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Les sondages préélectoraux : Quelle influence sur les candidats et les électeurs ?

Publié le jeudi 19 avril 2007 à 07h58min

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Pr. Augustin Loada

Lors de chaque campagne électorale, les interrogations et les anticipations sur le probable candidat victorieux préoccupent les citoyens. C’est ainsi que dans les pays de vieille tradition démocratique (Etats-Unis, France, Canada...) et ceux ou la démocratie est en construction (pays africains), le sondage préélectoral est vu comme un indicateur au service des candidats et des électeurs.

Mais il est légitime de se poser les questions suivantes : les sondages sont-ils un outil fiable pour mesurer les intentions de vote ? Ne font-ils pas l’objet d’utilisations stratégiques visant à manipuler les électeurs plus qu’à les informer ? En quoi affectent-ils le déroulement de la campagne électorale ? Enfin, les sondages ont-ils des effets sur les votes des électeurs ?

Plusieurs études ont été réalisées sur l’impact des sondages préélectoraux sur les électeurs.

Il en ressort que l’influence des sondages varie selon le contexte électoral, c’est-à-dire selon qu’il s’agit d’un referendum, d’une élection présidentielle, législative, municipale etc. Ce qui conduit Frank Brettschneider à affirmer qu’il est « difficile de prouver si les sondages influencent réellement le comportement électoral et dans quel sens ».

Mais c’est connu que les sondages intéressent au premier lieu, les électeurs au niveau d’étude élevé et ceux qui appartiennent à un parti politique ou qui sympathisent avec lui, donc des personnes peu influencées par les sondages. Partant de ce constant on peut se demander à quoi sert la publication des sondages.

Une orientation déguisée de l’élection

Stephen Ansolabehere et Shanto Lyengar ont mené une étude expérimentale consistant à exposer les électeurs à des sondages d’opinion en manipulant le niveau de soutien aux candidats.

Les résultats montrent que les sondages influencent de façon significative la préférence à l’égard d’un candidat mais pas leur intention de vote. Par ailleurs, Darrell M. West note que l’influence des sondages varie selon le contexte électoral.

Les effets des sondages électoraux sur le choix final des électeurs sont étudiés sur l’élection présidentielle américaine de 1980 et sur le referendum concernant le droit à la vie en 1986.

Il apparaît que l’influence s’est révélée importante pour le referendum négligeable pour l’élection présidentielle : l’identification partisane et les impressions relatives aux candidats étaient alors beaucoup trop importantes pour que les électeurs puissent être influencés par les résultats des sondages. Cet état de fait s’explique que dans une société dont les électeurs sont plus ou moins éclairés, le sondage apparaît comme un simple reflet d’indicateur. Mais qui ne change pas fondamentalement l’issue d’une élection.

Pour la simple cause qu’il est supposé connu que l’image de l’homme politique en campagne qui alimente ses discours de belles promesses et de démagogie, ne correspond pas à sa vraie nature une fois au pouvoir. L’autre constat aussi est que la popularité d’un candidat révélée à travers les sondages ne signifie pas qu’il présente le meilleur programme de développement pour son pays.

Toutes ces considérations font penser que les sondages peuvent paraître comme une sorte de publicité que la presse s’en sert pour que les potentiels victorieux. Cela en ignorant le reste des candidats.

Ce qui est vraisemblable car aux présidentielles françaises de 2002, le sondage avait marginalisé le candidat de l’extrême droite. Jean-Marie Le Pen et à la grande surprise est arrivé au deuxième tour au détriment du candidat socialiste Lionnel Jospin.

Le moins que l’on puisse dire est que si il y a à travers les sondages se sont particulièrement les donateurs d’un candidat, les dirigeants des compagnies, les propriétaires des journaux, radios et télévisions etc.

Les acteurs politiques y gagnent

Les sondages sont souvent amers pour les uns et flatteurs pour les autres. Ce qui reste utile pour le candidat et le parti politique, est que les sondages d’opinion constituent une importante source d’information en sociologie politique. Non seulement pour identifier les préférences d’une population vis-à-vis des problèmes de l’heure où des leaders politiques, mais aussi pour mieux cerner des faits et des comportements à partir de ce qu’en déclarent les individus enquêtés.

Les sondages d’opinion sont devenus un élément incontournable pour les partis et les hommes politiques.
Près de la moitié des sondages réalisés par les institutions ne sont pas publiés : ils restent confidentiels au seul usage de leurs commanditaires (partis politiques et gouvernement).

Comme le souligne Patrick Champagne, les sondages préélectoraux permettent de tester les chances des leaders politiques aux élections.

En Afrique les sondages n’ont aucun effet sur le choix d’un candidat car la parenté, le groupe ethnique et les applications personnelles demeurent déterminants pour le choix d’un candidat.

Théodore ZOUNGRANA

Sidwaya

P.-S.

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