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Journée mondiale de la liberté de la presse 2007 : La sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité

Publié le jeudi 3 mai 2007 à 07h50min

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Sams’K le Jah de Ouaga FM serait sous le coup de menaces anonymes

A l’occasion de la Journée mondiale de la liberté de la presse, célérée le 3 mai de chaque année, l’AJB, la SEP et le SYNATIC font un bilan peu reluisant de la situation des journalistes et invitent les autorités à garantir à ceux-ci plus de sécurité dans l’exercice de leur profession.

Les associations qui luttent pour la défense de la liberté de la presse saisissent l’occasion pour dénoncer les menaces contre la vie de l’animateur Sams’K le Jah de Ouaga FM.

La célébration de la Journée internationale de la liberté de la presse est placée cette année sous le thème « Sécurité des journalistes et lutte contre l’impunité ». Ce thème, à l’évidence, est d’actualité, au regard des différents rapports fournis par les ONG de défense et de protection des journalistes tels Reporters sans frontières (RSF), le Comité pour la protection des journalistes (CPI), la Fédération internationale des journalistes (FIJ) et les organisations de défense des droits humains.

Le constat qu’elles font est effarant. Depuis le 1er janvier 2007, 34 journalistes ont été tués dans l’exercice de leur fonction, soit une moyenne de deux par semaine. Cependant, 2006 aura été l’une des années les plus meurtrières pour les journalistes avec :

- 81 journalistes tués ;
- 32 collaborateurs des médias tués ;
- 871 interpellés ;
- Au moins 1 472 agressés ou menacés ;
- Au moins 912 médias censurés ;
- Au moins 56 journalistes enlevés.

Selon RSF, il faut remonter à 1994 pour trouver un palmarès aussi sombre. En 1994 il a recensé 103 journalistes tués.

Ce sont les pays en guerre, les pays qui connaissent des crises sociales, politiques où sévissent les dictatures et où la démocratie est en panne qui sont les principaux prédateurs de la liberté de la presse. En tête de peloton se trouve l’Irak qui, pendant quatre années consécutives, a detenu le triste record avec 64 journalistes et collaborateurs tués en 2006.

En Amérique Latine, le Mexique et la Colombie sont réputés les plus dangereux pour les journalistes. Les plus exposés sont ceux qui enquêtent sur les narcotrafiquants ou couvrent les mouvements sociaux violents. Ainsi en 2006, neuf journalistes qui enquêtaient sur les narcotrafiquants ont été abattus.

La situation n’est guère meilleure pour les confrères en Russie : depuis l’arrivée de Vladimir Poutine au pouvoir en 2000, on dénombre 21 journalistes tués dont trois en 2006. Les Philippines font également partie de la liste noire des pays où les journalistes payent de leur vie l’exercice de leur droit d’informer.

En Afrique et au Burkina

Dans la corne de l’Afrique, l’Erythrée, la Somalie, l’Ethiopie, la Gambie, la République Démocratique du Congo ont la triste réputation de pays liberticides en matière de presse. Des pays jadis cités en exemple en matière d’ancrage de la démocratie tel le Sénégal ont, eux aussi, sombré dans la violation de la liberté de presse par les interpellations et incarcérations de journalistes.

Des journalistes assassinés, Deida Haidara en Gambie, André Keffer en Côte d’Ivoire, Délè Giva au Nigeria, Norbert Zongo du Burkina Faso attendent vainement que la vérité et la justice soient faites. Ainsi, insécurité rime avec impunité et celle-ci tue la démocratie.

Au Burkina Faso, les années 2006 et 2007 ont été marquées par une offensive contre les médias. Beaucoup de journaux ont été attraits devant la Justice pour avoir dénoncé des faits de corruption et de détournements avérés, des passe-droits et impunité.

Cette offensive est intervenue juste après le non-lieu prononcé dans le dossier Norbert Zongo en juillet 2006. Non-lieu que les organisations professionnelles, dont la majorité des organes de presse, ont dénoncé et rejeté.

Ainsi, le 6 novembre 2006 le quotidien "Le Pays" a été attrait en justice pour avoir écrit sur les malversations financières opérées par l’ancien directeur régional de l’Environnement des Hauts Bassins.

Le 22 novembre 2006, le bimensuel Le Citoyen, pour avoir dénoncé le projet d’octroi des faveurs et passe-droits au groupe Tan Aliz, a fait l’objet de menaces de la part de Mme Alizèta Ouédraogo, PDG du Groupe Tan Aliz et belle-mère de M. François Compaoré, frère cadet du président Blaise Compaoré.

