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Campagne életorale : Le porte-à-porte : réalisme et faute de mieux

Publié le samedi 28 avril 2007 à 08h11min

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La campagne pour les législatives 2007 ouvre le boulevard du système du porte-à-porte dans lequel s’engouffrent tous les partis politiques. Du grand qui n’est pas petit aux plus petits qui sont petits, tout le monde chante les vertus du porte-à-porte.

Cette forme de campagne de proximité (expression également à la mode), qui semblait être le domaine réservé des formations politiques sans ressources, s’est tellement généralisée qu’il faudra désormais craindre pour la quiétude des citoyens harcelés jusque dans leur domicile.

Après les traditionnels et bruyants « garibous » qui se contentent de psalmodier à la porte des cours pour demander l’aumône, il y a eu les adeptes d’une certaine religion, infatigables arpenteurs de « six-mètres » de quartiers, qui frappaient et frappent encore aux portes pour annoncer la bonne nouvelle en bons témoins et inonder les foyers d’une littérature gratuite. Maintenant, c’est au tour des politiciens de passer dire bonjour ou bonsoir et demander de voter utile et donner des leçons politiques.

Au-delà de la prétendue efficacité de la méthode, sa pratique, selon ses adeptes, relève d’un certain réalisme face à l’improductivité des grands rassemblements et autres meetings sur les places publiques où les foules anonymes de curieux dépassent largement le nombre des vrais militants des partis organisateurs, surtout quand il y a à la clé un spectacle musical à voir et des gadgets à ramasser.

Au regard du nombre d’inscrits sur le fichier électoral, on se retrouve en effet avec des proportions qui font que le corps électoral dans certaines circonscriptions peut tenir dans une quelconque salle de spectacle.

Si en plus ce corps électoral est réparti entre les partis politiques en lice, on peut faire l’économie d’un stérile meeting pour se contenter d’une assemblée générale ou d’une simple réunion.

La proportion d’électeurs n’augmente pas trop sur les listes électorales, malgré les nombreuses occasions de révision et les appels à l’inscription. Il faudra craindre qu’à la longue chaque parti ne sache d’avance le nombre de voix sur lesquelles il peut compter, comme c’est quasiment le cas dans la mesure où ce sont les partis politiques qui poussent leurs militants à aller s’inscrire sur les listes électorales, et c’est encore eux qui les exhortent à aller retirer leurs cartes d’électeurs.

On pourrait même imaginer un scénario où au cours d’un meeting on demanderait à la foule de brandir les cartes électorales avant d’administrer la leçon du comment voter.

Si tous les Burkinabè en âge de voter étaient inscrits automatiquement et obligatoirement, les consultations électorales auraient eu plus de piquant et, au-delà du porte-à-porte, les grands rassemblements sur les places publiques allaient s’imposer parce que nécessaires pour ratisser large et ne pas se contenter des militants-électeurs déjà acquis.

Par-dessus tout, une large participation des Burkinabè aux élections renforcerait la popularité, voire la légitimité, des élus qui ne devraient pas occuper leurs postes du fait seulement de l’expression d’irréductibles passionnés du jeu politique qui représentent moins du 1/3 de la population globale.

Journal du jeudi

P.-S.

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