Au-delà de ce qui paraît morose, se cache bien des situations cocasses qui, pour être décryptées, exigent au moins deux choses. Soit on élit domicile dans une localité pour vivre les réalités, soit on prend langue avec des "incontournables" de la dite localité.

Pama, ville située à quelque trois cents kilomètres de Ouagadougou à l’Est du Burkina paraît calme, comme toutes les villes du Burkina en cette période “chaude” de campagne. Ici tout le monde vous dira que le parti de maître Gilbert Noël Ouédraogo part favori pour l’unique siège. Pourtant un tour dans le fief du parti de l’éléphant vous désarçonne. Aucune ambiance ne laisse penser que c’est à partir de cette cour qui abrite le siège du parti que tout se dessine.

Les riverains, à peine, vous diront que quelque chose se passe en ces lieux. Tous confessent au moins une évidence, “ il n’y a personne ” et ceux qui semblent mieux informés d’ajouter ”ils sont sortis en campagne ”. A la vérité, le parti de maître Gilbert Noël Ouédraogo partage cette “ morosité ” avec les autres partis en lice. Dans ce qui tient lieu de siège du Congrès pour la démocratie et le progrès, Rosine de Floby fait plutôt penser à un lieu de “ distraction ”.

A la seule différence que quelques cents mètres plus loin, l’animation, grandeur nature qui s’y déroule, vient rappeler que nous sommes en campagne politique. Le domicile de la tête de liste CDP Sangli en effet fait son plein de monde. Ce matin-là, c’est Diapangou, à quinze kilomètres qui accueille les militants CDP pour une campagne de proximité.

Ce qui frappe dans ce groupe c’est l’absence de l’adjoint, tout comme celle du directeur départemental de la campagne. On apprend vite que ce n’est pas la sérénité. Les uns et les autres se suspectent de jouer double jeu. De ne pas être sincère.
Les origines de ce malaise seraient, nous a-t-on dit, à rechercher dans la désignation des candidats au cours des primaires. Une cuisine interne ?

On ne saurait le dire. Toujours est-il que “ la bagarre ” des partisans en pleine campagne, fait forcément le bonheur des adversaires. Et l’ADF/RDA pourrait tirer les marrons du feu. Ce parti, qui contrôle la mairie de Kompienga, a déjà tenu un grand meeting auquel a pris part son mentor Gilbert Noël Ouédraogo.

Ninja Onadja, le premier suppléant du parti de l’éléphant, reste cependant prudent, “ c’est le 6 mai qui nous départagera ”. Sans quoi, “ la campagne se passe bien, les populations ont pris la ferme décision d’amorcer un véritable changement ”, souligne-t-il, entouré de son staff. Ninja Onadja se garde de faire des promesses, mais égraine un chapelet de griefs qu’il faudra corriger au soir du 6 mai.

C’est selon lui, “ cette jeunesse oubliée, ces femmes, ces anciens auxquels il faudrait tôt ou tard penser". Dans leur voiture de campagne, ils battent le bitume pour espérer prendre l’unique siège de la Kompienga. “ En politique, il ne faut jamais jurer de rien”, prévient Sangli, vieux briscard de la politique et ancien député CDP.

Pour lui, “ si la tendance telle qu’on constate sur le terrain se poursuit, il n’ y a rien à faire, le tuuk guili en version locale sera l’affaire du CDP". Dans cette rivalité, six autres partis sont en compétition et secrètement espèrent se jouer des deux prétendus bien côtés pour se hisser à la première place.

C’est le cas de l’Union nationale pour la démocratie et le développement dont la tête de proue, Parfait Ouoba, parcourt la cité sur une mobylette pour rallier à lui le plus grand nombre d’électeurs. Ce jeune homme, qui avoue affronter l’électorat pour la seconde fois après les dernières municipales, est tout de même confiant.

Dans son programme pour la Kompienga, figurent en bonne place, des forages pour aider la population, des petits crédits également pour soulager ceux qui n’ont pas de revenus. Il prévoit un meeting à la Kompienga le 29 avril mais à condition que la direction du parti de la Panthère consente à faire un geste substantiel.

Jean Philippe TOUGOUMA

Sidwaya