LeFaso.net, l'actualité Burkinabé sur le net
Proverbe du Jour : “Soyez un repère de qualité. Certaines personnes ne sont pas habituées à un environnement où on s’attend à l’excellence.” Steve jobs

Campagne pour les législatives de 2007 : Toujours en quête d’un nouvel élan

Publié le jeudi 19 avril 2007 à 07h37min

PARTAGER :                          

La campagne pour les législatives du 6 mai prochain s’ouvre officiellement demain. La cinquantaine de partis politiques en lice ont vingt et un jours pour convaincre l’électeur de leurs capacités à répondre à leurs besoins et attentes.

La marche vers l’hémicycle, cette demeure tant convoitée est donc lancée. Derrière le CDP, la lutte s’annonce serrée pour le fauteuil de 2e force politique du pays.

Qu’il est loin 1992 et ce mois de mai, date de la première élection législative de la IVe République. En ce temps-là, non seulement le nombre de partis politiques engagés pouvait tenir dans une cabine téléphonique, mais il fallait convaincre certains militants pour les faire figurer sur les listes de candidats.

Inutile de dire que cette époque-là appartient à un passé préhistorique. Pour dresser l’armature de la IVe législature à venir, le nombre de partis en compétition, de candidats à la candidature incline à croire que le poste de député déchaîne des manœuvres visibles et souterraines à faire pâlir de jalousies les agents secrets les plus illustres de l’histoire.

Après avoir ficelé chacun ses listes, les partis politiques sont désormais en face du dialogue qui va se nouer ce samedi avec les électeurs. Près de dix-sept ans après le début de la démocratie, ce moment est encore attendu avec plein d’espérance. On attend toujours d’être épaté par le discours des partis, d’entendre ce son de cloche qui va enthousiasmer, faire rêver les écoutants, de quelque milieu qu’ils soient.

Certes, on a coutume de dire que les promesses politiques n’engagent que ceux qui les écoutent. Mais promesses oiseuses ou pas, ces engagements électoraux sont incontournables, le tout n’est-il pas de faire confiance à l’intelligence des électeurs.

Question de nombre

Au tirage au sort pour déterminer l’ordre de passage des partis politiques dans les médias, déjà certains ont brillé par leur absence. Sans augurer de la signification de ces défections, elles sont le signe que ce dialogue par médias interposés, et aussi à travers meetings et réunions, peut reproduire le schéma récurrent de longues litanies d’un ennui évident.

Aussi longtemps qu’il y aura cette multitude de partis, la croyance à la parole des politiques restera inversement proportionnelle à leur nombre sur le terrain. Avec autant de sigles, il y a un vrai problème de démocratie, non seulement pour choisir sur des bulletins s’apparentant à des parchemins, mais surtout pour écouter et cerner l’essence des discours.

Il est à espérer que cette campagne médias quittera les sentiers battus de ceux qui amènent les partis à vouloir embrasser plusieurs thèmes dans un temps impartis exigeant de cibler les sujets en débats.

Convaincre quelqu’un en quelques minutes n’est certes pas un exercice aisé et c’est là où l’argument et celui chargé de le délivrer sont déterminants. En se retournant sur le passé, on est enclin à dire que rare sont les partis à avoir réuni ces deux éléments ensemble.

Si la présidentielle de novembre 2005, qui est une élection élitiste n’a pas volé bien haut, avec cinquante partis en compétition, ce n’est certainement pas cette campagne-là qui entrera dans l’histoire.

Quid des gros...

On peut trouver des excuses aux partis alibis. Ceux qui pour les besoins de la cause sont nés pour permettre à un individu de se faire élire chez lui grâce au fameux mode du « plus fort reste ».
C’est commode et il a permis à certains d’être à l’Assemblée pour représenter 3000 Burkinabè. Les avantages de la démocratie est-on tenté de dire.
Les thèmes de campagne se réduisent chez ces partis à être le fils prodige qui ira défendre la cause de son patelin au niveau central.
Est-ce pour autant à dire qu’il faut désespérer ?

Certainement pas. Dans le peloton, il existe six à sept partis qui ont l’obligation de donner de l’envergure à cette élection. Parce qu’elle intervient aussi à un moment charnière, à mi-mandat présidentiel les sorties de ces partis locomotives sont attendues avec curiosité.
Quelques-uns parmi les opposants ont mis au centre de ces législatives, la question de la transparence et du scrutin propre et incontestable. C’est certainement un des aspects qui confèrent à une démocratie sa crédibilité.

La vigilance sur ce point doit toujours être de rigueur, mais il semble que le processus électoral n’a pas à rougir sur ce plan. Chaque élection qui passe apporte des promesses quant à la fiabilité du déroulement des opérations.
Les partis majeurs seront donc avant tout jugés sur les thèmes majeurs qu’ils jugeront pertinents et à même de parler aux électeurs. Des slogans de campagne aux contenus des messages, le CDP, l’ADF/RDA, l’UNIR/MS, l’UNDD, le PDP/PS, voire le PAREN et la mouvance présidentielle seront suivis à la loupe.

L’intérêt, la hauteur, la profondeur, au total l’attractivité de ces vingt et un jours dépend d’abord d’eux. Présents dans presque toutes les localités, ils ont à s’adresser à l’ensemble du corps électoral et même des populations. Il leur revient de faire la preuve que le discours politique gagne en densité, en maturité et en pertinence.

La stratégie des uns et des autres sera mise au révélateur.
Comment vont-ils défendre leur cause et vendre leurs projets et leurs ambitions ? Grande question dont la réponse à la pratique peut soulever les enthousiasmes ou refroidir les espoirs. Aux gros partis de faire en sorte que la multitude n’impose pas la seconde hypothèse.

Souleymane KONE

L’Hebdo

PARTAGER :                              
 LeFaso TV