LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Vous n’empêcherez pas les oiseaux de malheur de survoler votre têtе, mаis vοus рοuvеz lеs еmрêсhеz dе niсhеr dаns vοs сhеvеux.” Proverbe chinois

France : Les surprises probables du second tour

Publié le mardi 24 avril 2007 à 07h47min

PARTAGER :                          

Les regards sont à présent tournés vers le second tour de la présidentielle du 6 mai prochain. Qui, du candidat socialiste Ségolène Royal ou du candidat de l’UMP, Nicolas Sarkozy, s’ouvrira les portes de l’Elysée ?

La bataille s’annonce, en tout cas, serrée, comme l’a d’ailleurs concédé le candidat de droite, pour qui, rien n’est gagné d’avance. Toujours est-il que la démocratie française vient d’étaler tout son charme, rien qu’à l’étape du premier tour.

Vue d’Afrique, on ne peut qu’être toujours séduit par l’harmonie de la mécanique électorale de l’Hexagone, et dont nul ne saurait jamais s’étonner des résultats impressionnants qu’elle produit à chaque rendez-vous électoral, en termes de résultats jamais contestés et toujours à la hauteur des grandes nations démocratiques.

Sur la route de la démocratie, et contrairement à la France, le continent noir a assurément du chemin à faire. Car, alors que sur les bords de la Seine, les citoyens votent en toute connaissance des enjeux, ont une claire conscience de leurs attentes vis-à-vis des candidats qui sollicitent leur suffrage, et attendent de voir plus clair afin de porter un choix éclairé sur un candidat, sur le continent noir, on est toujours à exploiter de pauvres citoyens qu’on pousse, tel du bétail, à l’abattoir électoral. Pauvre Afrique ! Toujours à devoir compter parmi ses Etats, des "handicapés" (ils sont nombreux sur le continent) qui se foutent éperdument de traîner pour longtemps encore leurs "prothèses" démocratiques.

Le constat est amer. Pendant qu’au pays de Jacques Chirac, l’on n’a pas fini de savourer tous les plaisirs dus à une démocratie avancée, à des milliers de kilomètres de là, en terre africaine, au Nigeria, la démocratie se livre sous des traits des plus grotesques ; là-bas, une "démocratie" de la barbarie a déjà enregistré plusieurs morts. Sur un autre registre, le premier tour de la présidentielle française a connu une participation record. Un taux de participation (plus de 80%) qui peut laisser penser à un soudain regain d’intérêt des Français pour la politique.

Quoi qu’on dise, la présidentielle 2007 consacre l’émergence de candidats relativement jeunes, porteurs de discours qui se veulent plus ou moins être ceux de la rupture. Mais quelque puisse être le bord pour lequel le cœur des électeurs battra pour le second tour, il ne fait aucun doute que les Français qui, dans leur grande majorité, attendent le changement, veulent être les seuls maîtres de leur destin. De sorte que personne ne doive décider à leur place.

Evidemment, il n’en va pas de même pour la majeure partie des électeurs africains au sujet desquels on se demande s’ils parviendront jamais à porter ce choix éclairé qui façonne leur destin. En tout cas, cela ne sera pas possible tant que les hommes politiques africains dans leur ensemble, guidés par leurs intérêts personnels et immédiats, exploiteront à fond le misérabilisme des populations sur qui ils savent compter pour des années encore pour leur maintien aux affaires.

Cela ne sera pas non plus possible tant que ces hommes politiques ne se sentiront pas ce devoir sacré d’éducation des électeurs, un facteur essentiel pour la démocratie. L’Afrique a vraiment à apprendre de la démocratie telle que menée sur les bords de la Seine.

Soit dit en passant, peut-on imaginer, sous les tropiques africains, que des élections soient organisées par le ministère de l’Intérieur, comme c’est le cas en France, à l’issue desquelles le parti au pouvoir ne l’emporte pas dès le premier tour ? Bien rare ! Si l’on peut croire à un nouvel enthousiasme pour la politique française, l’on peut tout aussi penser que ce nouvel engouement pour la politique s’explique par la percée, depuis les primaires, d’une femme, Ségolène Royal. C’est en effet la première fois qu’une femme parvient à se hisser au second tour, et qui plus est, est à deux pas de franchir les portes de l’Elysée.

Toutes choses qui ne manquent sans doute pas d’intérêt pour les Français. Quant à prédire la défaite ou non du candidat socialiste, il faut se garder de franchir le pas, même si, en la matière, on peut féliciter les instituts de sondage pour ne s’être pas trompés cette fois-ci, contrairement à 2002.

