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Présidentielle française : Suspense sur fond de morosité ambiante

Publié le vendredi 20 avril 2007 à 07h37min

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Dimanche prochain, douze candidats dont quatre femmes iront à la conquête du fauteuil présidentiel français. Un premier tour de scrutin plus indécis que jamais, avec la montée en puissance du centriste François Bayrou, “l’équation” Jean-Marie le Pen et qui intervient dans un climat de psychose générale face à l’avenir, certains allant jusqu’à parler de “dépression nerveuse”.

Si les augures de novembre - décembre 2006 prédisaient sans coup férir une finale Sarkozy-Royal lors de cette présidentielle, ceux d’avril 2007 sont beaucoup plus circonspects, la donne tendancielle ayant considérablement évoluée depuis lors. Principal “trouble-fête”, François Bayrou qui faisait moins de 10% en fin 2006 et qui se retrouve aujourd’hui en train de flirter avec la barre des 20 - 25% d’intentions des votes.

Cette montée en puissance du candidat centriste tient surtout au fait que les deux vainqueurs putatifs n’ont pas su emballer la campagne d’une part et au discours de Bayrou, qui se présente désormais en force centripède avec ses appels du pied incessants à certains ténors des deux camps (droite, gauche) d’autre part. Un discours qui a pris, au point que Michel Rocard, vieux baron de la gauche française, a appelé Ségolène Royal à “rejoindre” François Bayrou avant le premier tour.

Un pavé dans la mare de la candidate socialiste (Bernard Kouchner appuie Rocard) qui a amené Bayrou à parler de “majorité nouvelle” pour gouverner la France. Un discours qui a reçu une fin de non recevoir de la part de la dame Royal qui a déclaré se battre pour être “qualifiée en finale” avec “la force, l’efficacité et la sérénité” qui l’habitent.

Et, même si elle est appuyée par ceux qui refusent de pactiser avec le “diable”, il faut dire que malgré le “nouveau compromis social” qu’elle veut proposer à ses compatriotes, Ségolène Royal tout comme Nicolas Sarkozy aura fort à faire pour avaler “l’os” Bayrou. La faute à une démarche floue pour résoudre les questions existentielles que se posent les français. Affirmer vouloir réduire les inégalités sociales en augmentant les bas salaires, c’est bien beau.

Mais, les entreprises françaises, grippées par leur insertion mécanique dans la mondialisation, arriveront-elles à faire face ? Difficile, surtout qu’elles sont handicapées par un système fiscal parmi les plus lourds d’Europe et qui apparaît “non-reformable” à l’heure actuelle. C’est que lesdits impôts servent à financer la sécurité sociale avec les emprunts étatiques.

Une sécurité sociale “lourde”, elle aussi, et que l’on ne peut non plus reformer sans s’attirer les foudres des nombreux “assistés” qui vivent de ses subsides.

Absence de schémas clairs

La quadrature du cercle pour une économie qui tourne en rond et qui génère des chômeurs à la pelle. L’emploi, l’autre équation à résoudre apparaît aussi difficile en raison, prétendent les employeurs de la “non-flexibilité” de la législation. Entendez par là, l’impossibilité pour eux de licencier sans préavis et sans dommage les employés et surtout de signer des contrats à durée déterminée de longue durée.

Avoir des travailleurs taillables et corvéables à merci en somme, ce que les français ont refusé depuis toujours, avec le “niet” opposé au contrat d’insertion professionnelle d’Edouard Balladur et ses succédanés, dont le contrat première embauche qui a “enterré” Dominique de Villepin.

Entreprises grippées par la mondialisation, concurrence inter-européenne et internationale, le tableau de la sinistrose est complété par un euro au plus fort par rapport au dollar et au yuan, la monnaie chinoise. Ce qui a le don de surenchérir les exportations françaises et de produire des effets collatéraux jusque dans l’ancien “apré-carré”, les Africains envisageant de plus en plus de “découpler” le CFA de cette monnaie qui leur coûte aussi cher.

Ce serait une “divine surprise” qui rajouterait un peu plus à la morosité qui baigne la France. En effet, la concurrence que lui livrent ses anciens alliés en Afrique participe à l’appauvissement de la France. Segolène Royal l’a compris, elle qui vient d’affirmer que l’Afrique est “la première porte” de la France.

Ce n’est pas suffisant pour “désangoisser” ses compatriotes qui ne sont pas loin de la dépression nerveuse. En sus, ils n’arrivent pas à s’identifier à cette nouvelle classe politique qui n’a pas encore fait ses preuves. Ségolène Royal est un peu “tendre” au regard de ses états de services antérieurs, tout comme Sarkozy qui a mal geré le mal -être des Français en fin 2005. Depuis, les banlieues explosent de temps en temps et les meurtres “gratuits” aussi.

La société des “cercles vertueux” de Royal aura du mal à devenir une réalité dans cette occurrence, comme l’a indiqué la trostkyste Arlette Laguiller. “Il faut sortir de l’ultralibéralisme,” clame-t-elle, pour “combler les attentes sécuritaires des Français face à la globalisation”, complète l’autre “rouge” Oliver Besancenot. Malgré ce climat psychologique délétère, il faudra choisir entre les douze impétrants et, Bayrou, Sarkozy, Royal et dans une moindre mesure Jean-Marie le Pen se détachent du lot.

Le plus difficile c’est la détermination du couplé venant de cette course à obstacles. Rien à dire, depuis le séisme du 21 avril 2002 avec le passage au second tour de Le Pen, les Français semblent avoir pris goût au jeu du poker-menteur avec les fluctuations des sondages. Avec François Bayrou dans le rôle de l’as de pique ? Réponse dans quarante-huit heures.

Boubakar SY

Sidwaya

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