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Présidentielle au Mali : La démocratie à rude épreuve

Publié le jeudi 3 mai 2007 à 08h05min

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Quatre jours après le 1er tour de l’élection présidentielle au Mali tenu le 29 avril 2007, le ton des protestatairs est en train de monter.

Les résultats provisoires partiels de l’élection présidentielle malienne continuent de tomber. Dans la soirée du mardi 1er mai dernier, le ministère de l’Administration territoriale et des Collectivités locales (MATCL) a encore livré une partie du secret des urnes.

Cette fois-ci, les chiffres ont porté sur les bureaux de vote de 29 cercles sur les 49 que compte le Mali et ceux de 24 ambassades et consulats à l’extérieur. En soi, les tendances restent les mêmes avec une large avance du président sortant Amadou Toumani Touré (ATT) sur son poursuivant direct, Ibrahim Boubacar Keïta.

Selon les chiffres du MATCL, sur un total partiel de 1 170 074 de votants sur le territoire national (avec 102 420 bulletins nuls), le candidat de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) engrange 723 733 voix, soit un taux de 72,04%. IBK, quant à lui, aurait obtenu 15,17 %. Cet écart s’accroît entre les deux candidats en tête chez les Maliens de l’étranger.

Sur 17 502 suffrages exprimés (avec 50 293 inscrits), ATT serait plébiscité de 78,95 % contre 13,63 % pour IBK. Ces résultats, bien que partiels et provisoires, ont suscité une vive contestation au sein de la coalition de l’opposition, le Front pour la démocratie et la république (FDR), présidé par IBK. Les quatre mentors du Front, à savoir IBK (RPM) Tiébilé Dramé (PARENA), Boubèye Maïga (Convergence 2007) et Mamadou Blaise Sangaré (CDS) ont défendu leur position au cours d’une conférence de presse.

Selon eux, « des informations reçues de toutes les régions du pays, des communes du district de Bamako et des pays de résidence des Maliens de l’extérieur, le scrutin présidentiel du 29 avril a été entaché de grosses irrégularités qui ont entamé la sincérité, le sérieux et la transparence des opérations électorales ». Mieux, ils affirment détenir des preuves formelles, « constats d’huissiers à l’appui », de la circulation sur le territoire, avant le jour du scrutin, de bulletins de vote parallèles dont certains portaient l’empreinte digitale devant la case du candidat ATT.

D’autres faits dénoncés par le FDR, sont ce qu’il a appelé, la détention par des individus de milliers de cartes d’électeur leur permettant de voter et revoter en toute impunité, l’engagement de l’administration du côté du candidat président, etc. « En conséquence, le FDR ne saurait reconnaître les résultats issus d’une telle mascarade », ont déclaré le président et les trois vice-présidents du Front. En effet, ils demandent une annulation pure et simple du scrutin du 29 avril dernier. Pour ce faire, ils ont prévu saisir la Cour constitutionnelle, hier mercredi. La rue n’est pas exclue comme moyen de protestation. Le FDR annonce pour aujourd’hui une marche et un meeting au stade Modibo-Kéita de Bamako.

« Les ATtistes revendiquent la victoire »

Alors que les uns protestent, les autres, notamment les ATtistes, revendiquent déjà la victoire de leur candidat dès le premier tour. Ils l’ont fait savoir eux aussi au cours d’une conférence de presse animée le 1er mai dernier. Selon l’équipe de campagne de ATT, « sur la foi des procès verbaux dûment signés par les présidents des bureaux de vote, les assesseurs et les délégués des autres candidats », le président sortant est au-dessus de la barre de 70% pour ce premier tour de la présidentielle.

La leçon à tirer à son avis est que le président « d’un Mali qui gagne », a été plébiscité par les Maliennes et les Maliens. Mieux, a poursuivi Me Mountaga Tall de l’équipe, « Amadou Toumani Touré gagne partout et y compris dans les fiefs présumés des autres candidats (IBK à Bamako, Dramé à Nioro, Soumeylou Maïga à Gao, etc. ».

La coalition autour de ATT s’est demandée quel crédit accordé à des contestations lorsque les écarts des voix sont aussi considérables et vont du quadruple pour le mieux placé des contestataires et du simple à presque l’infini pour d’autres. Les animateurs de l’Alliance pour la démocratie et le progrès (ADP) affirment que les candidats « laminés » de l’opposition devraient accepter leur défaite et commencer déjà à féliciter le « vainqueur » Amadou Toumani Touré.

Cette guerre des tendances est ouverte entre les deux camps alors que le MATCL n’a pas encore publié tous les résultats provisoires. Cela est prévu pour aujourd’hui même. Il faudra attendre en plus le jugement de la Cour constitutionnelle avant de connaître les résultats définitifs du 1er tour de l’élection présidentielle au Mali.

Koumia Alassane KARAMA,
Envoyé spécial de Sidwaya à Bamako

Sidwaya

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