"Ici tout se passe bien, nous sommes à plus de 60% de cartes retirées", a laissé entendre Albert Ouédraogo, agent distributeur de cartes d’électeurs du bureau n° 3 au secteur 6. Sur un total de 3542 inscrits dans l’ensemble des bureaux 1,2 , 3 , 4 et 9, 2 632 cartes ont été retirées, soit un taux de 74,30%. Pour l’agent distributeur Ouédraogo, il n’y a pas de difficultés majeures. Il a néanmoins invité les différents démembrements de la CENI et les responsables des partis politiques à sensibiliser davantage les populations à retirer les cartes d’électeurs afin de pouvoir accomplir leur devoir civique.

Dans les bureaux n° 1 et 4 au secteur 4, l’agent distributeur Julien Zoungrana nous a signifé que 305 cartes avaient été retirées sur un total de 460 inscrits, soit un taux de 66,30%. Ce dernier a signifié que l’engouement n’était plus celui du début. Car la moyenne journalière de retrait a chuté de 30 à 10. Si dans ces bureaux les choses semblent bien aller, dans les bureaux 1 , 2 , 10 , 11, au secteur 1, ce n’est pas le cas.

Car selon l’agent distributrice Fatoumata Traoré, 956 cartes ont été retirées contre 1900 cartes d’électeurs au total. Soit 50,31% des inscrits pour l’ensemble des 4 bureaux. Comme difficultés, Mlle Traoré a relevé que des gens non inscrits sur les listes électorales venaient les injurier, parce qu’ils ne peuvent pas donner de cartes d’électeurs à ces derniers non inscrits auparavant. La moyenne de retrait, du 19 au 27 avril, se situe entre 5 à 8 par jour, a-t-elle dit.

Pour le président de la Commission électorale communale indépendante (CECI), Léopold Yaméogo, l’opération de retrait des cartes d’électeurs de la période du 14 au 28 avril s’est bien déroulée car sur un ensemble de 55 388 inscrits dans 113 bureaux que compte la CECI, 52 059 cartes ont été retirées à la date du 30 avril 2007, soit un taux de retrait de 93,98%. 113 agents distributeurs ont été mobilisés à cet effet, a-t-il dit.

M. Yaméogo a précisé que les difficultés étaient liées à des erreurs matérielles, au fait que des inscrits ne retrouvent pas leurs noms sur les listes électorales, aux fautes d’orthographe sur les noms, sur l’âge, etc. Le président de la CECI a lancé un appel à tous ceux qui n’ont pas pu faire le retrait de leur carte d’électeur à se rendre au siège de la CECI afin qu’on puisse leur trouver une solution car la période de retrait des cartes d’électeurs a été prolongée au 3 mai 2007.

Réactions

Salif Ouédraogo, instituteur à l’école Sud A

"J’ai retiré ma carte parce que sans elle on ne peut pas voter. Mais mon choix n’est pas encore fait. J’attends des futurs élus des lois qui peuvent permettre au pays d’évoluer. Parce qu’il y a eu par le passé des lois qui nous ont souvent dégoûtés. Je suis déçu des candidats qui n’ont pas tenu leurs promesses lors des échéances passées. Pire, 97 à 99% de la population ignore les noms des députés qui ont été élus. Ils sont méconnus du public sur le terrain.

La déception est généralisée parce qu’ils n’ont pas tenu parole, d’une part, et d’autre part, parce qu’ils sont invisibles sur le terrain. Je voudrais dire aux citoyens qu’il est temps qu’on impose nos propres programmes à ces hommes politiques et non le contraire. Et s’ils ne prennent pas nos préoccupations en compte, nous leur ferons des votes sanctions aux prochaines élections."

Abdoulaye Zeba

"Je n’ai pas encore retiré ma carte d’électeur et je ne le ferai pas parce que je ne veux pas voter pour des gens qui ne tiennent pas leurs promesses. On nous a promis de construire la ville, de trouver des emplois pour les jeunes si on votait. Mais après avoir remporté les élections grâce à nos voix, rien n’a été fait. Je suis toujours au chômage, rien n’a changé à ma situation.

Je ne peux pas continuer à suivre des gens qui ne tiennent que des propos démagogiques. Ils dorment dans des maisons climatisées, roulent dans les grosses voitures, mangent gras ; pendant ce temps, nous sommes sous le soleil et au chômage. En d’autres termes, nous croupissons dans la misère."

Hippolyte Kaboré, commerçant

"J’ai déjà retiré ma carte mais je ne voterai pas. La raison est que je ne veux plus qu’on me flatte avec un tee- shirt ou un billet de 1 000 F CFA . A chaque élection on nous fait miroiter de belles choses, mais une fois ces candidats élus, on ne voit plus de député capable de répondre aux préoccupations des citoyens. Je dirai à chaque citoyen de faire un bilan critique de ces hommes politiques avant de leur accorder une voix".

Propos recueillis par Dabadi ZOUMBARA

Le Pays