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Carnages répétitifs aux USA : L’Amérique a aussi ses "terroristes"

Publié le jeudi 19 avril 2007 à 07h26min

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Virginia Tech-massacreLe jeune tueur de Virginia Tech, aux Etats-Unis, savait-il seulement que son acte désespéré poserait plus de questions qu’il n’en résoudrait ? Comme c’est le cas chaque fois qu’un tel drame survient, on assiste à une vague d’émotion, de choc et d’indignation générale. On compatit à la douleur des familles, puis après, plus rien, jusqu’au prochain carnage.

L’Amérique, au fil des années et des actes de folies meurtriers, n’a donc pas su trouver une parade à ce phénomène sécrété par sa propre société.

Mais a-t-elle vraiment courageusement fait le diagnostic des causes et facteurs favorisants des carnages ? On peut en douter. S’il est convenu qu’il est difficile de lire dans la pensée d’un détraqué et d’anticiper sur ses agissements, il est tout de même possible de limiter la portée des actes qu’il viendrait à poser. C’est là qu’intervient le rôle du politique.

Aux Etats-Unis, la Loi fondamentale elle-même, à travers le 2e Amendement, est une porte ouverte à tous les excès. Adopté en 1791, à une époque où l’Amérique était en proie à des milices armées, cet Amendement apparaît comme un anachronisme de nos jours. L’Amérique, devenue première puissance militaire du monde, a des moyens bien plus efficaces pour assurer sa sécurité que les armes à feu rangées dans les caves des particuliers.

Seulement, les lobbys industriels et les hommes politiques ont eu le temps d’ancrer profondément le port d’armes dans la culture des Américains. En voulant exercer leur droit à l’auto-défense, les Américains ont suscité une prolifération des armes avec tous les risques encourus.

Le président américain, George W. Bush, qui vient de verser des larmes de compassion, à l’université de Virginia City, est un fervent adepte de la libre circulation des armes. Dès sa prise de pouvoir, il a remis en cause les mesures prises par son prédécesseur durcissant les conditions de port d’armes.

Il n’avait d’autre choix que de retourner cet ascenseur aux fabricants et vendeurs d’armes qui ont contribué à son élection. Dès lors, quelle solution Bush peut-il proposer pour arrêter ou limiter les carnages alors qu’il soutient le lobby des armes ? L’Administration actuelle ne semble pas avoir d’issue en la matière, elle qui a fait du tout militaire son mode de gouvernement. Rarement l’Amérique a été aussi guerrière que sous Bush.

Et ce bellicisme se manifeste à travers le monde, de l’Irak à la Somalie, dans des guerres dites contre le terrorisme et pour la démocratie, mais dont l’une des conséquences est qu’elles gonflent le chiffre d’affaires des marchands d’armes américains. Bush a instauré une économie de la guerre et n’entend pour rien au monde changer de politique. Les appels incessants à un retrait d’Irak sont restés jusqu’à présent lettre morte, parce que Bush a créé une situation où il ne serait rien sans une guerre.

Les tristes événements de Virginia City sont toutefois révélateurs des limites de cette stratégie de la guerre contre le terrorisme dans le monde. En faisant une fixation sur les autres, notamment le monde islamique, Bush oublie qu’il a ses propres "terroristes". Dans le panier à crabes que constitue la mécanique terroriste, le fait de tuer aveuglément d’innocentes personnes sans raison valable peut tout aussi être assimilé à du terrorisme.

Même si les motivations qui fondent les assassinats sont différentes, leurs résultats sont les mêmes, avec des dizaines de morts. Quelle différence entre un kamikaze qui s’explose dans un attentat-suicide et l’acte commis par le jeune Sud-coréen à Virginia City ? D’ailleurs, il n’est pas certain que la piste terroriste n’aurait pas été privilégiée, si l’auteur du carnage avait été originaire d’un des pays de l’Axe du mal.

En se comportant en cow-boy avide de vengeance depuis les événements du 11 septembre 2001, Bush a sans doute participé à inculquer dans l’esprit de certains jeunes Américains le recours à la violence comme voie de règlement des conflits ou mode d’expression d’un certain mal-vivre. Quand le président lui-même a la gâchette aussi facile, quels conseils de modération peut-il donner à une jeunesse parfois sans autre repère ?

La société évolue aussi au rythme de ses dirigeants dont elle se sert comme modèle. Depuis son arrivée au pouvoir, il est aisé de voir quel modèle l’Administration Bush a donné aux Américains et au monde. C’est pourquoi les larmes que certaines autorités américaines ont versées à Virginia City ruissellent d’hypocrisie. Parce qu’elles ne font rien contre leurs propres "terroristes", elles contribuent d’une façon ou d’une autre à perpétuer la série des carnages à répétition.

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 19 avril 2007 à 08:39 En réponse à : > Carnages répétitifs aux USA : L’Amérique a aussi ses "terroristes"

    "Les appels incessants à un retrait d’Irak sont restés jusqu’à présent lettre morte, parce que Bush a créé une situation où il ne serait rien sans une guerre" :
    La guerre d’Irak était illégal et a certainment constitué la plus grande bêtise de Bush. Mais, il serait encore plus irreflechie que les Americains quittent aujourd’hui l’Irak car dès le lendemain d’un tel dpart, la somalie aura un frère jumeau. En d’autres termes, l’Irak deviendra le terreau des seigneurs de guerre sans aucun pouvoir central. Les americains qu’ils le veuillent ou non, sont obligés de rester en Irak s’ils ne veulent pas tomber de charybde en scylla. Un irak instable et sans pouvoir central (que ce pouvoir soit modéré,islamiste ou dictatorial), c’est aussi un moyen-orient instable et terreau fertile pour les terroriste. Ls americains doivent à prsent boire le vin jusqu’à la lie, le plus malheureux dans tout ça étant le peuple irakien pris au piège de la lutte sans merçi entre Al quaida et les USA. Sanwé

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