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Ambassade des USA au Burkina Faso : Une représentation tenue par les femmes

Publié le vendredi 6 avril 2007 à 08h13min

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Une ambassade tenue par des femmes, ainsi pourrait-on qualifier l’ambassade des Etats-Unis au Burkina Faso. Aux côtés de Mme Jeanine Jackson, ambassadeur, évoluent dans l’ombre, plusieurs autres femmes chargées de défendre les intérêts des USA au Burkina Faso et pourquoi pas, plaider la cause du Burkina à Washington.

L’ambassade des Etats-Unis d’Amérique au Burkina Faso est gérée essentiellement par des femmes. L’ambassadeur Mme Jeanine Jackson est entourée de plusieurs consœurs ; le premier conseiller Cynthia Akuetteh, le conseiller aux affaires politiques Breanna Green, le conseiller aux affaires économiques Sadie Okoko.

Ensemble, elles s’attellent au quotidien à faire exécuter la mission à elles confiées. Pour elle, la démocratie et la bonne gouvernance, le développement économique, la lutte contre la pauvreté et la stabilité régionale figurant au premier plan.

Est-ce un choix délibéré du gouvernement Bush de confier les postes clés de l’ambassade aux femmes ?

Elles répondent toutes par la négative. "C’est une coïncidence heureuse" , a déclaré Mme Jeanine Jackson. Qu’à cela ne tienne ; mais la situation suscite quand même la curiosité ; car la liste ne s’arrête pas là : les directrices, respectivement du corps de la paix, du centre culturel américain, de l’administration financière, du centre américain des langues sont aussi des femmes.
La diplomatie serait-elle une affaire de femme aux pays de l’oncle Sam ?

Pour Mme l’ambassadeur, "près de 50% des diplomates américains sont des femmes". La responsable de notre région est une femme ; la chargée des questions africaines également.

Elle-même répond de la secrétaire d’Etat américaine aux Affaires étrangères, Mme Condoleezza Rice.
Etre au Burkina Faso est un choix que chacune a opéré. Pour la première conseillère Mme Cynthia Akuetteh, la question du genre ne se pose pas aux USA. Chacun est recruté sur la base du mérite, mais elle reconnaît que c’est une façon d’encourager les femmes. "Les femmes sont aussi de bonnes négociatrices".

La plupart de ces dames ont fait leur preuve ailleurs et voient leur situation de femme comme un atout et non un inconvénient. "L’orsqu’on connaît son travail et qu’on sait respecter les autres, on peut s’en sortir", ajoute Mme Jackson.

Créer une vie de famille, pour un succès collectif

Le milieu féminin est connu pour ses mesquineries et la promiscuité crée parfois des tensions.
"Les femmes sont très critiques à l’égard des autres femmes ; mais ici, pour le moment, tout se passe bien", rassure Mme Jackson.

Son assistante, Anita Beamon-Freeman, chargée de la coordination des femmes rassure : "Il n’y a même pas de terrain pour cela, chacune fait violence sur elle-même pour faire marcher la maison".

Pour Mme Beamon-Freeman, elles constituent une "communauté de femmes bénies". Elles préfèrent s’organiser autour du travail qui d’ailleurs, est débordant. Elles travaillent de 7h 30mn à 17h 30mn et ont opté pour la solidarité : s’encadrer pour que chacune s’en sorte et que personne ne se sente seule.
"Les relations avec les collègues hommes sont au beau fixe. De plus en plus, les Américains ne distinguent pas les hommes des femmes", affirme Mme l’ambassadeur. L’ambassade emploie également du personnel local.

Les divergences culturelles et les différences linguistiques n’influent pas sur le travail. Les femmes de l’ambassade les trouvent très respectueux, et chacun parle plus ou moins bien la langue de l’autre et on se corrige sans complexe. L’essentiel est de se comprendre. Quant aux relations extraprofessionnelles, les femmes estiment passer suffisamment de temps ensemble. Les week-ends sont consacrés à la famille.

Toutefois, les relations se créent au gré des affinités et certaines organisent des sorties ensemble : concert, cinéma... Pour les distractions, l’ambassade dispose d’un club qui accueille toutes les communautés. Des femmes se sont fait des amis, à l’église et dans les écoles avec les parents d’élèves.

Une marque de confiance

Confier le service diplomatique aux femmes relève du pur hasard, c’est une marque de confiance placée en elles. Cette confiance, les femmes la doivent au combat pour l’émancipation de la femme et surtout à l’éducation. "Il a fallu attendre 150 ans après la déclaration d’indépendance pour que les femmes aient le droit de voter", a déclaré Mme Jackson. Les acquis actuels sont les fruits de 150 à 200 ans de lutte.

Aujourd’hui, si l’on en croit à Mme Jackson, les femmes ont accès à des postes de responsabilité dans tous les domaines. L’Etat américain a mis l’accent sur l’éducation des filles et de nos jours, les femmes sont promptes à entreprendre des études de haut niveau . "Elles sont plus nombreuses que les hommes dans les universités" , a souligné le conseiller politique Breanna Green.

Celles qui sont au service diplomatique de Ouagadougou sont toutes diplômées d’université. L’ambassadeur elle-même en plus de sa formation académique est colonnel de l’armée. L’Ambassade a confié la gestion du personnel, la direction de la bibliothèque, du service de maintenance (électricité), du protocole à des femmes burkinabè. Ces femmes apprécient les marques de considération que leur témoignent les responsables de l’ambassade. Elles sont consultées et écoutées dans le cadre de l’élaboration de certains programmes.

C’est la preuve, selon la directrice du Centre culturel américain, que l’on peut faire confiance aux femmes, et qu’elles peuvent faire des merveilles quand elles sont soudées. En chœur, elles appellent les femmes surtout à s’instruire, car l’éducation est la voie sûre pour parvenir à la responsabilisation des femmes.

Assètou BADOH

Sidwaya

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