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Jours fériés en Afrique : Chômez et vous serez payés !

Publié le vendredi 6 avril 2007 à 07h48min

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Il est une constatation qui ne souffre pas de polémique en Afrique : les gens ne travaillent pas. Ils ne travaillent pas assez. Tout est prétexte pour chômer. Les nombreuses commémorations, les anniversaires sont autant d’occasions pour les administrations de décréter des journées chômées et payées. Et ce n’est pas sans dommages pour le secteur privé.

L’exemple récent du Sénégal, où le président Abdoulaye Wade qui a été réélu le 25 mars dernier inaugure son mandat par le chômage en décrétant une semaine chômée et payée sur toute l’étendue du territoire sénégalais. La proximité de la fête de l’indépendance qui est célébrée le 4 avril ne résiste pas à une analyse sérieuse. Cette décision de Me Wade ressemble plus à la démagogie.

Ce cas est loin d’être isolé. Des décrets ministériels ou présidentiels accordant des journées payées chômées aux travailleurs sont pris tous les jours dans divers pays, à propos de tout et à propos de rien. C’est le cas de pays où la date de retour d’une équipe qui a remporté un trophée continental est décrétée chômée et payée. Des festivités grandioses sont organisées à l’occasion. Les raisons les plus farfelues sont avancées pour justifier les jours fériés.

Qui ne se souvient pas, du temps où il était écolier, des intempestives journées chômées et payées décrétées par le gouvernement pour permettre aux populations de réserver un accueil digne au président d’un pays étranger ? Des petits drapeaux en mains, les élèves étaient alignés des heures durant pour saluer l’illustre hôte à son arrivée. Heureusement, cette coutume est aujourd’hui en voie d’extinction.

Au Burkina Faso, le Parlement a eu à se pencher sur la question des journées fériées et des dates à commémorer. Malgré cette toilette qui a consisté à supprimer des dates qui étaient naguère des jours chômés, force est de constater qu’il y a encore beaucoup de jours fériés. On est enclin à accuser l’héritage colonial français qui nous a légué certaines dates qui n’ont pas de lien avec notre histoire nationale. C’était le cas de la date du 14 juillet et du 11 novembre qui ne sont plus commémorés depuis les indépendances en 1960 de la plupart des pays africains.

Il y a lieu, il est plus que temps, de mettre de l’ordre dans les jours fériés au Burkina particulièrement, et en Afrique de façon générale. La question essentielle qui vient à l’esprit est celle de savoir si toutes les commémorations doivent donner lieu à des journées chômées et à des réjouissances comme c’est le cas de nos jours. Pour répondre à cette question, il importe auparavant de connaître la pertinence des dates à commémorer. Certes, les dates sont chargées d’histoires, elles traduisent des acquis importants. Ne peut-on pas les commémorer sans les déclarer chômées et payées ?

La profusion des journées chômées et payées nous donnent parfois en spectacle aux yeux des bailleurs de fonds pour lesquels nous apparaissons comme des fainéants et des fêtards insouciants. Les clichés racistes résurgissent : "Les Africains aiment faire la bamboula". "Ils aiment danser" "Ils sont toujours gais". "Les Africains sont de grands enfants qui aiment rire". Etc.

Pour donner plus d’importance à nos mille et une commémorations généralement accompagnées de ripailles, ce qui n’est pas sans conséquences pour nos budgets squelettiques, il faut en premier lieu leur donner un contenu culturel. Au lieu d’être perçues comme des journées de "farniente" où ce qui est primordial pour le travailleur, c’est le fait qu’il ne va pas au bureau et à l’atelier, il faut qu’elle soit une journée d’introspection, un moment de profonde réflexion.

En groupe ou en solitaire. Nous devons prendre l’exemple des journées internationales qui sont quasi-quotidiennes. Toutefois, les services fonctionnent à plein temps. C’est ainsi que lors de la commémoration de la Journée de l’enfance, ce sont les fonctionnaires de l’UNICEF qui sont au devant de l’actualité.

La multiplicité des jours fériés est préjudiciable au développement. Après un voyage à l’étranger, en Asie ou en Allemagne par exemple, on entend souvent des personnes dire : "Ici au Burkina, les gens ne travaillent pas. Nous ne travaillons pas assez, c’est la raison principale de notre sous-développement". Les journées continues décrétées par le minière de la Fonction publique et du Travail à l’occasion du Salon international de l’Artisanat de Ouagadougou, de même que tout au long du déroulement du FESPACO ne sont d’aucune utilité dans la mesure où le temps est consacré à faire autre chose que d’aller soutenir l’activité cinématographique ou artistique.

Dans ce pays où on ne connaît pas le taux de chômage parce qu’il est endémique, la prédilection des travailleurs pour les journées chômées et payées devrait faire réfléchir les organisations syndicales si l’on admet que pour avoir plus, il faut travailler davantage. Cela n’est véritablement pas vrai pour les personnes qui travaillent à la Fonction publique. Et c’est dommage, dans le mesure où la Réforme générale de la Fonction publique n’a pas pu trouver une solution à l’absentéisme des fonctionnaires et leur présence oisive dans les bureaux. Les séminaires sont des occasions déguisées de chômage tout en prenant le soin de n’être présent que pour signer la feuille de présence en vue des perdiems.

La multiplicité des jours fériés arrange-t-elle les travailleurs ? Dans la mesure où ce ne serait pas le cas, il est du devoir des organisations syndicales de négocier avec le pouvoir en vue de la diminution du nombre des jours fériés.

Au Burkina, il y a beaucoup de jours fériés, toute chose aux antipodes d’une administration de développement. Il faut y mettre de l’ordre.