Le 28 décembre 2006, le directeur de publication du quotidien L’Observateur Paalga et les journalistes qui ont écrit sur la disparition de matériel au camp CRS de Ouagadougou ont été convoqués à la gendarmerie où ils ont été interrogés pendant plusieurs heures.

Le 22 janvier 2007, le directeur de publication et le rédacteur en chef du bimensuel L’Evénement ont été attraits devant la Justice pour diffamation par M. François Compaoré, frère cadet du président Blaise Compaoré.

En février 2007, le directeur de publication de l’hebdomadaire Bendré, suite à un article publié le 19 février sur l’assassinat de trois habitants de Piéla par des policiers, a été convoqué et interrogé à la Sûreté.

Enfin, depuis 2006 l’animateur Karim Sama, dit Sam’s K le Jah, fait l’objet de menaces de mort.

Au regard de cette situation peu reluisante au plan international et national, la Fédération Internationale des journalistes a lancé un appel « à plus de justice, de sécurité pour les journalistes dans l’exercice de leur métier ».

Nos organisations professionnelles, à l’occasion de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, invitent les autorités à garantir effectivement la sécurité des journalistes dans le cadre de leur profession, à traduire devant les tribunaux les assassins de journalistes, à faire la lumière sur les crimes pendants. Elles les interpellent particulièrement à prendre les dispositions nécessaires pour faire cesser les menaces de mort contre l’animateur Sams’ K le Jah.

Nos organisations sont également consternées par l’enlèvement à Gaza du correspondant de la BBC, Alan Johnston, détenu depuis plus de sept semaines. Elles exigent sa libération immédiate.

Elles invitent également tous les journalistes à faire davantage preuve de professionnalisme.

Vive la Journée mondiale de la liberté de la presse !

Ouagadougou, le 2 mai 2007

Ont signé :

Pour l’Association des journalistes du Burkina (AJB)
Jean Claude Méda

Pour la Société des éditeurs de la presse privé (SEP),
Chériff Sy

Pour le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la Culture (SYNATIC),
Justin Coulibaly


Non aux menaces contre Sams’K le Jah

La commémoration du 3 mai cette année, peu après le Festival international de la liberté de la presse (FILEP), coïncide avec les menaces de mort contre l’animateur de radio Ouaga FM et musicien Sama Karim, dit Sams’k le Jah.

Les menaces en question, quoique anonymes et faites par le biais du courrier électronique, doivent être prises très au sérieux et le ou les auteurs recherchés et présentés à la Justice.

Nous, associations professionnelles, tenons à rappeler aux citoyens qu’il existe une autorité de régulation (Le Conseil supérieur de la communication) qui peut être saisie par toute personne, tout groupe ou institution qui se sentirait injurié, diffamé sur les ondes d’une radio ou d’une télévision. Aussi invitons-nous les citoyens à privilégier cette voie de recours à celle de l’intimidation ou du règlement de comptes...

Cette dernière affaire qui fait suite à une série d’interpellations de journalistes n’honore guère notre pays ni le processus démocratique en cours.

Aussi, à l’occasion du 3 mai, nous, hommes de médias du Burkina, dénonçons et condamnons fermement ces harcèlements et menaces ; appelons les autorités compétentes de l’Information et de la Sécurité à prendre les dispositions préventives pour y mettre fin.

Ouagadougou, le 2 mai 2007

Ont signé :

Pour l’Association des Editeurs et Publications des Journaux en Langues Nationales (AEPJLN)
Le Président,
Evariste Zongo

Pour l’Association des Journalistes du Burkina AJB) Le Président,
Jean Claude Méda

Pour l’Association des Médias Communautaires (AMC)
Le Président,
André Eugène Ilboudo

Pour l’Association des Radiodiffuseurs Communautaires du Burkina (ARC-Burkina),
Le Président,
Jacob Sou

Pour l’Association des Radios et Télévisions Privées du Burkina Faso ( ARTPB),
Le Président,
Moustapha Laabli Tiombiano

Pour la Ligue pour la Défense de la Liberté de la Presse (LDLP),
Le Président,
Sibiri Eric Kam

Pour la Société des Editeurs de la Presse Privée (SEP)
Le Président,
Chériff Sy

Pour la Société pour le Développement des Médias en Afrique (SODEMA-Burkina)

Le Secrétaire Général,
Ramata Soré

Pour le Syndicat Autonome des Travailleurs de l’Information et de la Culture (SYNATIC)

Le Secrétaire général

Justin Coulibaly,
Pour l’Union Nationale de l’Audiovisuel Libre du Faso (UNALFA)

Le Président,
Charlemagne Abissi

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Vos commentaires

  • Le 3 mai 2007 à 12:09, par Tom En réponse à : > Journée mondiale de la liberté de la presse 2007 : La sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité

    C’est bien un tel élan de soutien ; c’est même normal. Mais si ces "Raag-Kambaa" veulent "refroidir" Le Jah, vous ne pourrez rien empêcher. Il nous faire plus pour le sauver, et même s’insurger avec la dernière des hystéries ne suffira pas. Qui à part ceux qui veulent le "flinguer" peut vraiment le protéger ici au Faso ? Vous avez vu pour Norbert ZONGO ?

