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FILEP 2007 : Traque des prédateurs de la liberté de presse

Publié le jeudi 12 avril 2007 à 07h43min

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Depuis hier, 11 avril 2007, Ouagadougou vit au rythme de la 2e édition du Festival international de la liberté d’expression et de presse (FILEP). De nombreux confrères et consoeurs sont venus de nombreuses contrées africaines et d’Europe pour échanger autour du thème "Sauver la liberté d’expression et de la presse pour renforcer la démocratie". Cette 2e édition a pour parrain le président de l’Assemblée nationale, Roch Marc Christian Kaboré.

Les organisateurs du FILEP 2007 ont une question sur le bout des lèvres : "Que serait le monde sans les journalistes ?" A cette question, le vice-président de l’Union internationale de la presse francophone, Alphred Dan Moussa, répond par la boutade suivante : "Une épidémie peut décimer des pays sans que personne le sache ; des élections peuvent être truquées sans qu’il y ait contestation ; Dieu/Allah peut descendre dans un pays sans que personne le sache ..."

Autant d’exemples pour montrer toute l’importance de la presse dans un monde où "la plume dérange, où le micro ouvert embarrasse et où la caméra indiscrète énerve", selon Chérif Sy, président du Comité d’organisation du FILEP 2007.

Initié pour rendre hommage à tous les journalistes assassinés dans le monde, le FILEP (qui accueille 27 pays africains) a ce souci de rassembler les journalistes pour "rendre service à leurs pays respectifs, à l’Afrique". Le but ultime, dira Chérif Sy, est de renforcer la liberté d’expression et de presse en vue d’ancrer et d’approfondir la démocratie en Afrique".

ça et là, des libertés sont bafouées, la violence s’installe. Et le FILEP de condamner : "La presse baillonnée conduit à l’inertie et à l’asphyxie du peuple." Face à cela, le président du groupe des éditeurs de la presse ivoirienne, Denis Kanzion, se fait une opinion : "Un journaliste d’investigation est considéré comme un opposant", alors que, rétorque le vice-président de l’UPF, "cette liberté n’est dirigée contre personne", car ajoute-t-il, "cette liberté est au service de la bonne gouvernance, au respect du droit à la différence".

... Comme un soldat en état d’ébriété

Si, pour le représentant du président du Forum des éditeurs de l’Afrique de l’Ouest, Pedro Amoussou, le FILEP vise à célébrer le "libre-dire et le libre-faire en toute responsabilité", Chérif Sy appelle à travailler à plus de professionnalisme dans les rédactions pour que les journalistes, comme l’a dit le président de l’Assemblée nationale, "ne soient pas eux-mêmes les fossoyeurs de cette liberté".

C’est en cela que les propos de Ibrahim Famakan, président de l’Union des journalistes de l’Afrique de l’Ouest, trouvent leur sens : "Cette liberté engendre des droits et des devoirs chez les journalistes." C’est pourquoi, dira-t-il, "les journalistes qui se livrent à la diffamation devront répondre de leurs actes".

Pour Ibrahim Famakan, le journaliste qui ne respecte pas l’éhtique et la déontologie du métier est comparable à "un soldat en état d’ébriété avancé qui tire sur tout ce qui bouge". Denis Kanzion l’a dit du haut de sa tribune : "La presse est devenue aussi vitale que le pain." Elle doit donc s’unir pour traquer tous ceux qui "filent, embastillent, molestent, intimident et assassinent les journalistes."

Le parrain du FILEP 2007, Roch Marc Christian Kaboré, a loué l’initiative avant d’appeler les journalistes à "éviter de céder à la dérive, en se démarquant de la manipulation". Il a assuré ses filleuls que l’Assemblée nationale attachait du prix à l’épanouissement individuel et collectif.

Tout au long de ce FILEP 2007, qui prend fin le 14 avril prochain, il y aura un colloque (sous forme de panels), la remise de prix d’excellence de journalisme, un concert et une procession que Denis Kanzion a qualifiée de "procession de piété" sur la tombe de Norbert Zongo.

L’ombre de ce journaliste burkinabè assassiné le 13 décembre 1998 a plané sur l’ouverture de ce FILEP. Un poème, dans ce sens, a d’ailleurs été déclamé par le comédien Alain Héma. C’est en choeur que les participants au FILEP 2007 ont scandé : "De la santé de la presse, dépend celle de la démocratie tout entière."

Alexandre Le Grand ROUAMBA

Le Pays

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