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Présidentielle au Nigeria : Le « géant » de l’Afrique n’est pas un exemple de démocratie

Publié le jeudi 26 avril 2007 à 07h42min

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Umaru Yar’Adua

Le Nigeria, communément appelé le « géant » de l’Afrique, vient de montrer ses limites dans la pratique de la démocratie, à travers l’élection présidentielle du 21 avril dernier et celle ayant porté sur la désignation des gouverneurs le 14 avril qui ont été entachées de nombreuses irrégularités,
de fraudes, de menaces et de tueries à grande échelle (plus de 200 morts).

La goutte d’eau qui a fait déborder le vase est la proclamation des résultats du scrutin du 21 avril, par la Commission électorale nationale indépendante (INEC), donnant la victoire au candidat du Parti pour la démocratie du peuple (PDP), parti au pouvoir de Umaru Yar’Adua, proche du président sortant.

M. Umaru Yar’Adua aurait en effet obtenu 24,638 millions de voix contre 6,605 millions au général Muhammadu Buhari du « All Nigeria Peoples Party » (ANPP) et 2,633 millions à l’actuel vice-président, Atiku Abubakar de « l’Action Congress » (AC) de l’opposition, tous candidats à la magistrature suprême.

Les nombreuses fraudes, irrégularités, violences et autres exactions constatées le 14 avril lors du choix des gouverneurs et le 21 avril, jour de l’élection présidentielle au Nigeria, montrent aisément que la démocratie a encore du chemin pour réellement s’implanter en Afrique.

Et pour cause, les autorités de ce pays n’ont pas pu éviter les dérapages qui mettent en péril la démocratie.
Le Nigeria totalise une superficie de 923.768 km2, compte 140 millions d’habitants, 36 Etats fédéraux. Sur le plan économique, il tenait en 2003, le 5e rang de l’OPEP avec une production pétrolière de 2,2 millions de barils/jour.
Malheureusement, ce « géant » de l’Afrique, de par son échec à la présidentielle du 21 avril et celui de l’élection des gouverneurs des 36 Etats fédéraux le 14 avril dernier, vient de montrer à la face du monde, qu’il est plutôt un « géant aux pieds d’argile ».

En effet, plus de 200 personnes ont perdu la vie pour avoir voulu un pays véritablement démocratique, à travers des élections libres et transparentes lors des scrutins organisés les 14 et 21 avril 2007. Ces 200 morts constituent un tableau macabre qui ternit non seulement l’image de marque du Nigeria qui devait donner l’exemple d’une véritable démocratie, mais celle aussi l’image de marque de l’Afrique tout entière.

Les Nigérians, par ces élections, espéraient tourner la page des régimes d’exception et éviter surtout la corruption en améliorant leur niveau de vie qui est aujourd’hui inférieure à celle des années 1960, si l’on s’en tient à l’avis d’historiens avisés.

Le président sortant Olusegun Obasanjo a tenté, ces huit dernières années au pouvoir, de conduire cette gigantesque fédération jusqu’aux élections libres et transparentes, malgré la fragilité de la pratique démocratique que connaît son pays. Il voulait laisser à son successeur, un pays démocratiquement engagé, à la fin de son mandat fixée le 29 mai prochain.

L’on comprend qu’il est bien difficile d’organiser des élections, sans enregistrer des fraudes, surtout dans un pays aussi vaste que le Nigeria, parce que ceux qui commettent ces fraudes ont peur de l’échec, n’étant pas eux-mêmes convaincus de leurs forces de frappe. Mais lorsque ces fraudes sont si criantes et si sanglantes, il y a lieu de se poser la question de savoir, en fait, à qui cela profite ? A la nation ou à ceux qui les pratiquent ?
Ce sont naturellement, ces derniers qui en sont les bénéficiaires, quitte à ce que des hommes et des femmes y perdent leur vie.

Face à une telle situation, le Nigeria doit se ressaisir rapidement de ce dérapage catastrophique car notre continent ne doit pas connaître de tels mascarades qui nous plongent irréversiblement dans l’abîme.
Comme on le voit, l’exemple du Nigeria est un gâchis électoral bien déplorable pour l’Afrique et cela est bien dommage.

Jean Bernard ZONGO (jeanbernard30@hotmail.com)

Sidwaya

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