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Cérémonies d’investiture en Afrique : Un fardeau financier

Publié le vendredi 30 avril 2004 à 09h55min

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Une cinquantaine de délégations dont trente cinq conduites par
des chefs d’Etat ou de gouvernement. L’investiture du présiden
sud-africain, Tabon M’Beki, le 27 avril dernier, doublée de la
célébration du dixième anniversaire de la fin officielle de
l’apartheid, avait de quoi faire pâlir d’envie et de jalousie des
sommets de l’Union africaine.

Ces rencontres panafricaines,
pourtant censées débattre des questions liées au destin du
continent , enregistrent parfois moins d’une trentaine de
délégations. C’est donc devenu un rituel qu’un chef d’Etat
africain élu ou réélu (la transparence de son élection importe
peu), invite ses pairs pour son couronnement.

L’Afrique du Sud a l’excuse de son statut particulier. Le pays a
été profondément traumatisé par trois siècles de domination
blanche. L’apartheid a écarté les neuf dixièmes de la population
de tous les centres de décision. La fin officielle de cette injustice
légalisée est intervenue en 1994.

Et la cérémonie de Pretoria
était davantage consacrée à la célébration du dixième
anniversaire de la fin de cette discrimination raciale qu’à
l’investiture du président réélu. Quoi qu’on dise, la disparition de
l’apartheid ne signifie pas forcément la fin des inégalités
criardes en Afrique du Sud. Et la communauté internationale
devait donc manifester son soutien à ce pays dans son
processus de transformation, même si le mouvement paraît
désormais irréversible.

Si le cas sud-africain s’explique largement, on ne saurait
comprendre
les coûteuses cérémonies d’investiture des autres chefs d’Etat
africains parfois mal élus. Ces intronisations, à la limite de la
folklorisation, grèvent les maigres ressources nationales. Elles
s’accommodent mal de la bonne gouvernance claironnée à
tous vents.

Ces cérémonies grandioses, où presque tous ceux qui
comptent en Afrique se retrouvent, servent quelque fois à donner
un semblant de crédibilité et de reconnaissance à des
présidents élus dans des conditions pas toujours
transparentes. Et lorsque certains pays, notamment la France,
s’empressent d’adresser leurs "chaleureuses félicitations" au
président réélu, alors c’est la cerise sur le gâteau.
Les dirigeants africains qui aiment si bien copier, doivent
s’inspirer des pratiques de leurs "maîtres". Que ce soit l’ Europe
ou les Etats-Unis, qui restent la référence des princes qui nous
gouvernent, l’élection d’un président, encore moins sa
réélection, ne donne droit à aucune réjouissance particulière . Il
prête juste serment et se met au travail le même jour. En
Afrique, on prend tout son temps pour fêter, le travail attendra.
On en vient même à exporter pour rien ce fâcheux penchant
fêtard là où l’on n’en a pas besoin. Il est vrai que tout succès
mérite d’être célébré.

Mais l’on gagnerait à contenir les réjouissances dans de justes
proportions . Les premiers responsables qui doivent être des
modèles, ne montrent pas toujours le bon exemple. Dans ces
conditions, on ne doit pas trop s’étonner que la moindre
cérémonie, même la plus insignifiante, donne lieu à de grandes
festivités sans commune mesure avec l’événement. Le côté
festif noie alors tout l’intérêt de l’événement. Bien sûr, tout ceci a
un énorme coût financier que le contribuable ne cesse de payer.

Tout cet argent englouti aurait pu servir à financer des
infrastructures nettement plus importantes pour le
développement du continent. Tout porte à croire donc que
l’Afrique ne sait pas encore ce qu’elle veut . Pendant que
d’autres parties du monde, comme l’Asie du sud-est, qui
n’avaient même pas le niveau de développement de la plupart
des pays africains il y a à peine quarante ans, vénèrent le travail,
le continent noir ne fait que s’appauvrir davantage chaque jour
que Dieu fait.

Il n’est donc pas étonnant que les autres
continents le considèrent tout juste comme simple
consommateur et réceptacle pour déchets toxiques.

Le Pays

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