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Décryptage : Je tremble, j’applaudis et j’encourage...

Publié le lundi 9 avril 2007 à 09h08min

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Je tremble pour le Bénin.

La nouvelle a de quoi me révolter. Le cortège présidentiel fusillé, le président de la République échappant à un « attentat »... il y a si longtemps qu’on avait plus entendu parler de telles horreurs.

Déjà, depuis l’indépendance du Dahomey, aujourd’hui Bénin, le 1er août 1960, je n’ai pas souvenance qu’on ait délibérément choisi d’assassiner le chef de l’Etat pour régler quelque problème politique. Certes, il y a eu des coups d’Etat à n’en pas finir dans ce pays, hier encore « enfant malade de l’Afrique ». Mais, jamais, aucun président n’a été passé par les armes dans ces putschs et tous ceux d’entre eux qui ne sont plus, sont morts de leur belle mort !

Alors, je tremble pour le Bénin. Je tremble qu’on ait voulu attenter à la vie d’un chef d’Etat, démocratiquement et massivement élu par un peuple avide de changement, il y a un an à peine. Je tremble pour la vitrine que constitue ce pays depuis le début des années 90, notamment sur le plan de l’expression plurielle des idées et de la gestion pacifique de l’alternance politique au pouvoir. Depuis la conférence nationale de février 1990, en effet, le Bénin a déjà connu trois présidents, qui se sont succédé à la tête du pays par la seule volonté des urnes. Peu de pays de la sous région, voire du continent, peuvent revendiquer un tel acquis. Et c’est pourquoi, je n’arrête pas de trembler...

J’applaudis la Mauritanie.

Les consultations électorales de ces dernières semaines en Mauritanie, et notamment l’élection présidentielle des 11 et 25 mars, montre bien qu’en Afrique, on est capable du meilleur. En respectant la parole donnée et en inscrivant enfin le pays dans le concert des nations où les urnes ont un sens, la junte au pouvoir depuis novembre 2006, sous la conduite de Ely Ould Mohamed Vall, a sublimé le présent. Par-delà le satisfecit quasi-général, cette nouvelle page qui s’écrit en Mauritanie prouve qu’il n’y a pas d’homme providentiel pour mener, à lui seul et toujours, la barque du bonheur de son peuple.

J’applaudis les acteurs de la transition mauritanienne ; j’applaudis ce peuple formidable et ces électeurs libérés, sortis massivement pour exprimer leur choix, le choix de leur destin politique. Les uns comme les autres ont donné là, une belle leçon d’humilité et de maturité à l’Afrique. Et j’espère qu’ils me donneront les arguments pour toujours applaudir...

J’encourage les femmes.

Les paris sont ouverts et je me demande bien qui décrochera finalement le titre de deuxième femme chef d’Etat en Afrique, après Ellen Johnson Sirleaf, qui préside aux destinées du Libéria depuis un peu plus d’un an maintenant. J’y ai repensé, suite à la candidature de Sidibé Aminata Diallo, universitaire et présidente du Rassemblement pour l’éducation à l’environnement et au développement durable (REDD), à l’élection présidentielle du Mali, dont le premier tour est prévu pour le 29 avril prochain.

Après Me Marie-Elise Gbèdo, qui a déjà fait des émules au Bénin, et même si d’aucuns continuent de voir ces candidatures féminines comme une simple attraction, comment ne pas relever que de plus en plus de femmes osent maintenant y aller ? Et comment ne pas constater que Mme Sidibé prend date au Mali, au moment même où, en France, Ségolène Royal joue presque à égalité avec Nicolas Sarkozy dans les sondages ?
Allez, les femmes, même si c’est dur, même si c’est long, battez-vous !

Serge Mathias Tomondji

Fasozine

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Vos commentaires

  • Le 9 avril 2007 à 10:22 En réponse à : > Décryptage : Je tremble, j’applaudis et j’encourage...

    Bonjour,

    Il n’y a vraiment pas de quoi fouetter un chat... Qu’un président soit la victime (une des victimes) des coupeurs de routes ne signifie pas que l’on ait voulu attenter à la vie du président mais bien que le pays n’est pas sûr.
    Des coupeurs de routes sévissent dans le pays depuis longtemps et personne au sommet de l’état ne semble s’en soucier. Morale de cette histoire, les citoyens n’osent plus s’aventurer sur les routes le soir.
    Plutôt que de s’occuper du problème, on perfère parler d’attentat, pour des raisons purement électoralistes, plutôt que d’attaquer le mal à sa racine.
    Il est clair que la vitrine du Bénin ne reste encore qu’une vitrine. Mais le magasin qui se trouve derrière est encore à mettre en ordre pour faire du Bénin un véritable état de droit et une démocratie digne de ce nom.
    Lutter contre la corruption et le banditisme est le véritable enjeux pour les années à venir. Mais je ne vois pas comment changer la mentalité de tout un peuple qui depuis la fin du marxisme à pris de bien vilaines habitudes.

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