    J’espère au moins que si cette triste éventualité se présentait (le Ciel nous en garde), ces "faiseurs" sauront épargner sa famille !

  • Le 3 mai 2007 à 18:36, par simarcoop2010 En réponse à : > Journée mondiale de la liberté de la presse 2007 : La sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité

    samsk,couarge (permets-moi de te tutoyer),il faut savoir que tes propos gènent de nombreuses personnes.Il faut qu’il ait des gens comme vous pour dire haut ce que nous autres peureux pensons tous bas.C’est un metier noble que tu as choisi avec tout ses risques.La liberté d’expression ne se conjugue toujours pas au present dans nos Etats (africains surtout),un jour viendra où vous direz paisiblement ce que vous pensez.Quelle est le rôle de la justice maintenant ?Qui se sent blessé n’a qu’à saisir la justice,c’est tout.Sila personne est incapble de proceder ainsi,c’est la preuve que c’est un lâche,un lâche l’Afrique n’a pas besoin de toi.Ils commetent des crimes ignobles,voici que vous êtes menacés,il faut savoir que le peuple burkinabé te soutienne et n’est pas indifferent à ces menaces,la jeunesse africaine te soutien samsk.Bonne celabration de la journée et que la liberté d’expression sonne à jamais dans notre très chèr continent !

    • Le 4 mai 2007 à 15:36, par Tom En réponse à : > Journée mondiale de la liberté de la presse 2007 : La sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité

      Au lieu de lui souhaiter du "courage" (qu’il a déjà en animant comme il le fait à la Radio), cherchons plutôt à le mettre en sécurité avant que l’irréparable ne se commette ! C’est quoi "le soutien du peuple" ? Une chimère qui n’a pas pu empêcher que l’on zigouille Tom Sank, ou Norbert Zongo plus près encore !

      Cet individu (le Jah) est véritablement en danger ; et cette fois-ci, les flingueurs ont poussé le culot jusqu’à nous prévénir de facon "solennelle".

  • Le 3 mai 2007 à 22:00, par Arold En réponse à : > Journée mondiale de la liberté de la presse 2007 : La sécurité des journalistes et la lutte contre l’impunité

    SVP On en a marre

    Je demande aux pourfendeurs de la liberté de la presse, "de faire pardon". On a en a marre des interpellations, des sequestrations, menaces et autres intimidations dont journalistes et animateurs sont l’objet. le problème de Norbert Zongo n’est pas encore resolu et vous en cherchez à créer d’autres. c’est vraiment deplorable. ce qui m’etonne, c’est que nos autorités ne tirent pas conseil sur la crise sociale qui prevaut.
    Dans la vie il faut être reflechi, quand dans un pays, une grande partie du peuple croupi sous le poids de l’injustice, de la misère, de l’exclusion..., c’est que ce pays tangue lentement mais surement vers un soulèvement populaire. Il ne faut pas être un fin analyste politique ou un diplomate pour le constater. Il faut simplement avoir un bon sens. Des trefonds du Burkina profond jusqu’à Ouaga, l’aigreur et les frustations des travailleurs, des citoyens en un mot se vivent et se constatent au quotidien. Il vous suffirait d’approcher les gens, de les interpeller sur quelque chose de banale, pour les sentir nerveux, ou grinceux. Des situations toute legitime, quand on constate que la fracture sociale entre riches et pauvres se creusent exponentiellement. En toute honneteté les recentes series de tueries, ne m’etonnent guère même s’ils sont choquantes. les gens en ont marre d’une justice partisane acquis aux "uns" tandis que le citoyen ordinaire est rangé dans la pallette des "divers" voire des "etc". les "autres étant reservé aux "petits directeurs et deputards". Mais ce que ces "gourous et intouchables" oublient, ils seront victimes de leur propre piège. Las et desepérés ces "etc" les flingueront au bout d’une ruelle ou dans un maquis, vue qu’ils passent leur temps à courtiser les minettes dans les quartiers, quand ils ne se calinent pas dans un bar.
    je vous prie, ne rajoutez pas une peine à une autre, on en souffre à mourrir de la mort de Norbert Zongo alors laisser Sam’K le Jah animer paisiblemnt ces emissions.

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