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Bruno Nabaloum (ADR) : "Les gadgets n’épargneront pas au Burkina la catastrophe"

Publié le vendredi 27 avril 2007 à 08h13min

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Nostalgique de la période, révolutionnaire, du 4 août 1983 au 15 octobre 1987, l’Alliance des démocrates révolutionnaires (ADR) refuse pourtant d’épouser l’idéologie sankariste, qu’elle juge floue et créée à des fins électoralistes.

Pour les législatives du 6 mai 2007, ce jeune parti d’à peine 2 ans livre bataille à ses adversaires dans le Kadiogo, le Ziro et le Boulkiemdé. Nous avons rencontré le coordinateur de la campagne dudit parti, Bruno Nabaloum, qui nous parle, dans l’entretien qui suit, de leur combat.

Pouvez-vous vous présenter personnellement à nos lecteurs qui ne vous connaîtraient pas particulièrement ?

Je suis Bruno Nabaloum, le coordinateur national de campagne de l’Alliance des démocrates révolutionnaires (ADR). Je suis par ailleurs conseiller d’administration scolaire et universitaire (CASU) en service au ministère des Enseignements secondaire, supérieur et de la Recherche scientifique. Je suis célibataire sans enfant.

De façon succincte, qu’est-ce que l’ADR ?

L’ADR, c’est l’Alliance des démocrates révolutionnaires. C’est un parti qui a été officiellement reconnu en septembre 2005. Notre jeunesse ne nous a cependant pas empêché de diriger la commune rurale de Bougnounou dans la province du Ziro.

C’est le maire de ladite commune, Séni Boucolou, qui est le président du parti. Nous avons été dans le mouvement pionnier sous la révolution démocratique et populaire (RDP). Malheureusement 4 ans après, le père-fondateur est tombé sous les balles impérialistes.

Dès lors, nous sommes restés orphelins dans un contexte où l’ensemble de la classe politique burkinabè sombrait dans le discrédit. C’est ce qui nous a conduits à créer ce parti révolutionnaire en vue d’une transformation qualitative de la société burkinabè.

Etes-vous de ce fait un parti sankariste ?

Nous ne sommes pas un parti sankariste, nous avons beaucoup de respect pour la mémoire du capitaine Thomas Sankara. Ce leader a été un humaniste qui a accepté de se sacrifier pour son peuple. Toutefois, nous nous démarquons de ce faux concept qu’est le sankarisme, qui a été fabriqué pour drainer du monde. Si on essayait de faire un bilan des partis sankaristes, on se rendrait compte qu’ils n’ont rien fait pour le peuple.

Pour ne pas donner donc une mauvaise image de notre parti, nous nous démarquons du concept insensé qu’est le sankarisme. Ce que nous savons de Sankara, c’est qu’il avait foi en l’homme, toutes ses actions étaient centrées sur l’homme ; c’est ce qui fait défaut à cette pléthore de partis de notre pays, y compris, malheureusement, ceux qui se réclament du leader de la RDP.

Combien de listes présentez-vous aux législatives ?

Nous sommes dans trois provinces, à savoir le Ziro, où notre maire, Séni Boucolou, est candidat ; le Kadiogo ; et le Boulkiemdé.

Comment se présente la campagne deux semaines après son ouverture ?

Nous avons privilégié la campagne de proximité avec, pour public-cible, la jeunesse, dont nous savons qu’elle vit d’innombrables problèmes. Cela dit, nous organisons aussi des meetings ; celui d’ouverture a eu lieu à Godin dans le département de Saaba ; notre deuxième meeting s’est tenu à Bougnounou le dimanche 22 avril ; le 28, nous ferons notre premier meeting dans le Boulkiemdé, et le 29, c’est le département de Gao qui nous recevra ; le 1er mai, notre dernier meeting dans le Boulkiemdé aura lieu au théâtre de l’Amitié le 1er mai et notre tout dernier meeting le 4 mai devant le stade du 4-Août.

Quels sont les thèmes ou les messages forts de l’ADR au cours de ces joutes ?

Le thème central de notre campagne, c’est un véritable engagement révolutionnaire pour une transformation qualitative et réelle de la société burkinabè. Autour de ce thème, nous avons tout ce qui mine notre société, à savoir le chômage, la corruption, l’injustice, pour ne citer que ces maux. Nous voulons faire savoir à la jeunesse qu’il est temps de s’engager dans la politique pour s’assurer un meilleur avenir.

Ce qu’il faut dans notre pays, c’est l’instauration d’une véritable justice, à travers l’égalité, le partage équitable des richesses, qui, aujourd’hui, sont concentrées entre les mains d’une infime minorité. Notre objectif est de créer les convictions d’une véritable catharsis sociale. A cet effet, la trilogie vérité-justice-réconciliation est un passage obligé.

Quels sont vos objectifs pour le 6 mai ?

Nous récolterons les fruits de notre lutte, nous aurons des sièges à l’Assemblée pour mettre en application nos idéaux en faveur des masses laborieuses. Notre message a été bien reçu et notre espoir est grand.

Quels genres de difficultés rencontrez-vous depuis le début de la campagne ?

Au début, nous avions des problèmes, car on nous demandait si nous avions beaucoup d’argent et de gadgets. Mais après avoir compris la ligne de notre parti, les populations y ont adhéré, et actuellement nous n’avons pratiquement pas de problèmes pour continuer la lutte.

Quoi qu’on dise, l’argent est le nerf de la guerre mais aussi celui de la politique ; est-ce que les ressources dont vous disposez vous permettent de battre campagne efficacement ?

Nous sommes un jeune parti, et en dehors du financement annuel de l’Etat, d’environ 500 000 FCFA, et de la subvention de la campagne, à hauteur de 3 millions, nous n’avons pas d’autres ressources. Bien entendu, cela est insuffisant pour parcourir les villages et les départements de 3 provinces, mais, encore une fois, nous comptons sur la maturité des électeurs, car les tee-shirts et autres gadgets ne pourront pas faire sortir notre pays de la catastrophe.

L’organisation du scrutin et le déroulement de la campagne sont-ils convenables à l’ADR ?

Au lieu du financement en espèces, nous aurions souhaité un soutien en nature prenant, par exemple, en charge les déplacements de notre équipe. La CENI devrait assurer la prise en charge des représentants des partis politiques dans les bureaux de vote. Pour mettre en valeur son titre de Commandeur de l’Ordre national, Moussa Michel Tapsoba, le président de la CENI, doit se battre pour cela.

Notre pays doit travailler à donner une chance équitable aux partis et formations politiques lors des échéances électorales. Le Conseil supérieur de la communication a aussi péché parce que c’est tout récemment que nous avons su que nous pouvons bénéficier, par exemple, de la couverture de L’Observateur Paalga.

Propos recueillis par Abdou Karim Sawadogo

L’Observateur

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