 mai 2007.

Comme d’habitude, un vigile est posté à l’entrée pour ouvrir la grande porte aux véhicules. A l’intérieur, un autre reçoit, derrière la fenêtre d’une maisonnette, les visiteurs pour les formalités d’usage avant de les laisser accéder aux bureaux.

Nous sommes soumis à la même règle. Notre interlocuteur s’enquiert de l’objet de notre visite, décroche le combiné pour se renseigner auprès d’une secrétaire. Boris Edson Yaméogo, directeur de la communication de la CENI, que nous souhaitons rencontrer est à son poste. Mais la réponse est négative. Nous devrions patienter. Mais le temps presse. Nous passons donc un coup de fil au Dircom pour l’informer de notre présence dans ses locaux : il nous reçoit illico presto.

Très vite, notre confrère met à notre disposition les éléments d’information que nous désirons, à savoir le point du retrait des cartes d’électeurs à la date du 2 mai 2007. Le document est disponible, mais pas à jour, puisqu’il date du 24 avril 2007. Celui-ci fait ressortir les chiffres de quelques provinces du Burkina : l’on en retient que le Yatenga est en tête avec 94,13% de retrait (ce qui augure une forte participation électorale) suivi du Mouhoun, de la Kompienga, du Lorum et du Bazèga ; le Kadiogo est en queue de peloton avec 34,51%.

Au moment où nous quittons le siège de la CENI, nous rencontrons un groupe de huit personnes qui arrivaient. Renseignement pris, il s’agissait d’une délégation de l’Union africaine (UA), conduite par Gérard Philippon ; elle est à Ouagadougou depuis le 30 avril dans le cadre de l’observation du scrutin du 6 mai 2007. 10h30. Nous sommes aux bureaux de vote (BV) n°1 et 6 de l’arrondissement de Baskuy, sis en face de l’ABMAQ. Le premier est tenu par Abdoul-Razak Kaboré, résidant à Koulouba.

Sa voisine Céline Compaoré est absente momentanément. Abdoul-Razak nous indique qu’il est confronté à d’énormes difficultés avec les électeurs, qui rougissent quand ils constatent des irrégularités sur leurs cartes. "Certains trouvent leurs cartes, mais les dates de naissance des parents ne sont pas conformes à celles qui sont sur la liste ; d’autres ont leurs noms qui y figurent, mais la carte demeure introuvable". Face à une telle situation, ils sont renvoyés à la mairie ou à la CENI.

Mairie de Bogodogo. Bassirou Nacro et Fatimata Boussim, respectivement membre et rapporteur de la Commission électorale indépendante d’arrondissement (CEIA), nous explique que toutes les cartes à problèmes sont signalées à la CENI. Pour les électeurs qui ont leur nom sur la liste et dont les cartes n’ont pas été retrouvées, les données y sont également transmises, et le service informatique procède aux vérifications nécessaires, puis fait parvenir la réponse. "Mais certains ne reviennent plus pour la suite...

Il y a aussi le numéro vert (80 00 11 60) de la CENI qui est disponible pour répondre à toutes les sollicitations dès lors que quelqu’un est confronté à des difficultés avec sa carte", indique la rapporteur de la CEIA de Bogodogo. Pour cet arrondissement, à la date du 28 avril 2007, seulement 30% des cartes avaient été retirées. Le report du délai de retrait se justifiait donc, même si personne n’était sûr que ça change quelque chose.

Pendant que nous échangions, Tiraogo Tapsoba se présente avec son problème : on ne trouve ni son nom ni sa carte. "Dans ces circonstances, il n’y a pas de solution, puisque la CENI a déjà arrêté les listes ; on ne peut donc plus l’inscrire", tranche Bassirou Nacro. Au lycée Réveil de Ouagadougou se trouvent les BV n° 10 et 14 du même arrondissement. Salifou Boudo et Abdoul Aziz Zabsonré s’en occupent. Les mêmes constats s’imposent : erreur sur les dates de naissance, cartes introuvables, colère de certains électeurs à supporter par ces pauvres jeunes payés 1000 F par jour.

D’ailleurs, au sujet de ce traitement journalier, les distributeurs des cartes se disent floués, puisqu’on leur avait promis 1500 F CFA au lieu de 10 jetons de 100 F CFA. "Il y a eu un malentendu lié au fait qu’un responsable de la Commission électorale provinciale indépendante avait laissé entendre à des jeunes qu’ils seraient payés à 1500 F CFA", nous déclare un membre d’une Commission électorale d’arrondissement.

Le quiproquo est levé, puisque le président de la CENI a fait sortir une note rappelant que la prise en charge demeure inchangée, c’est-à-dire 1000 F CFA, comme lors des scrutins précédents. A ce jour, les distributeurs ont reçu 7 000 F CFA représentant la rémunération de sept jours de travail. "On nous a promis de nous régler le reste plus les cinq jours supplémentaires une fois notre boulot terminé", indique Boudo Salifou.

Dans les différents bureaux que nous avons visité, les électeurs viennent au compte-gouttes : à la date du 28 avril 2007, le BV n°1 de Baskuy, sis à Koulouba, enregistrait 335 cartes retirées sur un total de 691 et en était à 397 à jour j-1 ; au 2 mai 2007, sur les 681 inscrites au BV n° 10 au lycée Réveil, 346 personnes étaient passées chercher leur sésame pour voter.

Si l’on tient compte du fait qu’elles sont nombreuses à n’avoir pas pu entrer en possession de leur carte orange à cause des erreurs constatées, l’on peut prophétiser, comme l’a fait remarquer Salifou Boudo, que le taux de participation pourrait être faible dans le Kadiogo, notamment à Ouagadougou, surtout qu’une chose est de retirer le précieux document et une autre de s’en servir le jour du vote ; un autre élément à souligner : les jeunes ne se bousculent pas pour retirer leur carte d’électeur ; en tout cas, c’est ce qui est ressorti dans les bureaux de vote qui ont reçu notre visite.

Manquent-ils d’intérêt pour ces élections ou sont-ils beaucoup plus préoccupés par les questions de survie ? Sont-ils déçus des hommes politiques ? Sans doute les trois à la fois. Mais en attendant, il faut désormais travailler à ce que ceux qui ont la volonté d’accomplir leur devoir civique soient satisfaits, car, à l’instar du jeune Honoré Oubda à l’école Sanyiri, ils sont souvent nombreux à se déplacer dans les bureaux de vote pour constater, avec amertume, que les distributeurs de cartes ont déserté les lieux, confiant celles-ci à des personnes vivant dans les alentours immédiats des BV, lesquelles ne peuvent pas faire le boulot à leur place.

C’est à se demander à quoi servent les superviseurs, qui doivent veiller à l’exécution effective des tâches confiées aux distributeurs pour éviter les désagréments des électeurs.

Adama Ouédraogo Damiss

Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur Paalga

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Vos commentaires

  • Le 4 mai 2007 à 10:25, par Cédric. Très indigné... En réponse à : > Retrait des cartes d’électeur : On ne s’est pas bousculé à Ouaga

    "...On ne s’est pas bousculé à Ouaga", et on ne se bousculera pas pour cautionner ce processus d’énnumération de promesses identiques et non réalisées à chaque fois. Et n’allez pas dire que l’opposition gagne du terrain dans nos villes, car elle également fait preuve de beaucoup de lacunes ! Bientôt, et même auprès de nos paysans si pauvres qu’ils sont prêts à "jouer le jeu", vos méthodes ne passeront plus.

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