Le Fou

Le Pays

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Vos commentaires

  • Le 6 avril 2007 à 09:46, par Burkimbila En réponse à : > Jours fériés en Afrique : Chômez et vous serez payés !

    Désolé Le Fou, mais je pense que tu exagéres. Il n’y a pas trop de jours fériés au BF. Ce n’est pas parce que des asiatiques t’ont dit qu’on ne travaille pas au BF que c’est vrai. Tu pouvais tout simplement leur dire que c’est faux. Combien d’asiatiques connaissent le BF ? Combien sont ceux qui confondent tous les pays africains et qui ne se sont jamais donnés la moindre peine de les différencier ? Ils sont libres de s’exprimer, mais tout ce qui se dit n’est pas vrai. Apprend à te défendre ! Surtout que tu voyages hors du BF. Il y a de petits propos sans fondemment qui amènent nos compatriotes à se multiplier par zéro chaque fois à l’extérieur et de rester en observateur ... C’est comme ça que les joueurs se comportent chaque fois qu’ils sortent. Pour un rien, on prend l’autre pour un dieu, avalant toute sa culture, ses connaissances, ses talents, ... APPRENEZ A VOUS DEFENDRE ET A DEFENDRE VOTRE PAYS HORS DE SES LIMITES !

    • Le 9 avril 2007 à 10:07, par un burkinabe de Bonn(Allemagne) En réponse à : > Jours fériés en Afrique : Chômez et vous serez payés !

      Burkinabe de BONN (Allemagne).Merci le Fou ,car il faut etre fou pour aborder ce sujet dans les pays africains ou le jour ferie devient un acqui qui ne se negoci en aucun cas.Le dernier intervenant parle de nous defendre en demantant des verites cruciales qui laissent a sous entendre que les africains travaillent peu dans leurs pays d’origines ?faitent s.v.p un sondage pour savoir combien d’ex-fonctionaires ou intellectuelles (burkinabe)ou africains :travaillent dans leur domaine quand ils sont a l’etranger ?pourquoi ne pas avoir ce meme comportement dans nos pays d’origines ?accepter tout ce qui paye !ce grand pays qui est l’allemagne n’a a ma connaissance que 3 jours chomes et payes pour tous les landers plus les grandes fetes chretiennes a comparer au burkina faso !!!!et ca il y a des voix des industrielles et economistes de renommes internationale qui s’elevent pour faire reduire les jours feries en allemagne au nom de la croissance.Et au burkina ? mon frere qui veux qu’on se defende !avec quelles argumatations ?que nous ne sommes pas pareuseux ?quand on travail moins 5h00 en moyenne par jour ?quand plus de la majorites des fonctionnaires font le casse-croute a 10heure hors de leurs bureaux ou lieux de travail ? Le faso pourra attirer plus d’investisseures etrangers en quette des pays qui produisent plus et qui chomme moins ,alors nous pourrions commencer a combattre le chommage andemique.Reveillons nous car la mondialisation nous donne aussi des chances:les hollandais et Allemands produisent des roses en afrique de l’est (Kenia, Tanzanie,Ethiopie)pourquoi pas au faso ?ils sont pas plus travailleurs que nous mais displines oui.Du courage le fou .

  • Le 6 avril 2007 à 13:31 En réponse à : > Jours fériés en Afrique : Chômez et vous serez payés !

    Oui je suis tout à fait d’accord avec toi le fou. En afrique il y a trop de jours fériés. Je ne suis pas d’avis avec la réaction précédente car trop de jours fériés nuit au secteur privé. Il faut être entrepreneur pour le comprendre.

  • Le 7 avril 2007 à 13:03, par Peace and Love En réponse à : > Jours fériés en Afrique : Chômez et vous serez payés !

    Je ne pourrai pas confirmer de tels propos venant des asiatiques a l’egard des burkinabes et des africains en general ;mais une chose est sure "Les africains ne travaillent pas suffisament chez eux en Afrique".Faisons un petit constat dans les pays africains :dans la fonction publique les agents debutent le travail a 7h30 ou 8h et finissent a 12h ou 12h30 en ce qui concerne la journee .Cette pause soit disant qu’il faut se reposer et revenir plus frais pour accomplir son devoir ;en somme cet repos correspond a la sieste .Il faudrait noter egalement que la ponctualite n’est point dactualite dans la fontion publique et est aussi accrue par l’absenteisme des agents qui se permettent tres souvent de s’accorder des legeretes aux environs de 10h matin generalement pour siroter la biere accompagnee de brochette par ci ou regler leur propre business par la.De retour de la sieste ils s’accordent 2 heures maximum de travail tel qu’indique la loi de la fontion publique.Et cette pontualite ne s’y trouve toujours pas .Helas comment pouvons nous ainsi assurer le developpement de l’afrique dans une telle anarchie ?Une anarchie accrue par le nombre illimite de date ferie et payee decretee selon l’humeur de nos gouvernants ;par fini ou allons nous ?Soyons objectifs et cessont de photocopier aveuglement sans meme chercher a comprendre auparavant.Feter est certe agreable mais on peut pas passer tout le temps a feter.Sommettez ce probleme a nos assemblees nationales(esperant qu’elles seront clairvoyantes et pontuelles egalement)assidue de le resoudre .Cependant quand ces filles et hommes se retrouvent en europe ou en occident en general ils sont prets a tout faire sans exception contrairement en Afrique ou ils rongeaient les doigts les bras croises esperant k cela tombe du ciel ce qui ne peut etre le cas en aucun moment .Bref esperons que dans un futur proche nous pourrons voir l’Afrique emerge et pour cela il redoubler d’adeur dans le travail organise.Que Dieu benisse l’Afrique et le reste du monde.
    Peace And Love

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