De fait, nul ne pourrait préjuger du comportement d’un électeur, une fois seul face à son destin et libre de décider en son âme et conscience. Même pas en cas de consignes de vote. Sarkozy, c’est connu, a chassé sur les terres du candidat du Front national (FN), Jean-Marie Le Pen.

Se sentant idéologiquement plus proche du candidat Sarkozy, sur les thèmes de l’immigration et de l’identité nationale, une bonne partie des électeurs du FN ont préféré opter pour le jeune candidat Sarkozy, dans l’espoir que ce dernier continuera le combat d’un Jean Marie Le Pen qu’ils désespèrent sans doute de voir au pouvoir, le poids de l’âge (78 ans) y faisant.

Si la captation par l’UMP des voix du FN a pu constituer un outrage pour Le Pen, voudra-t-il laver cet affront en appelant à voter contre Sarkozy ? François Bayrou, qui ne porte pas non plus le candidat de l’UMP dans son cœur, lancera-t-il, lui aussi, des consignes de vote en défaveur de Sarkozy ? Le centriste penchera-t-il finalement pour le Parti socialiste, après avoir sans doute été froissé par le manque de tact de la candidate socialiste qui rejetait toute idée d’alliance avec le parti centriste ?

Avec un score honorable de 18,5% au premier tour, François Bayrou ne jugera-t-il pas finalement mieux de s’abstenir de prendre parti, histoire de se placer dans la perspective de 2012 ? Pour le second tour, la course aux voix de l’UDF et du FN réservera probablement des surprises. On est en politique. Tout est possible. Toujours est-il que sera déterminant dans la victoire finale, le débat du 2 mai prochain entre les deux vainqueurs du premier tour.

Bien que les sondages pour le second tour ne lui soient pas favorables, il n’est pas exclu que la candidate Ségolène Royal crée la surprise. Encore faut-il qu’elle puisse, lors du débat du 2 mai, exploiter les failles du truculent Sarkozy et se montrer plus pointue que le candidat de l’UMP. Cela n’est pas impossible.

Le Pays

PARTAGER :                              

Vos commentaires

  • Le 24 avril 2007 à 09:04, par Chris En réponse à : > France : Les surprises probables du second tour

    Pour information (et en guise de clin d’oeil), la démocratie française ne s’exerce pas que sur "les bords de Seine" même si la formule est bien romantique ... fort heureusement pour les citoyens que nous sommes ! Pour preuve, si la démocratie française se limitait aux bords de Seine, le "truculent" Nicolas Sarkosy serait peut-être élu dès le premier tour si l’on se réfère aux résultats de l’intéressé dans certains arrondissements de Paris.
    Merci pour cet article qui nous rappelle si besoin était que nous avons la chance de pouvoir exprimer nos choix (plus ou moins éclairés) ...
    Ségolène Royal ou Nicolas Sarkosy, les français auront le(la) président(e) qu’ils auront voulu et on ne peut que s’en réjouir dans une véritable démocratie ...

  • Le 24 avril 2007 à 10:28, par Bernard En réponse à : > France : Les surprises probables du second tour

    J’ai bien apprécié la teneur de votre article"France,les surprises probables du second tour"
    Bravo, vous pouvez nous montrer d’autres chemins démocratiques , de tempérance et de tolérance, ce qui n’est pas toujours de mise ici en France

    Je répertoire votre site " dans mes favoris" et j’aurai ainsi de vos nouvelles

  • Le 24 avril 2007 à 20:42 En réponse à : > France : Les surprises probables du second tour

    Il est bien trop simple d’imputer la responsabilité de la dictature vécue en Afrique, comme étant la responsabilité unique de quelques dirigeants africains et de son peuple non préparé à la démocratie. Je tiens à souligner que ces dirigeants sont soutenus (ou encore été imposés) par les puissances occidentales et sont donc entièrement complices de la situation qui se passe Afrique, car elle leur profite : matières premières bon marché, prêts pour le développement avec de forts taux d’intérêts, influence polique, accès privilégiés à des emplacements stratégiques, projets d’infrastructure et de modernisation concédés à des sociétés européennes ou américaines, etc etc... Donc louer la démocratie française et rabaisser l’Afrique et son peuple, alors que cette même démocratie française ne souhaite pas que l’Afrique s’émancipe et deviennent réellement indépendante, sans l’influence de son ancienne puissance coloniale, me semble injute.

 LeFaso TV
 Articles de la même rubrique