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"Election" de Yar’Adua : C’est ça le Nigeria !

Publié le mercredi 25 avril 2007 à 08h05min

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Les rideaux sont tombés sur le premier tour de la présidentielle française dimanche dernier. Le taux de participation, avoisinant les 85%, a fait dire à plus d’un observateur que les Français étaient soucieux de leur avenir politique, surtout que c’est la première fois, depuis 1981, qu’on assiste à une participation record à un scrutin présidentiel.

Nicolas Sarkozy (30,18%) et Ségolène Royal (25,87%) ont damé le pion à tous les autres candidats, qui devront attendre cinq (5) ans pour briguer la magistrature suprême, du moins pour ceux qui ambitionnent encore de le faire. Mais nous ne sommes pas encore là et c’est plutôt sur le second tour, prévu pour le 6 mai prochain, qu’il faut mettre le cap.

Il y a une grande incertitude là-dessus pour ce qui est des alliances, et même si des consignes venaient des leaders, qu’est-ce qui fait dire que l’électorat les suivrait mécaniquement ?

C’est dire que d’ici là, l’heure est aux calculs, promesses et alliances.

Et comme pour donner le ton, le candidat François Bayrou, arrivé 3e au premier tour avec 18%, se prononce aujourd’hui même sur son éventuel soutien à Sarko ou à Ségo. On le voit, les élections françaises se déroulent sans accroc et tout semble baigner, preuve que la machine électorale fonctionne bien dans les pays où la démocratie est profondément ancrée ;

une situation bien loin de celle que connaissent de nombreux Etats sur notre continent. L’illustration la plus parfaite vient du Nigeria, ce géant d’Afrique aux pieds d’argile. Eh, oui !

Contraint de renoncer à la course à la présidence, Olusegun Obasanjo a dû mettre sur la ligne de départ son protégé, Umaru Yar’adua. Et c’est tout naturellement que celui-ci a été élu samedi dernier avec 24 638 063 voix devant ses deux principaux opposants, le général Muhamadu Buhari, candidat d’opposition (All Nigeria Peoples Party-ANPP), et le vice-président Atiku Abubakar, crédités respectivement de 6 605 299 et 2 637 848 voix.

Mais s’il y a bien un scrutin qui a entraîné une cohorte de problèmes, c’est celui-ci.

Il y a eu des centaines de morts, puisqu’il s’est déroulé dans un climat de violences. Et comme il fallait s’y attendre, les contestations de sa validité sont venues de divers horizons.

Pour l’Union européenne, "les élections des 14 et 21 avril 2007 n’ont été ni démocratiques ni crédibles. Elles ont été caractérisées par une piètre organisation, le manque d’une élémentaire transparence, des preuves évidentes de fraudes, particulièrement durant le processus de collecte et de compilation des résultats, l’impossibilité pour beaucoup d’électeurs de voter".

La Maison-Blanche s’est déclarée "profondément troublée" par les affrontements mortels et les soupçons d’irrégularités.

La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a estimé, pour sa part, que la présidentielle n’a été "ni libre ni équitable".

Les observateurs du Commonwealth ont également fait état "d’imperfections significatives", précisant même avoir été directement témoins d’un cas de bourrage d’urnes. Même Obasanjo a concédé que "le scrutin était loin d’être parfait" !

Il ne reste donc plus qu’à avoir une oreille attentive envers le plus grand groupe d’observateurs nigérians, le Transition Monotoring Group (TMG), qui demande l’organisation de nouvelles élections. Seulement où peuvent mener ces contestations tous azimuts ? Surtout que les autorités nigérianes restent de marbre, du moins pour l’instant. Yar’adua devra donc savourer une victoire au goût amer. Mais, c’est ça le Nigeria, le lieu de tous les vices !

Car, qu’il s’agisse de corruption, de fraudes en tout genre, d’actes d’incivisme, etc., le pays le plus peuplé d’Afrique est aux premières loges. Il ne reste donc plus qu’à plaindre le sort de ce géant d’Afrique qui ne semble pas véritablement vouloir assumer son rang.

Dommage !

L’Observateur

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