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Législatives 2007 : Le ballet de la classe politique

Publié le jeudi 12 avril 2007 à 08h34min

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Dans quelques jours, le Burkina rentre en campagne électorale officielle pour les élections législatives du 6 mai 2006. Mais depuis, le microcosme politique est en ébullition. Alliances, démissions, adhésions, les aspirants au pouvoir d’Etat nous en font voir de toutes les couleurs.

Qu’on se le dise, en politique la fin justifie les moyens. Il n’y a qu’à analyser les rapprochements qui se sont opérés pour les élections à venir pour s’en convaincre. L’ADF/RDA de Gilbert OUEDRAOGO n’a pas hésité à mettre un radical de gauche, Thibaut NANA, sur ses listes dans l’espoir d’avoir un élu même si sa tête doit donner le tournis dans la famille.

Thibault NANA est celui qui « a mangé » le plus dans l’image de Thomas SANKARA. Après la disparition du chef de la Révolution, le 15 octobre 1987, la vente de ses photos était sa seule source de revenu. Sa position vis-à-vis du pouvoir est changeante au gré de ses intérêts. Il est vrai qu’en matière de prise de position, le pachyderme ne fait pas mieux, mais une telle union est pour le moins incongrue.

D’ailleurs l’éléphant d’Afrique semble aller à ces élections avec un pied cassé. Les militants de l’ADF/RDA n’ont pas encore aussi démissionné que ces derniers mois si bien que le parti semble avoir perdu beaucoup de forces dans certaines régions comme les Hauts-Bassins où le parachutage de Célestin KOUSSOUBE, l’ex-maire de Bobo-Dioulasso, ne fait pas que des heureux.

Son placement en tête de liste pour les législatives après son échec aux municipales serait la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. A en croire certains analystes, Gilbert OUEDRAOGO et les siens pourraient sortir les mains vides s’ils ne réussissent pas à redresser la barre avant l’échéance des urnes dans la zone.

Le Yatenga qui est apparu pendant longtemps comme le fief électoral de l’ADF/RDA n’est même plus cette chasse gardée. Le président d’honneur à vie, Gérard Kongo OUEDRAOGO, s’est vu même obligé de figurer sur la liste comme suppléant de la province pour attirer les électeurs. Ces difficultés de l’ADF/RDA sont l’aboutissement de certaines volte-face et prises de positions souvent incompréhensibles.

La mort programmée du PAI

Le Parti africain de l’Indépendance semble avoir perdu ses dernières illusions avec les démissions de Toundoum SESSOUMA et Alphonse BONOU.Ces deux piliers du parti aux côtés de Soumane TOURE, le président, n’ont pas mâché leurs mots dans leur missive de départ. Selon eux, l’ex-syndicaliste serait népotiste avec la présence de son fils et de son cousin en bonne place sur les listes des législatives, et incompétent avec l’invalidation des listes par la commission électorale de par sa faute...Ces maux étaient pourtant les chevaux de bataille de Soumane quand la contestation était sa tasse de thé. Le PAI va donc aux élections presque en lambeaux, ce qui n’augure rien de bon dans la perspective d’une représentation dans l’hémicycle les cinq années à venir.

Tout comme l’ADF/RDA, ce qui arrive au PAI n’a rien d’une surprise. Soumane TOURE après s’être mis sous l’ombre du CDP et avoir accédé à l’Assemblée et au gouvernement s’est senti pousser des ailes. Ses interventions arrogantes au cours des sessions, son discours va-t-en guerre pendant les présidentielles agaçaient ses camarades de lutte. En pensant que les postes au sommet de l’Etat qu’il a exercés étaient le fruit de son poids politique, Soumane TOURE est retombé sur les fesses et le PAI avec lorsque se sont retirés les « supports ».

Les élections de mai 2006 apparaissent comme la dernière étape avant la potence. Un PAI absent de l’Assemblée serait presque mort. Il est vrai que la vie parlementaire n’est pas la seule expression de vie d’un parti, mais à l’analyse, l’existence des formations extra parlementaires n’inspire pas à l’optimisme. Sans oublier que les revenus de député qui permettent de changer de rythme de vie et « mouiller » du même coup la chaîne des militants lorsqu’ils feront défaut n’arrangeront pas les choses.

Le CDP semble plus serein

Le Congrès pour la Démocratie et le Progrès (CDP) semble connaître moins de problèmes que prévus après l’établissement des listes électorales. La mise à l’écart des poids lourds dans certaines régions a provoqué des grincements de dents, mais les déclarations ou les prises de positions fracassantes semblent contenues. On peut le comprendre : sortir des dents de lait contre des crocs est la meilleure façon de signer sa mort politique. Beaucoup l’ont compris et l’absence de la tendance ex-CNPP que certains voulaient présenter comme une éruption volcanique n’est même pas un bon coup de tourbillon. D’ailleurs, Marc Obkiri YAO et les autres ont décidé de travailler pour les hommes choisis par le parti. Simple bon sens ?

Le football comme adjuvant

La classe politique dans sa stratégie de conquérir l’électorat développe toutes les initiatives. A côté de la panoplie des tendances idéologiques, le sport notamment le football est désormais intégré dans la lutte politique. Les « pieds agiles » des campagnes sont sollicitées pour taper dans le ballon et amener les populations à porter leur attention sur leur leader. Dans ce sens, les militants du parti majoritaire sont les meilleurs.

Les finales des coupes se succèdent à un rythme régulier. Léo, Poa, Boulsa, Yako, Bassiko ont abrité des dénouements de tournoi de football avec des parrains de premier ordre. On ne peut en vouloir à personne surtout pas à un homme public de « chercher son gombo » en utilisant la magie du foot. En cette période de saison sèche, les jeunes n’ont souvent rien à faire et se dégourdir les pieds autour d’un ballon ne leur fait aucun mal.

En plus des équipements distribués il y a les espèces sonnantes et trébuchantes qui les accompagnent.
Si ces compétitions pouvaient abandonner leur caractère ponctuel et devenir des évènements permanents, le pays gagnerait parce que les talents cachés seraient révélés.

Il n’y a pas que dans les grands centres qu’on peut trouver de bons joueurs. Dans les provinces des talents se meurent faute de moyens d’expression. Mais la majorité de ces compétitions ne sont pas pérennes. Toute chose qui ne permet pas un suivi des talents par l’instance dirigeant le football par exemple. Mais le rôle d’animation qu’elles jouent sont néanmoins d’un intérêt certain. Peut-être qu’un rapprochement entre ces initiateurs et la FBF peut favoriser une certaine mue.

A la veille de la bataille des législatives, les politiques mettent les petits plats dans les grands pour tirer le meilleur profit. Les regroupements dont nous avons déjà fait cas vont certainement vivre le temps du verdict des urnes si les espoirs sont déçus. Des dinosaures vont disparaître en cas de désillusion et des jeunes pousses vont grandir. Ainsi va la politique, régulant la vie de la cité. Pourvu que cela profite aux populations qui ne demandent que l’amélioration de leur niveau de vie.

Par Ahmed NAZE

L’Opinion

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