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Vénézuela/FMI-BM : Jusqu’où ira Hugo Chavez ?

Publié le jeudi 3 mai 2007 à 08h05min

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Il a l’art d’enflammer son auditoire. Il sait parler à son peuple. Il agit. Il veut changer le destin de son peuple et celui des Latino-Américains. Pour cela, il veut bousculer l’ordre établi. Hugo Chavez ne prend pas de gant. Cette fois, il s’attaque à des citadelles du capitalisme néolibéral que sont la Banque mondiale et le Fonds monétaire international.

A ses risques et périls, penseront certains de ses pairs, plus enclins à préserver leur confort douillet des Palais, leurs comptes bancaires à l’étranger, qu’à booster résolument le développement de leur nation.

Pour tout dire, Hugo Chavez est un révolutionnaire. Depuis son accession au pouvoir en 1999, il est dans une logique de rupture tant dans sa façon de gérer l’Etat que dans ses relations avec le monde capitaliste. C’est un pays qui avait été mis sous coupe réglée par les multinationales. Un pays plongé pour une grande partie de sa population, dans la pauvreté, dont Chavez hérite. D’un côté, il y a la misère du peuple et de l’autre, les multinationales qui pompent les richesses du pays.

Il entre en guerre contre le président Bush, symbole de l’unilatéralisme et du néolibéralisme. Quelques semaines après avoir fini de payer sa dette aux institutions de Bretton woods, le Venezuela est sur le point de se retirer de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international.

Derrière cette décision, se cache un exploit économique. La manne pétrolière a permis de solder, avant terme, la dette du pays et l’un des premiers pays producteurs de pétrole n’entend plus se laisser dicter sa politique par quiconque. C’est donc une affirmation de son indépendance politique et économique. Les politiques imposées par la Banque mondiale et le FMI sont à ses yeux, un moyen pour perpétuer l’impérialisme des Américains et des Occidentaux. Quid alors des pays cités comme les bons élèves de Bretton Woods ?

Ils sont nombreux en Afrique, à s’en vanter. Dans la perspective défendue par Hugo Chavez, les dirigeants de ces pays ne sont-ils pas que des "valets locaux de l’impérialisme" ? Sur un tout autre plan, comment comprendre que ces bons élèves trônent au bas du classement du PNUD avec des indices de développement humains très faibles ?

L’avantage avec Chavez, c’est qu’il assure servir le peuple et ses actes ne l’ont pas encore trahi. Et le peuple le lui rend si bien, autrement, Chavez aurait perdu son fauteuil, lors de la tentative de putsch de 2002 notamment.

Au lendemain de son élection, il lance de vastes programmes sociaux au profit des plus démunis, dans les secteurs de la santé, de la réforme agraire, de l’alphabétisation et de l’éducation, de l’approvisionnement en produits de base à prix subventionnés, etc. Le président s’engage dans un projet de redistribution des richesses dans un pays marqué par une très forte corruption. Jusqu’où pourra-t-il aller en défiant l’ordre établi ? Une partie de la réponse se trouve dans la détermination sans faille de l’homme. Il sait qu’il s’attaque à de gros intérêts. Mais il a un précieux bouclier : son peuple qui fait corps avec lui.

Mais l’idylle ne saurait perdurer si une alliance régionale ne se tisse pas autour de l’idée qu’il vient de lancer : la Banque du sud. Cette institution régionale financerait désormais les chantiers du développement des Etats membres à partir des revenus du pétrole. La Banque du sud est donc un défi personnel à relever si celui que l’on taxe de révolutionnaire bolivarien veut que ses idées lui survivent

C’est une brèche qui s’ouvre ainsi et tout le front anti-libéral devrait s’y engouffrer. Un certain nombre de pays de la zone semble y adhérer déjà. C’est la preuve que dans cette contrée, la Banque mondiale et le FMI ont échoué dans leur mission. L’idée de Hugo Chavez n’est pas sortie subitement d’un chapeau de magicien. Il faut cependant espérer que les soutiens du dirigeant aient cette capacité à s’affranchir moralement et financièrement de la tutelle des institutions de Bretton Woods.

Les mesures de rétorsions, les intimidations, le chantage et même la subversion ne manqueront certainement pas. Les enjeux sont énormes et il faudrait avoir du cran pour tenir. Les alter mondialistes et les pays du tiers-monde tiennent là un moyen d’affaiblir le système néolibéral en élargissant le cercle des émules du projet Chavez. La défiance prendrait alors une nouvelle ampleur et crédibiliserait ainsi les alternatives des alter mondialistes face à la déferlante néolibérale.

Le pays

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