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Elections législatives : Les stratégies de communication des partis

Publié le lundi 23 avril 2007 à 08h34min

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Michel Ouédraogo (CDP)

Pour les législatives de 2007, sur les 47 partis politiques qui frappent à la porte de l’hémicycle, quatre seulement : l’ADF/RDA, le CDP, l’UNDD et le RDEB sont présents dans les 45 provinces. Chacun de ces partis compte sur sa stratégie de communication pour convaincre l’électorat. Le CDP et l’UNDD dévoilent ici leur tactique de terrain.

Le Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) a défini un thème pour ces campagnes législatives. Ce thème : "Une majorité parlementaire pour l’édification d’une société d’espérance faite de progrès continu", qui est aussi bien un programme qu’un objectif à attendre tire son essence du programme quinquennal du président Blaise Compaoré. Cette majorité est recherchée par le CDP dans l’optique de mettre en exécution le programme. Pou y arriver, il faut asseoir une stratégie de communication efficace et fiable, élément essentiel et fondamental pour gagner les élections".

Voilà ce qu’a déclaré le chef de département de la communication du CDP pour les législatives du 6 mai 2007, Michel Ouédraogo. Pour lui, il s’agit là d’une élection nationale à caractère de proximité et à bulletin unique. D’où la nécessité pour son département de bien définir les enjeux, les poches électorales et les points chauds, de préciser les cibles recherchées. "Et en fonction de la réalité pour le terrain, nous voyons quelles stratégies de communication adoptées", poursuit-il.

Une stratégies qui consiste selon Michel Ouédraogo, à communiquer sur le parti et sur le candidat. "C’est pourquoi il faut avoir des candidats de qualité. Au CDP, nous avons des hommes et des femmes de qualité qui ont été proposés par la base et confirmés par la direction politique du parti", ajoute-t-il. Puisqu’un esprit sain doit être dans un corps sain, il faut travailler, relève M. Ouédraogo, à donner au parti, la meilleure des visibilités.

Un support pour plus de visibilité

Ainsi, pour éviter les votes nuls et des erreurs de choix confie-t-il, le département de la communication du CDP en plus des médias de services publics (radiodiffusion-télévision et Sidwaya) qu’il exploite a crée son propre support : "Le journal des législatives". Cet ensemble de média contribuera atteste-t-il à vulgariser le logo et rendre beaucoup plus visibles les candidats du parti.

Pour ces présentes échéances électorales, le Conseil supérieur de la communication a plafonné la couverture médiatique des différents meetings à dix (10) par parti politique. C’est dans ce sens que, atteste Michel Ouédraogo, "le Journal des législatives", un support de 8 pages animé par une équipe d’au moins 20 personnes, travaillant 24h/24h a été initié.

Ceci dans le but de couvrir toutes les activités du parti, en donnant plus de visibilité au parti et aux candidats. Ce journal est distribué gratuitement dans toutes les provinces. Il a un tirage d’au moins 2000 exemplaires. Outre le tapage médiatique, que le CDP utilise pour gagner les élections, il fait également de la sensibilisation et de l’éducation civique, son cheval de bataille.

En effet, note M. Ouédraogo, on est électeur que lorsqu’on possède une carte d’électeur. "Le retrait des cartes électorales est d’abord une initiative personnelle citoyenne et républicaine. On ne peut pas prétendre participer à la construction de ce pays et ne peut avoir la possibilité d’influencer sur la manière dont on veut que ce pays soit dirigé. Les partis politiques doivent alors encourager leurs militants à poser des actes républicains.

C’est dans cette optique que notre parti à développer des initiatives pour que les uns et les autres retirent leur carte, parce qu’on ne peut continuer à être des électeurs virtuels ou potentiels, on doit être des électeurs réels. Autant la CENI que la société civile, autant les partis politiques doivent œuvrer à ce que le retrait des cartes soit une réalité effective.

Sans carte d’électeur, on ne peut pas voter et si on ne vote pas, on se met à l’écart de la République. Participer au vote, c’est œuvrer à ce que le pays soit dirigé en fonction de la volonté populaire, conclut Michel Ouédraogo. Si au CDP, la conquête des 111 postes de députés se fait à travers des meetings et des reportages à travers "le Journal des législatives", à l’UNDD, la tactique consiste en des audiences patriotiques et en des dénonciations de faits.

La parole aux populations

"L’Union nationale pour le développement et la démocratie (UNDD) aurait pu boycotter courageusement ces élections législatives". C’est ce qu’a dit le responsable de la communication du parti et responsable du comité presse des élections, Mathieu N’Do. En effet, estime-t-il, le processus démocratique et électoral burkinabè d’une manière générale comporte un certain nombre de dysfonctionnements. L’UNDD avait demandé, lors de son congrès du 11 février 2007, que ce processus marque une pose afin de corriger les insuffisances.

Il s’agit du manque d’équilibre entre la représentativité du parti au pouvoir et des partis de l’opposition au sein de la CENI, le reversement de certains partis de l’opposition dans la mouvance présidentielle et la désignation de façon anarchique, du responsable de la CENI. Tout ceci dit, relève M. N’Do, a introduit un dysfonctionnement au sein du processus électoral. C’est pourquoi confesse-t-il, "nous nous sommes engagés au cours de cette campagne, de ne pas tenir de meeting, et de n’organiser que des "audiences patriotiques".

Elle se résument, explique M. N’Do, à des simples causeries-débats où la parole est donnée aux populations afin qu’elles jugent, critiquent et apprécient les actions menées par le pouvoir en place et les députés sortants. "Cette sorte de tribunal où les uns (les représentants du peuple) fustigent le parti au pouvoir et les autres (les représentants du pouvoir en place) le défendent est un cadre propice pour les populations de dire ce qui est fait, ce qui n’a pas été fait".

De l’avis de Mathieu N’Do, "90% des populations ne sont pas satisfaits de la manière dont le Burkina est géré. Et partout où nous sommes passés, nos militants disent être mécontents de la justice, de la question du coton, du dossier Norbert Zongo, du problème des parcelles et surtout du regard des autres pays sur le Burkina considéré comme pays envahisseur". Pour lui, ces débats patriotiques constituent la meilleure stratégie de communication, car, poursuit-il : "c’est la meilleure manière de respecter la dignité du peuple.

Les meetings avec étalage d’argent et tee-shirts, les inaugurations et poses de première pierre la veille ou le jour de la campagne ne relèvent pas de notre ressort. Car c’est cela est une manière de piétiner la dignité des populations".

M. N’Do dit n’être pas content du quotidien Sidwaya qui publie des reportages sur des faits et gestes de certaines autorités (inaugurations, poses de première pierre) alors candidates dans leur province. Ce qui est pourtant interdit par les textes réglementant les messages des partis politiques. Ce contrôle dira-t-il, "fait partie de notre stratégie de communication".

A cela s’ajoute affirme-t-il la sensibilisation des militants au retrait des cartes d’électeur. "Nous avons toujours éduqué nos militants dans le sens d’une citoyenneté vraie. Au cours de nos audiences patriotiques, nous les invitons à retirer leur carte. Et s’il n’y avait pas ces dysfonctionnements que nous avons relevés, nous sommes confiants", professe M. N’Do.

Aline Verlaine KABORE

Sidwaya

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